Air Canada réclame un plan de reprise pour les voyages

Le transporteur basé à Montréal a subi lors des trois premiers mois de l’exercice en cours une perte d’exploitation de 1,049 milliard $ comparativement à une perte de 433 millions $ au premier trimestre de 2020.
Photo: Nathan Denette Archives La Presse canadienne Le transporteur basé à Montréal a subi lors des trois premiers mois de l’exercice en cours une perte d’exploitation de 1,049 milliard $ comparativement à une perte de 433 millions $ au premier trimestre de 2020.

Près d’un mois après l’annonce d’un plan d’aide pouvant atteindre 5,9 milliards avec Ottawa, Air Canada veut savoir quand le ciel va vraiment s’éclaircir.

Pour y arriver, le transporteur aérien réclame qu’Ottawa développe et rende public un plan permettant la reprise des voyages internationaux vers et depuis le Canada. Les Canadiens « ont hâte de voyager » et ils « veulent savoir quand » ils pourront le faire, a lancé vendredi le président et chef de la direction du transporteur aérien, Michael Rousseau, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

Alors que les restrictions sont en vigueur depuis « 14 mois », le taux de vaccination augmente et le grand patron estime qu’« il est temps » qu’Ottawa planifie « les prochaines étapes ». « Il a été prouvé que la quarantaine forcée à l’hôtel à l’arrivée était inefficace. Elle devrait être abolie », a tranché M. Rousseau. Il a dit croire qu’une approche combinant des tests et une quarantaine « modifiée et plus adéquate » permettrait de trouver un juste équilibre.

Air Canada, qui brûle du capital à raison de 14 millions par jour ces temps-ci, estime que le moment où il renouera avec la rentabilité dépend entièrement de celui où le gouvernement lèvera les restrictions et où les marchés seront rouverts.

Le transporteur aérien a dit aux analystes surveiller « très, très attentivement » la reprise des voyages d’affaires, et il prévoit que leur reprise se fera aux alentours de la fête du Travail, au début de septembre.

Des indications de la reprise des voyages par cette clientèle sont observées aux États-Unis. Il y a « vraiment un appétit des entreprises pour une reprise des voyages », a déclaré Lucie Guillemette, vice-présidente générale et cheffe des affaires commerciales. En ce moment, la quarantaine obligatoire « est l’élément le plus dissuasif ».

Les entreprises clientes qu’Air Canada a consultées prévoient toutefois de réduire le nombre d’allers-retours faits dans la même journée, a-t-elle confié, « mais d’un point de vue international, transfrontalier, l’intention est de reprendre ».

Au chapitre des voyages de loisirs, le transporteur dit aussi s’attendre à ce que le pic saisonnier de l’été soit reporté un peu à septembre et octobre. Il observe aussi « une forte demande » pour les destinations soleil durant l’hiver, « alors que les Canadiens commencent à prévoir impatiemment leurs premières vacances des Fêtes après la fin de la pandémie ». La demande depuis le Canada serait particulièrement forte pour le Mexique, la République dominicaine, Hawaï et la Floride.

Remboursement : pas de ruée

Air Canada a beau leur devoir des milliards de dollars en billets annulés en raison de la pandémie de COVID-19, ses clients sont moins pressés que prévu à réclamer leur dû, alors qu’il ne leur reste que quelques semaines pour se prévaloir de cette modalité de l’entente conclue avec Ottawa.

« Nous sommes un peu surpris », a admis vendredi Amos Kazzaz, le vice-président général et chef des affaires financières d’Air Canada, en réponse à un analyste financier. « Le décollage a été beaucoup plus lent que prévu, malgré toute la couverture médiatique que nous avons vue. Nous continuons de communiquer activement avec nos clients, de façon proactive, pour le leur rappeler, s’ils ont des billets qui sont admissibles pour des remboursements. »

M. Kazzaz n’a pas précisé la valeur des billets remboursés jusqu’à présent et le service des communications du transporteur n’avait pas répondu à une demande en ce sens de La Presse canadienne au moment de publier. En février dernier, l’entreprise avait indiqué qu’elle conservait 2,3 milliards en ventes de billets à son plus récent trimestre.

Le plus important transporteur aérien au pays ne crédite pas automatiquement ses clients dont elle retenait les fonds, mais réclame plutôt qu’ils formulent une demande pour obtenir le remboursement. Et le temps presse. Les voyageurs ont jusqu’au 12 juin pour faire la demande en ligne ou auprès d’une agence de voyages si nécessaire.

Grosse perte

 

Le transporteur a subi lors du premier trimestre clos le 31 mars une perte nette de 1,3 milliard, comparativement à une perte de 1 milliard pour la même période l’an dernier, ou de 3,90 $ par action, contre 4 $. Les revenus trimestriels ont totalisé 729 millions, en baisse par rapport à ceux de 3,7 milliards du premier trimestre de 2020.

 

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