Mobilisation contre les mines en zone de villégiature

Le projet de mine à ciel ouvert La Loutre, de l’entreprise Lomiko, voisine notamment avec les municipalités de Duhamel et de Lac-des-Plages, en Outaouais. La future mine est située au cœur d’un réseau de lacs et de cours d’eau, où se trouvent de nombreux chalets, notamment à moins de six kilomètres du lac Simon.
Photo: Patrick Boisvert Le projet de mine à ciel ouvert La Loutre, de l’entreprise Lomiko, voisine notamment avec les municipalités de Duhamel et de Lac-des-Plages, en Outaouais. La future mine est située au cœur d’un réseau de lacs et de cours d’eau, où se trouvent de nombreux chalets, notamment à moins de six kilomètres du lac Simon.

Vingt-cinq municipalités, soit la totalité des membres de la MRC de Papineau, en Outaouais, réclament le pouvoir de protéger leur territoire contre le développement minier.

Des municipalités comme Montebello, Lac-Simon et Saint-André-Avellin donnent ainsi leur appui à une résolution du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation, qui demande à Québec « que les activités minières soient interdites dans les zones désignées par la MRC Papineau comme étant réservées à la villégiature, au récréotourisme, à l’écotourisme et à la foresterie ». Plusieurs organismes, comme le Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais, joignent leur voix au mouvement.

La région suscite l’intérêt des compagnies d’exploration minière en raison de la présence de graphite, un minerai essentiel à la production de batteries destinées à l’électrification des transports. Le projet de mine à ciel ouvert La Loutre, de l’entreprise Lomiko se trouve notamment à proximité des municipalités de Duhamel et de Lac-des-Plages, qui font partie du front commun. La future mine se trouve au cœur d’un réseau de lacs et de cours d’eau où se trouvent de nombreux chalets, notamment à moins de six kilomètres du lac Simon.

« Le lac Simon, il y a plus de 1000 familles qui sont là. Ils veulent implanter ça dans des milieux vierges, des milieux humides, de la montagne. Ça va devenir un parc industriel de grande dimension, avec du bruit de transport, du dynamitage, de la poussière », déplore Louis St-Hilaire, porte-parole du Regroupement, qui s’inquiète aussi des risques de contamination de l’eau.

À moins que les évaluations environnementales à venir ne défavorisent le projet, il est trop tard pour empêcher l’avènement de la mine de Lomiko, qui a un droit acquis sur ce territoire, affirme le préfet de la MRC de Papineau, Benoit Lauzon. « On veut éviter qu’il y en ait d’autres, a-t-il toutefois indiqué. On sait qu’il va y en avoir beaucoup. »

En Outaouais et dans les régions voisines des Laurentides, cinq projets de mines de graphite sont en développement. Le nombre de titres actifs d’exploration minière liée au graphite a plus que doublé dans les Laurentides et dans Lanaudière entre 2015 et 2020. Le Regroupement qualifie ainsi la zone de « pays de l’or vert », en référence aux prétentions environnementales de cette extraction.

Pour le préfet de la MRC de Papineau, l’opinion publique est unanime parmi les citoyens et les élus. L’appui officiel de toutes les municipalités de la MRC témoigne, selon lui, de l’importance du dossier. Il affirme que les milieux d’affaires sont aussi de leur côté.

Des changements demandés

 

Ils ne sont pas contre les mines, mais veulent protéger 11 % de leur territoire, essentiellement autour des lacs et des rivières, en plus des milieux urbains et villageois. Dans un processus de définition des territoires incompatibles avec l’activité minière (TIAM) sur son territoire, la MRC de Papineau a présenté ses demandes au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation.

« Ça a été refusé par le ministère, car le territoire qu’on a défini ne répond pas aux critères gouvernementaux, donc on nous a dit d’ajuster nos demandes en lien avec ça, rapporte Benoit Lauzon. Le milieu municipal, on est un gouvernement de proximité, on veut avoir les pouvoirs de décider où on veut des mines et où on n’en veut pas. »

Des changements législatifs sont donc nécessaires, croit le préfet. Dans un mémoire dans le cadre de la Consultation sur la stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires, la MRC conclut d’ailleurs que « l’aménagement durable du territoire et le respect des collectivités locales nécessitent des lois et des cadres actuels (dont la Loi sur les mines, la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme et les orientations gouvernementales pour les TIAM) afin de donner davantage de pouvoirs aux municipalités, aux MRC et aux nations autochtones pour protéger les milieux sensibles de leurs territoires ».

Cette question pourrait s’élargir à d’autres régions du Québec. Selon M. Lauzon, la MRC des Laurentides a des demandes similaires, et un comité de l’Union des municipalités du Québec se penche sur le dossier.

Le cabinet du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, n’a pas répondu à nos demandes d’information relativement à ce dossier.

À voir en vidéo