Les commerçants lancent un appel au retour des travailleurs au centre-ville de Montréal

Il est temps que les travailleurs reviennent au centre-ville de Montréal, selon la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Dans le cadre du lancement d’une campagne de publicité, l’organisme a appelé lundi le gouvernement provincial à donner l’exemple en amorçant le plan de retour au bureau de ses fonctionnaires.
« Revenez nous voir, on s’ennuie », lance la propriétaire du café La Finca, situé non loin du Palais des Congrès.
Alors que de nouveaux assouplissements sanitaires entraient en vigueur lundi, il manquait encore un élément au bonheur de Marie-Laurence Guindon : le retour quotidien des travailleurs, qui constituaient environ 80 % de sa clientèle avant la pandémie. Depuis cet été, elle revoit quelques visages familiers qui font un saut volontaire au bureau, mais rarement plus d’une fois par semaine.
Or, il faudra un plus grand afflux de travailleurs pour assurer la pérennité de son commerce de quartier. « La rentabilité d’un café ne tient pas à grand-chose. Vingt personnes de plus par jour, ça change le bilan à la fin de l’année », affirme la propriétaire. Elle pointe le café de l’autre côté de la rue, qui, contrairement au sien, a dû fermer ses portes.
« On s’est battus pour être encore là, on veut que ça ait valu la peine », affirme-t-elle.
C’est pour garder vivants le centre-ville et ses commerces, comme celui de Mme Guindon, que la CCMM se mobilise. « Les gens doivent voir à quel point c’est génial de travailler au centre-ville », a déclaré le président-directeur général, Michel Leblanc.
En attente d’un signal de Québec
Au début de l’automne, le gouvernement du Québec a repoussé à une date indéterminée le retour en présentiel de ses employés en raison de la dégradation de la situation sanitaire. De nombreuses entreprises privées ont aussi reculé. Comme le nombre d’hospitalisations est stabilisé autour de 300 depuis environ un mois et qu’il y a une tendance à la baisse des éclosions en milieu de travail à Montréal depuis le 14 septembre, M. Leblanc estime qu’il est temps de remettre ces plans en marche.
« Là, on a des entreprises qui ont activé des programmes de retour encadré, avec distanciation. Il y en a d’autres qui n’ont pas commencé », constate Michel Leblanc. Selon le dernier bilan L’état du centre-ville, 47 % des travailleurs du secteur sont encore exclusivement en télétravail.
Plusieurs entreprises attendent que le gouvernement fasse le premier pas. « Le gouvernement se fait très silencieux, fait remarquer la vice-présidente directrice – Talent, culture et leadership chez Pomerleau, Isabel Pouliot. Un message indiquant qu’on est prêts pour un retour en présentiel, ça pourrait aider. »
L’entreprise de construction a un plan de retour en formule hybride tout prêt à activer si un tel signal arrivait. Pour l’instant, Pomerleau encourage ses employés à venir volontairement au bureau, ce qui se traduit par un achalandage quotidien moyen de 22 % de son personnel du centre-ville.
« Il y a beaucoup de bienfaits à sortir de chez soi, rencontrer des collègues, se retrouver dans un espace qui permet une meilleure séparation entre vie personnelle et vie professionnelle », avance Mme Pouliot.
« On attend l’avis final de la Santé publique », a de son côté répondu la ministre responsable de la région de Montréal, Chantal Rouleau, présente à la conférence de presse de la CCMM. « Il y aura des annonces prochainement, mais je ne peux pas vous en dire plus pour aujourd’hui », a-t-elle ajouté.
Slamer le centre-ville
En attendant, Mme Rouleau appuie la campagne de publicité de la Chambre, S’entrevivre, conçue dans le cadre du projet J’aime travailler au centre-ville,qui a obtenu un financement de 8,5 millions de dollars de Québec. Cette offensive médiatique utilise le slam pour tenter d’attirer l’attention de jeunes professionnels.
« Je le sens, c’est le temps, le temps de te retrouver, toi cœur de tout, toi beau milieu, toi centre-ville », livre l’artiste Antoine Leclerc dans une vidéo promotionnelle. « Il est temps que nos vies s’entre-virevoltent, s’entre-vivent dans tes bras », poursuit-il plus loin.
La ministre a aussi insisté sur l’importance de favoriser l’accessibilité du transport en commun pour attirer les travailleurs. Selon elle, de nouveaux tarifs de l’Autorité régionale de transport métropolitain, qui entreront en vigueur le 1er décembre, seront plus adaptés à la réalité du travail en mode hybride. On trouvera notamment des livrets de 10 passages qui permettront d’utiliser tous les modes de transport collectif à Montréal, Laval et Longueuil.