La Caisse de dépôt doit poursuivre ses efforts, plaide une coalition environnementale

En septembre dernier, la Caisse de dépôt a annoncé son intention d’investir 10 milliards dans la décarbonation de secteurs stratégiques, mais polluants.
Photo: Chris Young La Presse canadienne En septembre dernier, la Caisse de dépôt a annoncé son intention d’investir 10 milliards dans la décarbonation de secteurs stratégiques, mais polluants.

La Caisse de dépôt et placement du Québec a fait un geste « historique » dans la lutte contre les changements climatiques en annonçant sa sortie des investissements dans la production de pétrole, mais l’institution doit en faire plus, plaide la coalition Sortons la Caisse du carbone, qui décortique les rendements des actifs de la Caisse dans les énergies fossiles dans un nouveau rapport. Le regroupement d’organismes environnementaux montre notamment du doigt les investissements de la Caisse dans le secteur gazier.

Dans son rapport publié lundi, la coalition analyse, comme depuis quelques années, le rendement des 50 entreprises du secteur de l’exploitation pétrolière et gazière dans lesquelles la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) détient ses plus importants investissements boursiers.

En 2021, pour la deuxième fois seulement depuis une décennie, ce groupe d’entreprises formant l’indice Carbone 50 a obtenu une performance supérieure aux indices boursiers avec lesquels la Coalition le compare, c’est-à-dire le Dow Jones et le MSCI ACWI ex Fossil Fuels en dollars canadiens. La valeur de l’indice Carbone 50 a bondi de 31,4 % en 2021, après avoir subi en 2020 une perte de 31,6 % – ce qui représentait sa pire performance depuis 2011.

« Même avec les améliorations de rendement de 2021, force est de constater que, globalement, nous nous serions davantage enrichis sans les énergies fossiles », plaide le sociologue, économiste et membre de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, Éric Pineault, qui a révisé le rapport de la coalition et en a signé la préface.

 

Depuis 2011, le rendement cumulatif de l’indice Carbone 50 s’est contracté de plus de 25 %, alors que les autres indices que la coalition analyse — le portefeuille global d’actions de la CDPQ, le Dow Jones et le MSCI ACWI ex Fossil Fuels — ont connu une croissance de 100 à 150 % sur la même période.

De 2011 à 2021, si les montants d’argent dans le Carbone 50 avaient été désinvestis pour être placés sur ces autres indices, la Caisse aurait permis aux Québécois d’obtenir un rendement se situant entre 12,1 et 15,1 milliards, est-il indiqué dans le rapport.

« Le désinvestissement des hydrocarbures au profit d’autres investissements, comme dans les énergies propres, semble le seul moyen de protéger l’environnement et l’avoir des épargnants », plaide ainsi la coalition.

Des efforts soulignés, d’autres réclamés

En septembre dernier, lors du dévoilement de sa nouvelle stratégie climatique, la Caisse de dépôt a annoncé son intention de se départir complètement de ses investissements dans la production pétrolière d’ici la fin de l’année 2022, d’acheter plus d’actifs verts, en plus d’investir 10 milliards dans la décarbonation de secteurs stratégiques, mais polluants.

« Cette lancée, qui est un signal phare pour d’autres grands fonds d’investissement, doit se poursuivre. Malheureusement, ce leadership climatique est terni par les nouveaux investissements de la Caisse dans le gaz », déplore Sébastien Collard, auteur du rapport, par voie de communiqué.

La coalition Sortons la Caisse de dépôt critique les investissements de l’institution dans le secteur gazier, qu’elle considère comme « une erreur du point de vue économique et climatique », et soutient que ce type d’énergie n’est pas une énergie de « transition ».

Le regroupement montre notamment du doigt la participation majoritaire de la Caisse dans Énergir, principale entreprise de distribution de gaz naturel au Québec. « Sortons la Caisse du carbone considère que le plan de décarbonation d’Énergir ne répond pas aux exigences de la science pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. La Caisse devrait donc vendre tous ses actifs dans Énergir ou exiger un redressement immédiat du plan climat de cette société », plaide Sébastien Collard.

L’entreprise Énergir ne figure pas parmi les entreprises qui constituent l’indice Carbone 50 analysé par la Coalition, « puisque [le placement de la Caisse dans l’entreprise] était sous forme d’obligations plutôt que d’actions dans le rapport annuel 2020 », est-il précisé dans le rapport.

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