La Chambre de commerce appuie le projet de Ray-Mont Logistiques

Le conflit avec la Ville concernant le projet de transbordement de conteneurs de Ray-Mont Logistiques, près du port de Montréal, pourrait dissuader d’autres entreprises d’investir dans la métropole, craint la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
Le président-directeur général de l’organisme, Michel Leblanc, a réitéré son soutien au projet controversé. Il reproche aux élus municipaux de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve d’avoir voulu changer les règles du jeu après l’achat du terrain de 2,5 millions de pieds carrés par Ray-Mont Logistiques en 2016.
« Quand les entreprises font des investissements de plein droit […] la responsabilité de la Ville est de travailler avec les promoteurs, de faire en sorte que ce soit le meilleur projet possible. Si on doit sortir de cette reconnaissance de l’État de droit, les entreprises vont hésiter avant d’investir, ce qui veut dire qu’il n’y aura pas un renouvellement de nos entreprises, il n’y aura pas de création de richesse et d’emplois », a-t-il affirmé lors d’un entretien public en ligne, lundi, avec le président-directeur général de Ray-Mont Logistiques, Charles Raymond.
Le terrain de Ray-Mont est situé en zone industrielle, ce qui permet la construction de sa plateforme logistique intermodale. Celle-ci prévoit le transport et l’entreposage de centaines de conteneurs remplis de grains quotidiennement, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Mais le projet a été mal reçu par les citoyens et les conseillers municipaux, en raison des nuisances sonores, visuelles et de l’air qui y sont associées.
Fin de non-recevoir
Charles Raymond dit avoir voulu établir le dialogue avec ces derniers afin de mettre en place des mesures d’atténuation, mais se serait heurté à une fin de non-recevoir. « On me disait : “ton projet, on ne veut pas que tu le fasses” », a-t-il soutenu lundi, soulignant avoir dépensé 15 millions de dollars pour réhabiliter le terrain fortement contaminé.
En 2017, le conseil d’arrondissement avait refusé de délivrer le permis de construction demandé par Ray-Mont, qui ne comprenait aucune mesure de mitigation. Selon M. Raymond, l’arrondissement a aussi modifié la réglementation affectant les activités permises sur le terrain en question. L’entreprise s’est alors adressée aux tribunaux pour faire valoir son droit d’obtenir son permis de construction et a gagné en Cour supérieure puis en Cour d’appel.
Maintenant que Ray-Mont a obtenu le feu vert, M. Leblanc exhorte la Ville à exercer son leadership pour trouver une solution acceptable pour les citoyens et pour l’entreprise. Du côté de l’arrondissement, on souligne qu’une rencontre est prévue le 2 juin entre Charles Raymond, le directeur de l’arrondissement et la directrice du Service du Développement économique de la Ville de Montréal. Les élus, eux, n’ont pas confirmé leur présence.
Le contexte judiciaire « rend tout extrêmement difficile », selon la responsable des communications des élus de l’arrondissement, Catherine Barbeau. En effet, Ray-Mont poursuit la Ville pour 373 millions, et les élus craindraient que leurs propos soient retenus contre eux. Or, Michel Leblanc croit qu’une entente à l’amiable serait un dénouement souhaitable. « Ça, ça présuppose que les parties se parlent », dit-il.
Un pôle logistique
La CCMM estime que ce projet est « excellent pour l’économie ». « Par le biais de l’augmentation de nos importations et de nos exportations, les activités de conteneurs sont appelées à augmenter. Là, on a une zone qui devrait servir de pôle logistique pour soutenir ces activités », a fait valoir M. Leblanc.
De son côté, M. Raymond vante la création de « 200 nouveaux emplois de qualité et bien rémunérés ». Il indique également que son déménagement réduira ses émissions de gaz à effet de serre de plus de 80 %, puisque l’entreprise effectue présentement du camionnage lourd entre son site situé dans le Sud-Ouest et le port de Montréal.
Lors de l’entretien de lundi, M. Raymond a expliqué que ses technologies, qui utilisent de l’intelligence artificielle, permettent de baisser les coûts dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement et de « démocratiser l’accès aux marchés mondiaux pour les plus petits exportateurs qui souhaitent rivaliser avec les grands joueurs internationaux ».
Pas dans ma cour ?
La mobilisation citoyenne, quant à elle, fait partie du phénomène « pas dans ma cour », selon M. Leblanc. « C’est une zone industrielle, proche du port. On peut apparenter ça à des gens qui achètent une maison près de l’aéroport et qui voudraient qu’il n’y ait pas de bruit d’avion », a-t-il dit.
Ce à quoi Anaïs Houde, militante du groupe Mobilisation 6600 parc-nature MHM, a tenu à réagir. « Ce n’est pas du tout la même chose. Ces terrains vagues étaient abandonnés depuis des dizaines d’années et étaient renaturalisés. Il n’y a jamais eu de développement industriel de cette ampleur et ce n’est pas acceptable à 30 mètres des habitations, a-t-elle argué. Est-ce égoïste de ne pas vouloir en arrière de chez nous 100 wagons par jour, huit étages de conteneurs, des bruits métalliques en permanence ? Qu’est-ce qu’il y a de mal à vouloir un environnement sain ? »