Les femmes repensent le monde des affaires

Isabelle Delorme
Collaboration spéciale
Ruth Vachon et Christelle Mokoko, lors du panel organisé par le RFAQ
Photo: Capture d'écran Ruth Vachon et Christelle Mokoko, lors du panel organisé par le RFAQ

Ce texte fait partie du cahier spécial Journée internationale des femmes

Le 24 février, le Réseau des femmes d’affaires du Québec (RFAQ) a célébré la Journée internationale des droits des femmes avec quelques jours d’avance. Pour réfléchir aux enjeux et aux tendances émergentes du monde des affaires, la présidente-directrice générale du RFAQ, Ruth Vachon, et les femmes d’affaires Christelle Mokoko et Élisabeth Deschênes s’étaient entourées de leaders inspirants.

Dans le prolongement des travaux du symposium sur la Féminisation du leadership, qui a pris place en octobre dernier, un panel de personnalités réunies par le RFAQ a partagé ses réflexions sur la transformation du monde des affaires, l’impact des femmes dans cette évolution et les actions à poser. Cette rencontre, diffusée virtuellement, était nourrie de témoignages de leaders dans la sphère politique, culturelle et des affaires.

Transformer la culture de l’entreprise

La question des femmes est « l’engagement le plus profond » de Monique Simard, présidente du CA du Fonds Québecor et du Partenariat du Quartier des spectacles, qui s’est réjouie des progrès réalisés depuis le début de son parcours, il y a 50 ans. Celle qui manifestait autrefois dans les rues pour réclamer des garderies a souligné les problèmes qui demeurent au Québec : la violence à l’égard des femmes, les écarts de rémunération, le déséquilibre de la charge mentale femme-homme et la faible représentation des femmes dans les lieux de grandes décisions.

Pour Mme Simard, la féminisation du leadership doit amener les entreprises à « adopter une posture mentale différente des postures traditionnelles ». Le témoignage de Brigitte Jalbert, présidente des Emballages Carrousel — entreprise fondée par son père —, incarnait ce renouvellement. « D’un one man show, nous sommes passés à un système de gestion ultra-collégiale », a affirmé celle qui n’a pas hésité à aller chercher « de grosses pointures », disposant de compétences qui lui manquaient, pour permettre à son entreprise de prendre un élan exponentiel. La diversité est également au cœur de la réussite de son entreprise, estime Brigitte Jalbert.

L’évolution de la posture mentale, en portant la cause de l’équité, doit venir d’une démarche inclusive associant les hommes et la société civile, a souligné pour sa part Mohamed Aissaoui, président de l’Alliance française de Tunis. L’importance de l’écosystème et de la formation a également été évoquée par les intervenants. Raymonde Goudou Coffie, ministre gouverneure de la République de Côte d’Ivoire, a raconté son engagement pour former 200 femmes ivoiriennes au leadership féminin. « Certaines sont devenues députées ou ont été nommées à des postes de prise de décision », se réjouit-elle. À la fin de la rencontre, Mohammed Aissaoui a proposé au RFAQ une action conjointe pour que des cheffes d’entreprises canadiennes et tunisiennes forment de jeunes entrepreneures.

Prospérité et bienveillance

 

Anne-Marie Hubert, associée directrice chez Ernst & Young pour l’Est du Canada, a fait part d’une accélération des demandes d’information des grands investisseurs sur l’impact sociétal des organisations au plan du climat, de la diversité ou encore de la santé et sécurité au travail. Elle anticipe un « profond changement des marchés financiers » et un état d’esprit différent des entreprises, davantage tournées vers la prospérité. « À nous de saisir ce moment dans l’histoire et de joindre nos forces pour créer un monde différent de celui dans lequel nous avons grandi », a-t-elle déclaré.

L’un des mots les plus fréquemment utilisés au cours de la rencontre était la bienveillance. « Il y a 20 ans, si j’avais décrit mon entreprise – qui offrait des services financiers – comme une entreprise bienveillante, mes clients n’auraient pas compris ! » a lancé Christiane Bergevin. Pour la coprésidente du comité stratégique et scientifique de la Women Initiative Foundation, « les grandes entreprises traditionnelles doivent adapter leur activité, modifier leurs chaînes d’approvisionnement et donner des points pour la diversité ».

Un nouveau leadership

 

Un nouveau profil de leader, qui « doit être plus empathique, plus à l’écoute, plus coach, plus inclusif », est en train d’émerger à travers le monde, a observé Marie-Claude Pelletier, présidente et fondatrice du réseau Global-Watch.com. Ce nouveau leadership doit permettre aux organisations d’offrir un environnement de travail préservant l’humain, son intégrité et sa qualité de vie. « Il n’y aura pas d’impact ou de performance durable des entreprises, dorénavant, s’il n’y a pas une préoccupation très importante et mesurée de l’humain dans le milieu de travail », a déclaré Mme Pelletier.

Isabelle Côté, présidente-directrice générale de l’entreprise de construction Coffrages Synergy Formwork, a grimpé les échelons après avoir été embauchée comme réceptionniste. Elle a souligné la confiance qui lui a été accordée dans « un environnement qui veut bouger » et prône « un leadership définitivement plus humain, plus à l’écoute des besoins et beaucoup moins directif », avec « des actions qui donnent le temps et la liberté aux personnes de se développer personnellement ». Sa vision innovante du leadership illustrait, lors de cette rencontre, une expression employée par Christiane Bergevin en conclusion des discussions : « nourrir l’ambition ».

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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