Chute de 30 % de la valeur de l'action - Microcell s'interroge sur son avenir
Une autre entreprise sortie du giron de Charles Sirois nage en eaux troubles. L'entreprise de téléphonie sans fil Microcell, mieux connue sous sa marque de commerce Fido, a lancé un avertissement dans lequel elle fait part de son incertitude quant à la continuité de son exploitation. Traînant une dette à long terme de 1,9 milliard, Microcell ne croit pas être en mesure d'atteindre les cibles fixées par ses créanciers garantis.
Déjà à une fraction du cours de 70 $ qui a représenté son sommet au début de 2000, l'action de Microcell abandonnait quelque 30 % hier. Elle s'échangeait autour de 10 ¢, en baisse de 4 ¢, après avoir oscillé dans un intervalle de 12,15 $, et de 7 ¢ durant les 52 dernières semaines. Les marchés ont réagi hier à l'avertissement du fournisseur de téléphonie sans fil voulant qu'il pourrait se retrouver en défaut face à ses engagements envers ses créanciers garantis de premier rang.Facilité de crédit
Coiffant un passif à court terme de 193 millions et une dette à long terme de 1,9 milliard au 30 juin dernier, l'exploitant de la marque Fido disposait de liquidités de 121,7 millions et s'appuyait sur une facilité de crédit renouvelable garanti de premier rang de 264 millions, dont la disponibilité est sujette à certaines conditions. Le tout reposant sur une valeur négative de 1,2 milliard assignée au capital-actions.
«Pour maintenir la disponibilité de sa facilité de crédit renouvelable garanti de premier rang et pour éviter tout manquement quant à ses ententes relatives à la dette à long terme, la société doit respecter certains engagements. Or, la société n'est pas certaine qu'elle pourra respecter ces engagements dans un avenir prévisible», a précisé Microcell, tout en insistant: «Dans l'éventualité où un ou plusieurs de ces engagements n'étaient pas respectés, la société pourrait manquer à ses obligations [...] auquel cas les créanciers garantis de premier rang pourraient décider de priver la Société de son accès aux fonds de la facilité de crédit; cela pourrait aussi produire une accélération des exigences de remboursement de la dette.»
Microcell a ajouté qu'elle faisait face à des besoins en capital en hausse afin de soutenir l'expansion de son réseau et de sa clientèle, alors qu'elle entrevoit dégager des pertes d'exploitation et des flux de trésorerie négatifs «pendant un certain temps» encore. Ainsi, devant l'incertitude, elle a décidé de recourir au service du conseiller financier Rothschild et de créer un comité spécial du conseil d'administration composé d'administrateurs indépendants. «Ce comité spécial a été mandaté pour revoir et évaluer les solutions de rechange dont dispose la société pour réduire ses coûts de financement et améliorer la situation de sa trésorerie. Il pourrait s'agir d'une restructuration de sa dette, d'une restructuration du capital, d'une injection ponctuelle de capitaux ou de tout autre type de transaction», a-t-elle résumé dans son communiqué.
Offensive de marketing
Dans la foulée, Microcell a lancé une offensive de marketing musclée hier afin de combler une partie de ses besoins en trésorerie. L'exploitant de Fido «mord dans les tarifs du service prépayé» en proposant un nouveau tarif de 15 ¢ la minute pour son service pré-payé. Cette nouvelle tarification «permet aux clients de réaliser des économies pouvant aller jusqu'à 60 % par rapport aux tarifs de temps d'antenne prépayé en tout temps offerts par les autres fournisseurs canadiens de services sans fil», a-t-elle soutenu dans un deuxième communiqué.
Résultats financiers
Cet avertissement a accompagné le dévoilement des résultats financiers. Au deuxième trimestre clos le 30 juin dernier, Microcell a inscrit une perte nette consolidée de 199,2 millions, ou de 83 ¢ par action, contre une perte de 75,2 millions, ou de 72 ¢ l'action, au trimestre correspondant de 2001. Le tout sur des revenus d'exploitation de 145,6 millions, comparativement à 133,6 millions. Le plus récent résultat renferme cependant une charge de 223,4 millions comptabilisée afin de constater une perte de valeur de ses licences STM, une valeur ramenée à zéro. Pour le premier semestre, la perte nette de Microcell atteint les 294,5 millions, ou 1,22 $ par action, sur des revenus d'exploitation de 285,8 millions. Au premier semestre de 2001, la perte avait été de 247,2 millions, ou de 2,38 $ l'action, sur des revenus de 253,4 millions.
Au cours du deuxième trimestre, Microcell a inscrit des ajouts bruts de 155 260 nouveaux clients, mais un ajout net de 42 978 clients, contre 63 297 au trimestre correspondant de 2001. Son taux de désabonnement a été de 3 % comparativement à 2,3 % un an plus tôt. Le produit mensuel moyen par abonné a été de 41,48 $, contre 42,15 $ au deuxième trimestre de 2001. Au 30 juin dernier, l'entreprise retenait près de 1,2 million d'abonnés à son service de communication personnelle de détail.
Déjà en juillet dernier, lorsque Microcell n'avait d'autre choix que d'accepter, sans broncher, le retrait de l'inscription de ses actions à la cote du Nasdaq, elle faisait état de difficultés associées aux tendances du marché, au taux de désabonnement et au revenu mensuel moyen par abonné.