La crise ukrainienne entraîne une pression à la hausse sur les prix de l’énergie

L’escalade des tensions en Ukraine secoue les marchés de l’énergie, alors que le président russe, Vladimir Poutine, a décidé d’envoyer des « forces de maintien de la paix » dans les deux régions séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine, qu’il a officiellement reconnues lundi. Mardi, le prix du baril de Brent a frôlé la barre symbolique des 100 dollars américains — un record depuis sept ans pour l’or noir.
Depuis plusieurs jours, les cours du pétrole s’embrasent. Après s’être envolé à 99,50 dollars en cours de journée, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril est plus tard redescendu à 96,38 dollars mardi, ce qui représente une hausse de 1,04 %. À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars a quant à lui atteint 92,35 dollars (+1,41 %).
Les intentions de la Russie
« Plusieurs facteurs exercent une pression à la hausse sur les prix, et la crise ukrainienne fait immanquablement partie de l’équation », explique Dominique Lapointe, économiste principal chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Depuis quelques mois déjà, les prix de l’or augmentent en raison d’un déficit d’offre.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui avait dû réduire radicalement sa production au début de la crise, peine à répondre à la demande mondiale, qui a repris plus vite que prévu, explique M. Lapointe.
Les tensions en Ukraine, qui sont montées d’un cran à la suite des décisions du président russe annoncées en début de semaine, ont exacerbé cette montée des prix, la Russie étant l’un des plus importants producteurs au monde, avec environ 10 % de l’offre mondiale de pétrole.
« Pour être honnête, je suis assez surpris qu’on n’ait pas dépassé la barre des 100 dollars aujourd’hui », avoue l’économiste. « Je pense que le marché est encore dans l’incertitude par rapport aux intentions de la Russie et aux possibles sanctions appliquées contre elle. C’est probablement ce qui maintient le prix du baril un peu sous les 100 dollars », ajoute M. Lapointe. Si les tensions s’accentuent et que les exportations de pétrole russes venaient à diminuer, le prix du baril de brut pourrait dépasser cette barre symbolique, croit l’expert. « Difficile toutefois de prédire jusqu’à combien cela pourrait monter », reconnaît-il.
Inévitablement, une réduction des exportations de pétrole russe et une montée du prix de l’or noir se répercuteraient sur les prix à la pompe. Cela contribuerait à exacerber encore davantage l’inflation, déjà très élevée dans une bonne partie des pays occidentaux en raison de la pandémie.
Mardi en fin de journée, l’Agence internationale de l’énergie a déclaré surveiller « avec une inquiétude croissante les récentes déclarations et actions de la Russie, ainsi que leurs implications potentielles pour les marchés de l’énergie ». L’organisation a laissé savoir qu’elle travaillait avec ses pays membres et ses partenaires à faire en sorte qu’il y ait suffisamment de pétrole sur le marché pour répondre à la demande.
Gaz naturel
En Europe, les prix du gaz naturel ont eux aussi augmenté. Mardi, ils grimpaient de 10 % pour atteindre 80 euros, soit 91,65 dollars américains par mégawattheure, après que l’Allemagne eut annoncé qu’elle suspendait l’autorisation du controversé gazoduc Nord Stream 2.
Toutefois, hormis cette sanction visant le gazoduc reliant la Russie à l’Europe pour l’approvisionnement en gaz naturel, installation qui n’est pas encore en service, les Occidentaux font pour l’instant l’impasse sur le secteur énergétique russe. Sanctionner le secteur de l’énergie russe, crucial pour l’économie du pays, représente en effet un pari risqué pour l’Europe, qui importe 40 % de son gaz de la Russie, selon les données d’Eurostat, l’agence statistique de la Commission européenne. D’autant que les pays exportateurs de gaz, dont fait partie le Qatar, ont prévenu l’Europe mardi qu’ils disposaient de capacités limitées pour augmenter rapidement son approvisionnement.
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Avec l’Agence France-Presse