L’aide financière et humanitaire aux Ukrainiens s’organise au Canada

À Montréal, des organisations incitent surtout les citoyens à donner de l’argent à la Croix-Rouge et à la Fondation Canada-Ukraine.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir À Montréal, des organisations incitent surtout les citoyens à donner de l’argent à la Croix-Rouge et à la Fondation Canada-Ukraine.

L’aide financière et humanitaire destinée aux Ukrainiens s’organise au Canada. À Montréal, des organisations incitent surtout les citoyens à donner de l’argent à la Croix-Rouge et à la Fondation Canada-Ukraine. Et la population est au rendez-vous.

À la Caisse populaire Desjardins ukrainienne de Montréal, sur la rue Beaubien, l’ambiance est à l’angoisse, au patriotisme et à la solidarité. Des drapeaux jaune et bleu de plusieurs tailles sont exhibés sur les comptoirs et dans la salle d’attente. Les employés distribuent des rubans aux couleurs nationales à porter sur la poitrine, en soutien au pays qui résiste à l’attaque de Moscou. Ici, presque tout le monde est d’origine ukrainienne et s’inquiète pour des membres de la famille restés là-bas.

« Des fois, on est au travail et on ne sait plus ce qu’on fait. Il faut essayer de se calmer », rapporte l’agente de services aux membres Kateryna Kij, visiblement toujours sous le choc de l’invasion russe, lancée cinq jours auparavant.

La quasi-totalité des clients qui entrent à la Caisse depuis jeudi dernier, quelle que soit leur origine, demandent comment ils peuvent aider les Ukrainiens, selon Mme Kij. « Il y en a qui pleurent avec nous. Chaque mot de soutien est très important, ça fait du bien », témoigne la travailleuse épuisée.

La Caisse, tout comme le Mouvement Desjardins, dirige alors les gens vers la Croix-Rouge canadienne. Tout près de Mme Kij se trouve aussi une boîte de dons, dont le contenu servira à soutenir l’armée ukrainienne.

Il y en a qui pleurent avec nous. Chaque mot de soutien est très important, ça fait du bien.

 

Cinq jours après le lancement de la collecte d’urgence pour la crise humanitaire en Ukraine, la Croix-Rouge canadienne a amassé 17,2 millions de dollars de la part du public et d’institutions. Le gouvernement du Canada y versera 10 millions.

À quelques pas de la Caisse populaire, l’épicerie ukrainienne Zytynsky’s Deli est très achalandée. La gérante, Angel Zytynsky, dit avoir reçu beaucoup de marques d’amitié depuis quelques jours, comme des fleurs, un gâteau et un bibelot en forme d’ange. Elle a recueilli presque 1000 $ en dons en moins de quatre jours, qu’elle remettra à la Fondation Canada-Ukraine.

Médicaments, nourriture et abris

 

Cette fondation, en collaboration avec le Congrès ukrainien canadien (CUC), a déjà récolté 4 millions de dollars. Elle dit avoir déjà contribué à la distribution de médicaments, de nourriture et d’abris.

« On estime à 12 millions le nombre de personnes qui seront déplacées à l’intérieur de l’Ukraine. C’est une crise énorme », a souligné le président du conseil du Québec du CUC, Michael Shwec.

« Je reçois beaucoup d’appels et de courriels de Québécois qui veulent aider. Je leur dis de donner de l’argent, c’est le plus important », indique pour sa part Katherine Smolynec, présidente de la branche québécoise de la Fédération nationale ukrainienne du Canada.

Plusieurs groupes de citoyens organisent la collecte de dons matériels, remarque-t-elle, et son organisme a l’intention de mettre ses locaux à la disposition de telles initiatives. « Mais tout ce qu’on peut acheter ici est aussi en vente en Europe, comme en Pologne. Alors en envoyant de l’argent, on évite les frais de transport. Et les besoins peuvent changer de jour en jour », fait valoir Mme Smolynec.

Son organisme, qui fait habituellement la promotion de la culture ukrainienne, compte annoncer très bientôt des activités de collecte de fonds qui se tiendront en mars et en avril, dont des concerts-bénéfice.

 

Des fonds pour ses proches

En 2020, les transferts de fonds personnels vers l’Ukraine représentaient 9,8 % du produit intérieur brut du pays, selon la Banque mondiale. Le directeur général de la Caisse populaire Desjardins ukrainienne estime que les envois de ce genre, parmi ses membres, sont probablement « à la hausse en ce moment par des multiples ».

La présidente du conseil d’administration de la Caisse, Anastasia Kyva, a d’ailleurs envoyé un montant substantiel à ses proches juste avant le début officiel de l’agression russe. « On avait peur que ce soit la dernière fois qu’on puisse envoyer de l’argent, qu’il y ait une panne du système bancaire et qu’on perde complètement contact », a raconté celle qui dit avoir plusieurs proches dans la défense territoriale.

Heureusement, Mme Kyva peut encore communiquer avec les membres de sa famille. Elle vérifie chaque matin qu’ils sont toujours vivants. Et le soutien affiché un peu partout sur la planète leur apporte beaucoup de réconfort et de motivation, assure-t-elle.

À voir en vidéo