L’avenir du travail, une question de bien-être

Pierre-Yves Robert
Collaboration spéciale
Deux hommes travaillant, les pieds dans l'herbe, devant l’hôtel des Invalides, à Paris
Photo: Bertrand Guay Agence France-Presse Deux hommes travaillant, les pieds dans l'herbe, devant l’hôtel des Invalides, à Paris

Ce texte fait partie du cahier spécial Transformation des entreprises

Le télétravail s’est imposé avec la pandémie, mais cela ne signifie pas que l’environnement de travail importe peu. Une récente étude de la firme Accenture révèle que le « modèle hybride » est au cœur des préoccupations des employés canadiens et que seulement un quart des travailleurs au pays se disent stimulés par leur emploi.

Ce modèle hybride, qui se définit par la possibilité de travailler à distance entre 25 % et 75 % du temps, permettrait aux employés de jumeler télétravail et présentiel, dans une approche nouvelle et plus flexible de la routine. Et ce sont 41 % des Canadiens qui en veulent, selon Accenture.

Ainsi, les principaux désirs des employés sont comblés : plus de contacts entre collègues et davantage de visibilité auprès de ses patrons avec la présence au bureau, mais un meilleur équilibre travail-famille et un fort sentiment de liberté à travailler du confort de la maison — quatre éléments importants pour 30 % des répondants du rapport The Future of Work : Productive anywhere.

« Ce dont les gens ont surtout besoin, ce sont les moyens pour bien faire leur boulot, explique Luis Alberola, gestionnaire principal, service-conseil en gestion chez Accenture. L’avenir du monde du travail est très segmenté, avec des personnes qui vont travailler de façon différente. Les employeurs doivent identifier les différents groupes de personnes qu’ils emploient et leur donner des ressources associées à leurs besoins propres. »

Parmi elles, on compte l’autonomie professionnelle, vecteur d’une liberté accrue et d’une meilleure qualité de vie, mais aussi la présence d’un leadership qui donne envie de participer à l’évolution de son environnement de travail, note le gestionnaire.

Le bonheur des uns, le besoin des autres

 

Plusieurs employés ne peuvent toutefois pas travailler de la maison en raison de la nature de leur emploi. On peut penser au domaine de la santé ou à l’industrie du commerce de détail, où la pratique du métier est intimement liée au lieu de travail. Pour cette catégorie, Luis Alberola cite deux points clés pour garder la main-d’œuvre motivée : le bien-être et la productivité.

« Le rapport au travail évolue. Ce qui est le plus important n’est plus tellement l’endroit d’où l’on travaille, mais d’avoir accès à toutes les ressources individuelles et organisationnelles nécessaires pour réaliser efficacement son travail dans les bonnes conditions », détaille Luis Alberola.

En priorisant cette approche hybride, tout le monde gagnerait au change, d’après l’étude.

Avec des ressources adaptées à leurs besoins, 41 % des travailleurs au Canada estiment être en mesure d’être productifs, mais aussi bien portants, en travaillant n’importe où — à distance, sur place, ou en combinant les deux. Les employeurs qui ont mis en place pareil modèle en retirent des avantages financiers, puisque plus de la moitié (56 %) des entreprises canadiennes à forte croissance offrent cette flexibilité à leurs employés, selon Accenture.

Les Canadiens, malheureux au travail ?

Malgré tout, le rapport au travail n’est pas toujours rose.

Seulement 26 % des Canadiens se disent stimulés au travail (contre 42 % à l’échelle mondiale), et 11 % des travailleurs canadiens se sentent déconnectés et insatisfaits. Des statistiques difficiles à expliquer, admet Luis Alberola.

« Je n’ai pas encore vu d’études qui expliquent cette situation, avoue-t-il. On a récolté ces données, mais on doit apprendre à les comprendre. »

À son avis, les outils technologiques et l’absence de collègues peuvent expliquer en partie cette plus grande fatigue de la main-d’œuvre canadienne par rapport au reste du monde.

« Avec la pandémie, on a travaillé de façon médiatisée par la technologie, illustre Luis Alberola. C’est nouveau, et la transition s’est faite très vite. On est tout juste en train d’inventer les codes qui régissent le travail virtuel. Mais il y a une partie très importante : […] socialiser. Dans la portion numérique du travail, c’est vrai que l’on n’a pas encore tout à fait appris à faire ça. »

Et travailler moins dans tout ça ?

Fait à noter, il n’y a pas un mot dans l’étude sur la semaine de quatre jours, un sujet pourtant en vogue à l’échelle mondiale.

En Islande, 86 % des travailleurs ont adopté ce type d’horaire ou sont en voie de le faire. Nouvelle-Zélande, Espagne, Allemagne, Royaume-Uni : nombreux sont les pays où l’idée est sur la table. Au Québec, travailler 32 heures en étant rémunéré pour 40 est une proposition de l’aile jeunesse du Parti libéral du Québec qui a fait couler beaucoup d’encre.

Partout, on mentionne une plus grande productivité à la clé — le thème central du rapport d’Accenture.

« La productivité, c’est un calcul difficile, conclut Luis Alberola. Si un employeur voit que ses employés sont trop souvent connectés, c’est quelque chose qui doit être réglé. Mais en fin de compte, c’est la qualité du travail et la santé mentale qui importent. Le niveau d’efficacité, de plaisir, et l’environnement mis à sa disposition pour qu’on puisse travailler de la meilleure façon. Travailler dans des conditions qui nous rendent productifs, mais avec un certain bien-être, est important pour les employés, mais aussi pour la productivité de l’entreprise, et c’est plus fondamental que jamais. »

Le rapport en chiffres

26 % : c’est le pourcentage de répondants canadiens qui se disent stimulés par leur travail

1 sur 3 : c’est la proportion des répondants qui estiment ne vivre que de la frustration avec leur emploi en ce moment

83 % : c’est, à l’échelle mondiale, le pourcentage de répondants qui estiment que le modèle hybride est idéal pour répondre à leurs besoins (41 % au Canada)

56 % : c’est la proportion des entreprises canadiennes à forte croissance de revenu qui ont établi un modèle hybride pour leurs employés

74 % des membres de la génération Z souhaitent avoir plus de contacts en face à face avec leurs collègues, un pourcentage plus élevé que celui des membres de la génération X (66 %) et des baby-boomers (68 %)

Environ un quart (28 %) des Canadiens estiment que leur entreprise répond à leurs besoins en matière de bien-être émotionnel (contre 36 % à l’échelle mondiale)

26 % des Canadiens disent que leur entreprise répond à leurs besoins en matière de bien-être physique (contre 34 % à l’échelle mondiale)

 

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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