L’économie a renoué avec la croissance au troisième trimestre

L’économie a fortement rebondi au troisième trimestre de l’année, après avoir fait un pas de recul au cours des trois mois précédents, ce qui peut donner un aperçu de ce qui attend les Canadiens si les inquiétudes liées à la COVID-19 continuent de s’estomper et qu’ils se remettent à dépenser comme avant la pandémie.
L’économie canadienne a progressé à un taux annualisé de 5,4 % au troisième trimestre clos à la fin septembre, alors que les restrictions liées à la COVID-19 se sont assouplies et que les dépenses des ménages ont augmenté, a indiqué mardi Statistique Canada. Ce rebond faisait suite à une contraction de 0,8 % pour le deuxième trimestre — selon des données révisées par Statistique Canada, qui avait précédemment indiqué que le recul avait été de 0,3 % pour les mois d’avril à juin.
La croissance trimestrielle des dépenses des ménages a été l’une des plus importantes jamais enregistrées. Les consommateurs ont dépensé leur argent dans les restaurants, les bars, les hôtels et les voyages en avion — ces derniers ont bondi de 181,9 % alors que de plus en plus de voyageurs se sont envolés.
Pour contrebalancer ces croissances en flèche, les investissements des entreprises se sont effondrés et les dépenses de consommation pour des biens comme les véhicules automobiles ont diminué. L’économiste Sri Thanabalasingam, de la Banque TD, a souligné que la croissance du PIB réel aurait pu être encore plus forte au troisième trimestre sans les problèmes de la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Mais les réjouissances ont rapidement été atténuées par les graves inondations en Colombie-Britannique et les inquiétudes au sujet d’un nouveau variant du virus causant la COVID-19, peut-être plus transmissible.
L’économiste en chef de la Banque CIBC, Avery Shenfled, a noté que le variant Omicron, un éventuel resserrement des restrictions et le besoin de rappels vaccinaux pourraient tous affecter la prochaine étape de la reprise économique. «Une accalmie estivale dans les craintes de la COVID a convaincu les Canadiens de faire la fête, et leur frénésie de dépenses aura été amusante pendant ce temps», a-t-il écrit dans une note, «mais nous sommes confrontés à de nouvelles inquiétudes quant à savoir si un variant plus résistant aux vaccins pourrait retarder le calendrier pour la poursuite de la croissance.»
Statistique Canada a indiqué que le troisième trimestre avait pris fin sur une légère croissance économique de 0,1 % pour le mois de septembre, les gains importants dans les industries de services ayant été contrebalancés par des baisses dans le secteur manufacturier. Ce secteur a en partie été ralenti par la pénurie mondiale de semi-conducteurs.
Les données préliminaires de l’agence fédérale suggèrent également que l’économie a progressé de 0,8 % en octobre, pour commencer le dernier trimestre de l’année, grâce au secteur manufacturier. Statistique Canada a ajouté qu’avec cette estimation, l’activité économique totale se situait environ 0,5 % en dessous de son niveau d’avant la pandémie, enregistré en février 2020.
Stephen Brown, économiste canadien principal chez Capital Economics, a estimé que ce déficit devrait être comblé d’ici la fin de cette année ou au début de l’année prochaine. Il a également noté que la trajectoire de l’économie devrait convaincre la Banque du Canada à augmenter son taux d’intérêt directeur d’ici le milieu de 2022. «Certes, nous arrivons aux dernières étapes d’une reprise ici et commençons à réfléchir au resserrement de la politique (monétaire)», a affirmé M. Brown.
Le gouvernement fédéral a déjà resserré ses cordons de la bourse pour la pandémie. En octobre, les libéraux de Justin Trudeau ont mis fin aux larges avantages accordés aux travailleurs et aux entreprises en faveur d’un soutien plus ciblé, décrit dans un projet de loi actuellement devant la Chambre des communes. Le Directeur parlementaire du budget (DPB) a estimé mardi qu’une aide au loyer plus ciblée pour les entreprises encore en difficulté porterait le prix global de ce supplément à 8,3 milliards.
Dans deux autres rapports, le DPB a estimé que le coût de la prolongation de la prestation canadienne de maladie pour la relance économique jusqu’en mai coûterait 373,8 millions et 554 millions pour ajouter des semaines supplémentaires d’admissibilité à la prestation canadienne de la relance économique pour proches aidants.
Statistique Canada a souligné que les transferts gouvernementaux avaient chuté au troisième trimestre, alors que la rémunération des employés a augmenté de 2,9 %, ce qui a été l’une des plus fortes hausses au cours des deux dernières décennies.
Les dépenses supplémentaires ont dépassé la croissance du revenu disponible, ce qui a fait chuter le taux d’épargne à 11 %, contre 14 % au deuxième trimestre. Le taux d’épargne reste malgré tout encore bien supérieur à ses niveaux d’avant la pandémie. «Les ménages sont bien préparés pour faire face aux défis potentiels à venir, et il y a encore beaucoup d’essence dans le réservoir pour alimenter un éventuel retour dans le secteur des services», a écrit Douglas Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal.