La p.-d.g. critique l’ancienne stratégie

Avec son plan stratégique, la Laurentienne veut générer une croissance de son bénéfice ajusté par action de plus de 5 % au cours de l’exercice 2022.
Photo: Valerian Mazataud Le Devoir Avec son plan stratégique, la Laurentienne veut générer une croissance de son bénéfice ajusté par action de plus de 5 % au cours de l’exercice 2022.

Perte de clients, fléchissement des dépôts, augmentation du taux de roulement des employés et retard technologique: la Banque Laurentienne devra exécuter avec doigté sa nouvelle stratégie si elle veut corriger le tir, a reconnu Rania Llewellyn, sa présidente et cheffe de la direction, qui présentait son plan aux investisseurs vendredi.

Embauchée en octobre 2020 pour redonner un élan à la banque montréalaise en perte de vitesse, Mme Llewellyn n’a pas mis de gants blancs pour décrire le plan de transformation de sept ans adopté par son prédécesseur, François Desjardins, en 2015. « Qu’est-ce que je veux dire par stratégie sans exécution ? a-t-elle dit durant la visioconférence qui a duré deux heures. Je veux dire adopter un modèle de succursales sans argent comptant sans avoir les infrastructures technologiques pour soutenir ce genre de changement. Par exemple, ne pas avoir d’application mobile. »

Les retards technologiques de la banque sont une source d’irritants pour les clients, déplore la dirigeante. Elle a donné en exemple les délais d’activation d’une carte de crédit, qui peuvent s’étirer jusqu’à 25 jours ou d’activation manuelle des comptes bancaires, qui prend de deux à trois jours.

Mme Llewellyn a promis de simplifier et d’accélérer la prestation des différents services bancaires destinés aux particuliers. La Laurentienne a d’ailleurs lancé le même jour son application mobile bancaire. Mme Llewellyn ne veut plus que la taille de la Laurentienne soit considérée comme un frein, mais comme une occasion de se montrer « plus agile ». Elle mise sur les partenariats externes pour développer certains projets technologiques. Grâce à ce type de partenariat, l’application mobile, qui vient d’être lancée, a été conçue en sept mois, tandis que ce genre de projet prend généralement plus de temps, a-t-elle dit. « Nous avons des discussions avec des partenaires clés dans différents domaines, mais nous n’avons rien à annoncer pour le moment. »

Au cours de l’exercice 2021, le portefeuille de prêts aux particuliers a décliné de 5 %. L’objectif est de le stabiliser en 2022 et de renouer avec une croissance « au bas de la fourchette à un décimal » à moyen terme. La cheffe des Services bancaires aux particuliers, Karine Abgrall-Teslyk, a mentionné que la moitié des clients n’ont qu’un seul produit bancaire avec la Laurentienne et qu’elle voit des occasions de ventes croisées.

Dans le segment des services aux entreprises, qui affiche une meilleure performance, la Laurentienne veut augmenter sa présence aux États-Unis, où elle veut faire passer la part de son portefeuille de prêts de 14 % à 18 % d’ici 2024. Les principes ESG seront aussi partie intégrante de la stratégie de la Laurentienne, que ce soit pour saisir de nouvelles occasions d’affaires dans les services aux entreprises et les marchés des capitaux, ou pour augmenter son attractivité auprès des professionnels millénariaux.

Avec son plan stratégique, la Laurentienne veut générer une croissance de son bénéfice ajusté par action de plus de 5 % au cours de l’exercice 2022. Elle espère atteindre un rythme de 7 % à 10 % à moyen terme. La même journée, la Banque Laurentienne a présenté ses résultats du quatrième trimestre. Elle a aussi annoncé une augmentation de 10 % de son dividende et son intention de racheter 2 % de ses actions en circulation aux fins d’annulation.

Les résultats du quatrième trimestre clos le 31 octobre ont été marqués par le dévoilement d’une perte nette de 102,9 millions, ou de 2,39 $ par action diluée, comparativement à un bénéfice net de 36,8 millions, ou 0,79 $ par action diluée. L’institution financière avait déjà prévenu les investisseurs, le 23 novembre dernier, que les résultats du quatrième trimestre comprendraient une charge de dépréciation et de restructuration de 189,4 millions relativement à des décisions liées à son plan stratégique.

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