Conflit de travail qui s'envenime - La FTQ lance un appel au calme aux syndiqués de Vidéotron

Le secrétaire général de la FTQ, René Roy, est intervenu publiquement dans le conflit hier en lançant un appel au calme aux syndiqués de Vidéotron. Dénonçant les actes de vandalisme, mais reliant ce geste extrême à ce qu'il a qualifié de provocation d'un employeur recourant aux briseurs de grève, le leader syndical admet également que, depuis l'échec de la médiation, l'impasse demeure totale.

«Nous mettions beaucoup d'espoir dans la médiation, qui a échoué. Nous allons nous réunir la semaine prochaine afin d'étudier de nouvelles stratégies, de nouvelles approches.» René Roy ne se berce toutefois pas d'illusion. «Nous avons fait des ouvertures dans le cadre de la médiation. Des ouvertures portant notamment sur le dossier de l'installation [la vente des services d'installation à Entourage], sur les heures de travail et sur les augmentations salariales. Nous avons proposé des réductions de coût additionnelles de plusieurs millions. De plus de 10 millions uniquement sur l'aspect salarial, qui porte sur une liste de paie de 100 millions», a-t-il soutenu.

«Mais l'employeur, a-t-il ajouté, a pris l'autre position en menaçant de recourir davantage à la sous-traitance, de vendre d'autres parties de l'entreprise. Vidéotron, qui parlait de retenir 1500 employés [sur les quelque 2200 avant la vente à Entourage], avance désormais le chiffre de 900.»

Absence d'ouverture

Depuis, c'est l'absence d'ouverture qui prévaut dans ce conflit vieux de trois mois maintenant. Les syndiqués de Vidéotron se sentent dépourvus de moyens de pression. Au lendemain de l'échec de la médiation, sous l'action de l'ex-juge Alan B. Gold, les actes de vandalisme ont donc repris de plus belle, allant jusqu'à affecter un million d'abonnés du câblodistributeur. Des actes condamnés par la FTQ. «Nous avons toujours dénoncé de genre d'action dans d'autres conflits de travail, si pénibles soient-ils, vécus par nos membres.» D'autant que, dans l'environnement hautement concurrentiel où évolue Vidéotron, de tels arrêts de service provoqués peuvent mettre en danger la viabilité de l'entreprise, a soutenu le chef syndical. Mais René Roy enchaîne, dans son communiqué: «La direction de Vidéotron utilise sans vergogne les trous du Code fédéral du travail pour embaucher des briseurs de grève qui volent littéralement le gagne-pain de nos membres, ce qui envenime et fait perdurer le conflit [...]. Si la direction de Vidéotron ne comprend pas qu'elle jette de l'huile sur le feu, elle en portera la lourde responsabilité.»

Visibilité

La FTQ invite ses membres à s'en tenir aux moyens de pression légaux. L'appel a d'ailleurs été entendu hier, aucun nouvel acte de vandalisme n'ayant été dénoncé. Les syndiqués ont cependant multiplié les piquets de grève devant les locaux de TVA et devant l'édifice de la Caisse de dépôt et placement, partenaire de Quebecor dans l'acquisition de Vidéotron. Dans les jours qui viennent, on entend amplifier le mouvement des piquets de grève pour le faire déborder aux autres filiales de Quebecor. «Nous allons être visibles. Nous allons également politiser le dossier», a ajouté René Roy.

Du même souffle, le secrétaire général de la FTQ réitère l'invitation faite à la Caisse de dépôt de travailler à adoucir la position de l'employeur, malgré le précédent que cela créerait. «Nous ne demandons pas à la Caisse de dépôt de s'asseoir à la table des négos. Mais si la Caisse et Quebecor ont été capables de se parler lorsque est venu le temps de contrer Rogers et de payer le gros prix pour Vidéotron, la Caisse de dépôt doit sûrement être capable de prendre une bière — ou du vin, si c'est sa préférence — avec Pierre Karl Péladeau», a-t-il lancé.

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