Les PME tardent à retrouver leurs revenus d’avant la pandémie

Dans le secteur de la restauration, notamment, 9 entreprises sur 10 ont été forcées d’alourdir leur endettement pendant la pandémie.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir Dans le secteur de la restauration, notamment, 9 entreprises sur 10 ont été forcées d’alourdir leur endettement pendant la pandémie.

Même si de nombreuses PME ont maintenant rouvert leurs portes, bien peu d’entre elles ont retrouvé leurs revenus d’avant la pandémie, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui en appelle à une prolongation des mesures d’aides gouvernementales.

Plus des trois quarts des PME sont aujourd’hui ouvertes sans restriction au Canada, rapporte la FCEI en se basant sur une enquête réalisée du 5 au 10 août auprès de 2878 de ses membres. Le retour à la normale se fait plus un peu plus lent du côté du nombre d’employés, près de la moitié d’entre elles (47 %) ayant retrouvé leurs effectifs d’avant la COVID-19.

Mais c’est en matière de ventes que le manque à gagner reste le plus grand : seulement 39 % des PME rapportent un retour à des revenus normaux.

« Même lorsque les propriétaires peuvent reprendre leurs activités et se doter d’un effectif suffisant, rien ne garantit que la majorité de leur clientèle sera de retour et que leurs ventes reviendront au niveau habituel dans l’immédiat », constate un rapport d’une quinzaine de pages, que la FCEI a dévoilé mardi.

39 %
C’est le pourcentage des PME qui rapportent un retour à des revenus normaux, selon l’enquête réalisée par la FCEI du 5 au 10 août auprès de 2878 de ses membres.

Ce retard dans la reprise des ventes ne va pas sans nuire à la capacité des entreprises de rembourser les dettes qu’elles ont contractées durant la crise, souligne la FCEI. Or, en mai, 7 propriétaires de PME sur 10 ont dit s’être endettés pour faire face aux répercussions de la pandémie, à raison d’une dette moyenne de 170 000 $ par entreprise, pour un total pancanadien frisant les 139 milliards.

« Bien que la dette moyenne globale accumulée à cause de la COVID-19 soit relativement stable depuis six mois, son remboursement sera le prochain défi majeur des PME [étant donné] qu’elles doivent encore faire face à plusieurs difficultés : revenus insuffisants, capacité d’accueil limitée et incertitude générale, alors que l’automne et l’hiver sont à nos portes », fait valoir dans un communiqué François Vincent, vice-président de la FCEI.

Réalité contrastée

 

Ces moyennes cachent aussi d’importantes variations entre les différentes régions et les différents secteurs économiques.

Au Québec, le retour à la normale semble notamment un peu plus avancé, à raison de 80 % de PME complètement ouvertes, 51 % avec tout leur personnel et 49 % avec des revenus normaux. Le niveau d’endettement contracté à cause de la COVID-19 apparaît également un peu moins prononcé, avec une dette moyenne par entreprise de 96 500 $, pour un total d’un peu plus de 15 milliards.

Bien que la dette moyenne globale accumulée à cause de la COVID-19 soit relativement stable depuis six mois, son remboursement sera le prochain défi majeur des PME

 

Les plus grandes différences s’observent toutefois entre les secteurs économiques. Si environ la moitié des PME canadiennes ont été forcées d’alourdir leur endettement pendant la pandémie dans les domaines d’activité relativement moins touchés de la finance, de l’assurance ou de l’immobilier, on parle de 9 entreprises sur 10 dans le monde des arts, celui des loisirs et de l’information ou dans celui de l’hébergement et de la restauration. La dette supplémentaire dont il est question n’est pas la même non plus, avec une moyenne d’à peine 89 000 $ par entreprise dans le secteur de la finance contre 220 000 $ pour celui de la fabrication et 333 000 $ pour celui de l’hébergement et de la restauration.

Pas étonnant, dit la FCEI, que les trois quarts des PME canadiennes qui ont dû contracter de nouvelles dettes à cause de la COVID-19 ne croient pas avoir fini de la rembourser dans un an, que presque la moitié ne pensent pas que deux ans suffiront non plus et que 13 % craignent même ne jamais y arriver. Ces perspectives apparaissent encore plus sombres en hébergement et en restauration, où, cette fois, ce sont les deux tiers des entreprises qui pensent avoir besoin de plus de deux ans et le quart qui disent que c’est peine perdue.

Dans ce contexte, les gouvernements devraient non pas réduire, mais bonifier et prolonger leurs programmes d’aide aux entreprises, conclut notamment la FCEI.

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