Un pas de plus vers la création de «plex» aux quatre coins de Toronto

Les «plex» seraient une option additionnelle aux tours d’habitations et aux maisons unifamiliales, qui sont omniprésentes.
Photo: Geoffrey Vendeville Les «plex» seraient une option additionnelle aux tours d’habitations et aux maisons unifamiliales, qui sont omniprésentes.

La Ville de Toronto a pris un pas de plus, le 25 novembre, vers la construction possible de « plex » dans les quartiers où leur construction n’est pas présentement possible, soit près de 75 % du territoire de la métropole. Le comité de logement et d’urbanisme a voté en faveur de la tenue de consultations publiques supplémentaires et d’une étude plus approfondie du dossier, dont les résultats aboutiront sur des propositions pour le comité, au printemps 2022.

Si les propositions reçoivent le feu vert du comité en 2022, elles passeront au vote au conseil municipal. L’objectif du document présenté par les urbanistes de la Ville aux membres du comité jeudi après-midi est de faciliter la construction de duplex, de triplex et de quadruplex dans tous les quartiers.

La décision du comité prise jeudi est une étape de plus vers la création d’un « milieu manquant » dans la capitale économique canadienne, présentement aux prises avec une crise du logement. Les « plex » seraient une option additionnelle aux tours d’habitations et aux maisons unifamiliales, qui sont omniprésentes.

Enjeu personnel

 

« Je ne serais pas capable, aujourd’hui, d’acheter la maison dans laquelle je vis », a souligné durant la rencontre du 25 novembre la conseillère Ana Bailão, qui représente un quartier à l’ouest du centre-ville et qui préside le comité de logement. Le prix moyen d’une maison a atteint 1,2 million de dollars à Toronto, en novembre, presque le double du prix moyen d’une maison montréalaise. Les maisons unifamiliales représentent 24 % du parc immobilier torontois, contre 7 % à Montréal.

Des membres du comité, dont Ana Bailão, ont commenté le dossier avec passion lors de la rencontre. « Si nous prétendons être une ville qui promeut la diversité et les possibilités, on ne peut pas avoir des quartiers complets qui excluent les gens qui ne peuvent se payer une maison de plusieurs millions de dollars », a lancé la conseillère.

« Les forces du statu quo, ceux qui veulent fermer la porte derrière eux après s’être établis dans un secteur, cette mentalité dit “non” à une génération qui a de l’espoir, qui est optimiste et qui désire profondément rester à Toronto », a affirmé le conseiller Brad Bradford.

Il existe une résistance au changement qui provenait à la fois, par le passé, de conseillers et de résidents. Ceux-ci ont cherché à limiter la construction de « plex » prétextant qu’ils modifieraient le « caractère » du quartier, un terme qui, bien que souvent employé à Toronto, est mal défini selon l’urbaniste en chef, Gregg Lintern.

La décision du comité augmente les chances de voir des « plex » être érigés dans la Ville Reine. Mais les statistiques présentées par l’équipe de Gregg Lintern dans le cadre de sa présentation au comité jeudi après-midi confirment que l’enthousiasme pour le « milieu manquant » est encore timide à Toronto. Entre 2010 et 2020, seulement 226 propriétaires ont demandé à la Ville de leur permettre de modifier leur habitation de manière à construire un « plex » ou à ajouter une unité à un bâtiment existant.

 

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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