Bombardier engagé dans un nouveau litige

Les revenus de Bombardier tirés des activités liées aux avions d’affaires devraient atteindre 1,3 milliard de dollars américains au cours de la période de trois mois ayant pris fin le 31 mars, en hausse de 18 % par rapport à la même période l’an dernier.
Paul Chiasson La Presse canadienne Les revenus de Bombardier tirés des activités liées aux avions d’affaires devraient atteindre 1,3 milliard de dollars américains au cours de la période de trois mois ayant pris fin le 31 mars, en hausse de 18 % par rapport à la même période l’an dernier.

Bombardier a encouragé les analystes en donnant un aperçu de sa performance au premier trimestre, mais l’entreprise se retrouve dans un nouveau litige puisqu’elle doit solliciter l’appui de certains créanciers à la suite d’allégations formulées par un prêteur mécontent.

Selon l’avionneur, l’élément déclencheur de l’affaire découle d’une lettre reçue le 22 avril dernier des avocats d’un détenteur d’obligations qui viennent à échéance en 2034 et qui stipule que les nombreuses ventes d’actifs — les cessions de Bombardier Transport à Alstom, du programme CRJ à Mitsubishi et du secteur aérostructures — enfreignent certaines clauses de l’acte de fiducie.

Le constructeur de jets d’affaires a estimé, dans un communiqué publié lundi, à trois jours du dévoilement de ses résultats du premier trimestre et de la tenue de son assemblée annuelle des actionnaires, que ces allégations étaient « sans fondement ». L’identité du plaignant n’a pas été dévoilée par la multinationale québécoise. « La société est d’avis que les mesures qu’elle a prises lui permettront de repositionner l’entreprise, de renforcer son bilan, d’accélérer son désendettement et de mieux positionner Bombardier », a-t-elle fait valoir.

Néanmoins, pour éviter d’autres événements du genre, le constructeur d’avions d’affaires a décidé de solliciter le consentement de ses prêteurs pour apporter des modifications aux ententes concernant huit tranches de dettes dont l’échéance est prévue entre 2022 et 2034. Bombardier souhaite clairement indiquer qu’elle pouvait conclure les transactions préalablement annoncées tout en respectant les accords.

Les créanciers ont jusqu’au 11 mai pour décider. Ceux qui accepteront recevront 1,25 $ US par tranche de 1000 $ US de capital détenu. Les paiements s’effectueront en dollars canadiens pour des débentures qui viennent à échéance en 2026. Bombardier n’a pas voulu chiffrer l’impact financier de cet imprévu, mais il sera assurément de plusieurs millions de dollars.

« Cela était inattendu, mais la réponse [de Bombardier] semble raisonnable, a observé Chris Murray, analyste chez ATD Capital Markets, au cours d’un entretien téléphonique. En présumant d’un dénouement favorable, il y aura une facture à payer, mais le dossier devrait être clos. »

Il s’agit néanmoins d’un autre écueil pour le président et chef de la direction de Bombardier, Éric Martel, qui a présenté, en mars dernier, un nouveau plan quinquennal dans l’espoir de relancer une entreprise désormais uniquement présente dans le secteur des luxueux jets d’affaires.

Plus encourageant

 

Parallèlement, l’entreprise a signalé que ses revenus tirés des activités liées aux avions d’affaires devraient atteindre 1,3 milliard de dollars américains au cours de la période de trois mois ayant pris fin le 31 mars, en hausse de 18 % par rapport à la même période l’an dernier. Le bénéfice d’exploitation ajusté devrait être de 123 millions. Les analystes sondés par la firme de données financières Refinitiv prévoyaient des recettes de 1,18 milliard ainsi qu’un bénéfice d’exploitation ajusté de 89 millions.

« Le premier trimestre a marqué un solide départ pour l’exercice grâce à nos initiatives en matière de réduction des coûts, […] aux progrès continus réalisés au chapitre de la courbe d’apprentissage [du] Global 7500 et à la forte demande qui a favorisé l’expansion importante des marges », a souligné M. Martel dans une déclaration. Bombardier s’attend à avoir livré 26 jets d’affaires entre janvier et mars, soit la même quantité qu’il y a un an. La répartition entre les différentes familles d’appareils n’a pas été précisée.

L’entreprise table toujours sur une prévision oscillant entre 110 et 120 appareils pour l’exercice en cours.

« Nous accueillons favorablement les résultats préliminaires du premier trimestre qui ont dépassé les attentes à plusieurs égards, même si cela est partiellement contrebalancé par les allégations [formulées par un créancier] », a souligné Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, dans une note. L’analyste a également indiqué que la prévision de l’utilisation des flux de trésorerie fixée à 405 millions était largement sous sa cible de 668 millions.

En 2020, une année marquée par la pandémie et des interruptions temporaires de production, Bombardier a livré 114 avions d’affaires, une baisse de 28 % par rapport à l’année précédente.

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