Les syndicats de la FTQ rejettent le projet de loi 59

Le président de la FTQ, Daniel Boyer
Photo: Graham Hughes La Presse canadienne Le président de la FTQ, Daniel Boyer

Alors que l’étude détaillée de la réforme en santé-sécurité du travail tire à sa fin, la FTQ a marqué son désaccord avec le projet de loi 59 par un vote unanime de tous ses grands syndicats contre la réforme, jeudi soir.

Lors d’une réunion spéciale, les représentants de tous ses grands syndicats ont rejeté le projet de loi : les Métallos, Unifor, les Teamsters, les Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC), le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), la FTQ-Construction, le Syndicat des travailleurs des Postes, l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), le Syndicat professionnel des employés de bureau (SEPB), l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA), le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES) et d’autres.

En entrevue vendredi, le président de la FTQ, Daniel Boyer, a indiqué que ses syndicats en sont si mécontents qu’ils préfèrent repartir à zéro avec un autre projet de loi. Au départ, ils croyaient pouvoir le faire amender. Mais après des mois d’étude en commission et à l’approche de son adoption, ils ne croient plus cela possible.

« On tente d’améliorer quelque chose qui est parti tout croche. Faut “scrapper” tout ça, résume M. Boyer. On en veut un autre. Il faut que le ministre refasse ses devoirs. Il faut repartir à zéro, réécrire un projet de loi où on va retrouver des mécanismes de prévention pour tous les secteurs d’activité, dans tous les milieux de travail, qui va protéger tous les travailleurs. La vie et la santé des travailleurs, ça n’a pas de coût. »

Le président de la plus grande centrale syndicale du Québec reproche au ministre du Travail, Jean Boulet, d’avoir refusé de trancher le litige entre les employeurs et les syndicats concernant ces mécanismes de prévention.

Il a confié le tout à la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail), un organisme paritaire, où syndicats et patrons devront tenter de trouver un consensus. « On aurait souhaité plus de courage du ministre. Le ministre dit qu’il va y avoir des mécanismes dans l’ensemble des secteurs d’activité, mais quels mécanismes ? On va accoucher de quoi dans deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans ? Et entre-temps, est-ce qu’il va y avoir des mesures transitoires ? » demande M. Boyer.

La CSD aussi

 

Même son de cloche à la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), où le président, Luc Vachon, reproche au projet de loi de réduire l’accès à l’indemnisation et à la réadaptation, pour réaliser « des économies de bouts de chandelle ». « S’il propose d’étendre à tous les milieux de travail la prévention, il affaiblit du même coup considérablement l’efficacité des mécanismes de prévention et marginalise la participation des travailleurs et des travailleuses. Dans ces conditions, nous ne pouvons attribuer la note de passage à la réforme proposée par Jean Boulet. Nous devons appeler au rejet du projet de loi, bien malheureusement », affirme M. Vachon.

De son côté, le patronat juge le régime trop coûteux pour les employeurs et trop lourd. Le Conseil du patronat (CPQ) le trouve trop généreux pour ce qui est de la durée et du montant des indemnisations. Il lui reproche aussi ses longs délais de traitement des dossiers et pour le retour au travail.

 

Le président et chef de la direction du CPQ, Karl Blackburn, se dit déçu lui aussi de la réforme. « Les travailleurs ne seront pas plus protégés qu’auparavant, alors que la productivité va chuter et que les coûts vont augmenter. »

 

Le patronat est aussi insatisfait de la réforme proposée par Jean Boulet, jugeant le régime trop coûteux pour les employeurs et trop lourd. Et le Conseil du patronat le trouve trop généreux quant à la durée et au montant des indemni-sations.

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