Le Québec peut-il percer le marché chinois des technologies?

Des enjeux macroéconomiques et géopolitiques internationaux autrement plus importants que l’affaire Huawei vont teinter à court et à moyen terme les échanges technologiques entre la Chine et le Canada. C’est encore plus vrai pour le Québec, qui a somme toute des relations commerciales assez modestes avec ce pays, qui est tout de même son deuxième partenaire commercial en importance hors Canada.
À l’heure actuelle, la principale relation économique chiffrable liant le Québec à la Chine est l’importation de matériel informatique, des ordinateurs et de leurs périphériques. L’investissement chinois dans les technos québécoises n’est pas énorme lui non plus. À titre d’exemple, le capital chinois ne compte que pour 4 % des investissements étrangers directs accompagnés par l’organisme Montréal international dans la région métropolitaine.
À l’inverse, le Québec n’exporte pas beaucoup de ses technos en Chine, mais l’émergence dans l’empire du Milieu de secteurs prometteurs dans lesquels la province compte devenir un leader mondial pourrait créer de nouvelles occasions pour les jeunes pousses et les PME d’ici.
Il y a toutefois un risque à le faire, car les États-Unis représentent une part si importante du solde de la balance commerciale du secteur québécois des technologies —de l’informatique, du secteur de l’énergie ou d’autres — que la province est essentiellement coincée derrière les grandes directives adoptées, sinon par Ottawa, par Washington, observe l’économiste Angelo Katsoras, de la Banque Nationale.
« Les sociétés doivent être plus attentives que jamais aux enjeux géopolitiques avant de déterminer où elles exporteront, dit-il en entrevue au Devoir. En même temps, qui peut se permettre de dire non à l’appel du marché chinois, vu sa taille ? La plupart des technologies porteuses d’avenir sont aujourd’hui considérées comme stratégiques. Pensons à l’intelligence artificielle et aux technologies propres. La Chine préférera miser sur ses propres technologies, ou alors les sociétés québécoises ou canadiennes qui voudront faire des affaires avec elle risqueront de s’éloigner du marché des États-Unis. »
Bref, à moins que les États-Unis ne relâchent la pression économique qu’ils exercent sur la Chine, « il sera très difficile pour les technos québécoises de percer le marché chinois si la Chine ne le veut pas », résume M. Katsoras. À l’inverse, ce que la Chine veut, la Chine finit par l’avoir, ce qui continue de rendre très alléchant ce marché potentiel d’un milliard et demi de consommateurs, ajoute l’économiste montréalais.