Conflit chez Vidéotron - Le bras de fer se poursuit

La partie de bras de fer se poursuivait hier entre Vidéotron et ses 2200 syndiqués en lock-out depuis trois mois, tandis que 437 000 abonnés demeuraient sans services de câble et d'Internet.

La journée d'hier a été fertile en événements de toutes sortes: deux appels à la bombe, la découverte que l'incendie survenu au véhicule et à la résidence d'un sous-traitant de Vidéotron était de nature criminelle et une réunion à huis clos de stratégie syndicale où un appel au boycottage de Vidéotron était à l'étude.

Hier en matinée, un appel téléphonique a été placé au siège social du câblodistributeur à Montréal voulant qu'une bombe ait été placée dans les bureaux de Vidéotron, à Québec. Les agents de sécurité de l'établissement ont procédé à une fouille complète des lieux mais n'ont trouvé aucun colis suspect. La direction de Vidéotron n'avait pas cru nécessaire de procéder à l'évacuation de l'édifice, convaincue qu'il s'agissait d'un canular. Vers 15h, un second appel à la bombe s'est également révélé un canular.

Coupures de service

Le nombre de 437 000 abonnés privés de service hier constituait une amélioration par rapport aux 780 000 dans la même situation mardi. Mais il importe de signaler que si les cadres et sous-traitants de Vidéotron avaient réussi à redonner le service à un très grand nombre d'abonnés au cours de la journée mardi, de nouveaux câbles ont été sectionnés dans la soirée ou la nuit de mardi à mercredi, de sorte que des abonnés non touchés jusqu'ici ont perdu le service à leur tour.

«Il y a eu presque autant de vandalisme la nuit dernière que la nuit d'avant», a indiqué le porte-parole de Vidéotron, Luc Lavoie. «On peut dire que la majorité des "sans-service" sont des nouveaux», a-t-il ajouté.

Alors que, lundi et mardi, les régions de Montréal, Québec, Sherbrooke et Rivière-du-Loup étaient touchées, «aucune région n'était épargnée» hier, de dire M. Lavoie. Vidéotron compte 1,47 million d'abonnés.

Du côté de Lévis, un chimiste a pu établir hier la nature criminelle de l'incendie qui a causé des dégâts au véhicule et à la résidence d'un superviseur de la compagnie HS Telecom, un sous-traitant de Vidéotron. Le policier Alain Gelly a refusé de dire quels étaient les éléments ayant incité le chimiste à tirer cette conclusion. Selon l'agent Gelly, le propriétaire du véhicule avait déjà fait l'objet de menaces.

Stratégie syndicale

Et pendant ce temps, pendant que cadres et sous-contractants s'employaient à établir les raccordements au réseau Vidéotron, les représentants syndicaux tenaient une réunion de stratégie sur l'orientation à donner à leur lutte, qui dure depuis trois mois. Les conclusions devraient être annoncées aujourd'hui.

Selon les informations fournies par le porte-parole syndical, Alexandre Boulerice, les leaders syndicaux envisagent la possibilité de lancer un appel public au boycottage de Vidéotron. «Nous sommes conscients du danger d'une telle mesure, mais comme les syndiqués ont la certitude de n'avoir pratiquement plus rien à perdre, ils sont rendus à cette extrémité. On veut faire changer la position de Vidéotron en faisant mal financièrement à Vidéotron. L'argent va finir par faire entendre raison à M. Péladeau», a fait valoir M. Boulerice.

Celui-ci a reconnu qu'il s'agissait d'un véritable «bras de fer entre les deux».

M. Boulerice a indiqué que, durant la médiation menée par l'ex-juge en chef Alan B. Gold — qui a finalement jeté l'éponge lundi —, les syndiqués avaient fait des propositions d'assouplissement sur plusieurs points susceptibles d'entraîner des économies pour Vidéotron de plusieurs millions par année. «Quebecor veut sauver 40 millions et non 24, 26 ou 28 millions. C'est difficile de trouver une solution dans de telles circonstances», a-t-il dit.

Chez Vidéotron on chante un autre refrain. «La vente à Entourage [des services d'installation et de réparation] nous permet de sauver 15 millions par année, qui s'ajoutent aux 13 millions que nous voulons sauver par la renégociation de la convention collective en revoyant un peu à la baisse leurs conditions de travail. Nous offrons un programme de départ volontaire, pouvant aller jusqu'à 18 mois de salaire», a précisé le porte-parole de Vidéotron. Aucune réunion du conseil d'administration de Vidéotron n'est à l'horizon pour revoir la stratégie de négociation.

«Si on signait ce que le syndicat veut qu'on signe, c'est la faillite d'ici trois à cinq ans», a lâché M. Lavoie.

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