Après plus d'un mois de grève de ses employés - Sécur révise ses offres à la baisse

La compagnie Sécur a durci le ton, hier, à l'égard de ses employés en grève depuis un peu plus d'un mois. Se disant forcée de tenir compte des impacts financiers du conflit, elle les a avertis qu'elle révise d'ores et déjà à la baisse ses offres «globales et finales», offres qu'ils ont rejetées le mois dernier dans une proportion de 99 %.
La réplique du syndicat ne s'est pas fait attendre. «C'est de la provocation. On rit de nous, a commenté Jocelyn Tremblay, président du syndicat affilié au Syndicat canadien de la fonction publique (FTQ), au terme d'une assemblée générale d'information qui a réuni à Montréal plus de 500 des 900 grévistes. Leurs propositions étaient déjà ridicules. Ils ont le front de nous présenter des offres à la baisse. S'ils pensaient nous intimider, notre réunion d'aujourd'hui [hier] montre, au contraire, que c'est une façon de garder notre monde motivé et déterminé.»Jocelyn Tremblay se dit d'autant plus choqué et déçu que l'annonce d'hier faisait suite à la présentation, lundi, par le syndicat, d'une contre-offre pécuniaire que l'on jugeait tout à fait raisonnable. «Ce qui nous sépare, dit-il, c'est à peine un million par année pour les sept années de la convention collective. Mais la compagnie a préféré nous répondre en passant par-dessus la tête des négociateurs et envoyant directement une lettre aux employés sans nous en aviser.»
Chez Sécur, on explique qu'il est apparu clair à tous, en début de semaine, que le processus de conciliation auquel on participait depuis le mois de mai ne mène nulle part. Quant à la lettre envoyée aux grévistes, ce n'était qu'un moyen de leur permettre d'avoir le bon portrait de la situation.
«Tout ce que l'on dit, c'est que la situation financière de la compagnie ne lui permettrait plus de présenter les mêmes offres aujourd'hui, expliquait hier un porte-parole de la compagnie, Louis-Philippe Gariepy. Nos offres reposaient sur les estimations que l'on faisait de nos gains à ce moment-là. La situation de la compagnie s'est dégradée depuis. [...] Il faut comprendre que les offres que nous avons présentées au début du mois de juillet étaient globales et finales. Elles ont été rejetées. Elles ne sont donc plus sur la table.»
Pertes de revenus
La grève, explique-t-on, affecte les perspectives financières de la compagnie de deux façons. D'une part, elle l'empêche de rendre certains services qui ne peuvent, par conséquent, être facturés. Elle pousse d'autre part certains clients dans les bras de la concurrence, ce qui affectera ses revenus de façon plus durable. On se garde toutefois bien de divulguer le nom de ces clients ou l'évaluation qui est faite jusqu'à présent de ces fameuses pertes de revenus.
Au déclenchement de la grève, le 5 juillet, la compagnie Sécur occupait 75 % du marché du transport des valeurs au Québec avec un chiffre d'affaires de 55 millions par année. Elle assurait notamment l'approvisionnement de 1200 des 6000 guichets automatiques de la province, un travail qui a échu, depuis le début du conflit, aux employés des établissements bancaires ainsi qu'à la centaine de cadres de l'entreprise.
Les offres rejetées le mois dernier comprenaient une augmentation salariale de 11 % sur cinq ans ainsi qu'un montant forfaitaire pour les cinq dernières années passées sans contrat de travail. Les grévistes ont réclamé quant à eux des augmentations de 16 à 18 % sur cinq ans. Les horaires de travail, la caisse de retraite et la précarité d'emploi constituent également des points en litige.
À la compagnie, on dit craindre que le conflit dure encore longtemps. «Pour le moment, l'entreprise continue d'assez bien fonctionner grâce à ses cadres qui ont accepté de faire de gros sacrifices, dit Louis-Philippe Gariepy. Sera-t-on capables de maintenir cela encore longtemps? On ne le sait pas.»
Du côté syndical, on n'entend pas non plus désarmer. On continuera de souligner d'un trait rouge que la compagnie Sécur appartient au Mouvement Desjardins et que c'est à ce dernier que revient la responsabilité d'améliorer les conditions de travail des employés plutôt que de «se comporter comme n'importe quel autre requin de la finance». On promet de nouveaux gestes d'éclat, tout en s'engageant à ne jamais verser dans le vandalisme.