Bombardier se dit en bonne posture malgré sa rupture avec la Russie

Le p.-d.g. de Bombardier, Éric Martel, au lancement du Challenger 3500, en septembre 2021 à Montréal
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne Le p.-d.g. de Bombardier, Éric Martel, au lancement du Challenger 3500, en septembre 2021 à Montréal

La rupture des liens avec la Russie ne posera pas « un risque économique » pour Bombardier, a assuré Éric Martel, p.-d.g. de l’entreprise, devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) mercredi. Celui qui est chargé de sortir l’entreprise de ses déboires financiers a fait l’éloge d’un fleuron désormais en bonne santé, tourné vers l’objectif de devenir un leader vert dans le secteur des avions d’affaires.

Début mars, Bombardier a décidé de suspendre toutes ses activités avec ses clients russes, y compris toutes formes d’assistance technique pour les avions déjà livrés. Une décision prise « sans hésitation », a rapidement tenu à souligner Éric Martel. Sur environ 5000 avions de Bombardier en circulation à travers le monde, environ 250 appartiennent à des clients russes, a-t-il évalué.

« On ne prévoit pas de conséquences sur nos activités à court terme », a affirmé le p.-d.g. de Bombardier. D’une part, parce que l’entreprise ne possède pas d’installations sur le sol russe. D’autre part, parce que la demande est « extrêmement forte partout sur la planète » pour les jets d’affaires. « Ça va faire en sorte que les annulations qu’on aura de nos clients ou d’entités russes vont pouvoir être facilement remplacées et compensées », a expliqué M. Martel devant un parterre de gens d’affaires.

Malgré les tensions géopolitiques actuelles, les vents restent favorables pour l’entreprise québécoise qui fête son 80e anniversaire et qui, après s’être départie de son segment commercial de la C-Series, racheté par Airbus, et de sa branche ferroviaire, vendue à Alstom, se concentre désormais uniquement sur les avions d’affaires. « Bombardier connaît présentement […] sa meilleure situation financière depuis probablement quelques décennies. On est vraiment dans une bonne position », a soutenu M. Martel.

La pandémie, qui a cloué à terre le secteur aéronautique commercial, a dans le même temps propulsé la demande pour les avions d’affaires. Le p.-d.g. de Bombardier estime que bon nombre des personnes qui ont goûté au confort des avions d’affaires durant les derniers mois continueront à voyager de cette façon. « La taille de notre carnet de commandes est impressionnante. Ça devient même un problème, parce qu’on n’a plus d’avions à vendre cette année, même l’an prochain pour plusieurs modèles », a-t-il illustré.

« L’année dernière, on a fait 6,1 milliards de dollars américains de revenus. On va augmenter ce chiffre à 7,5 milliards », a par ailleurs noté M. Martel, soulignant la profitabilité de l’entreprise. « Ce que je peux vous dire, c’est qu’on est en avance sur notre plan », a-t-il dit, concédant toutefois qu’il reste encore du travail à faire sur le plan de l’endettement de l’entreprise.

L’avion vert de l’avenir

Bombardier travaille actuellement à définir les bases de ce à quoi ressemblera « l’avion de l’avenir », dont la conception « en une pièce » permettrait de réduire les frictions et ainsi abaisser les besoins en carburant, a expliqué M. Martel au CORIM. Juste en retravaillant la conception de l’avion lui-même, « on peut réduire de 17 % à 19 % des émissions », selon lui. D’autres éléments jouent sur la réduction des émissions de gaz à effets de serre, a-t-il plus tard ajouté, comme le type de carburant utilisé ou la performance des moteurs.

Environ 90 % des investissements en recherche et développement de l’entreprise sont actuellement destinés à réduire l’empreinte environnementale de ses avions, selon Bombardier. Selon Éric Martel, l’entreprise est « en voie » d’atteindre l’objectif qu’elle s’est fixé d’être carboneutre d’ici 2050.

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