Ottawa s’est entendu avec Air Canada sur un plan d’aide de 5,9 milliards de dollars

Air Canada a accepté des restrictions en ce qui a trait aux dividendes, aux rachats d’action ainsi qu’à la rémunération de ses hauts dirigeants.
Photo: Graham Hughes La Presse canadienne Air Canada a accepté des restrictions en ce qui a trait aux dividendes, aux rachats d’action ainsi qu’à la rémunération de ses hauts dirigeants.

Après des mois de négociations, le gouvernement Trudeau s’est finalement entendu avec Air Canada pour lui offrir un soutien financier pouvant aller jusqu’à 5,9 milliards de dollars.

La vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, et le ministre des Transports, Omar Alghabra, en ont fait l’annonce lundi soir. Cette aide financière sera octroyée sous forme de prêts remboursables et d’une participation au capital. Elle sera remise par l’entremise du Crédit d’urgence pour les grands employeurs (CUGE).

En échange, le plus important transporteur aérien au pays a pris une série d’engagements afin de rembourser ses clients dont les vols ont été annulés en raison de la pandémie de COVID-19, en plus de rétablir des liaisons régionales. Il a également accepté des restrictions en ce qui a trait aux dividendes, aux rachats d’action ainsi qu’à la rémunération de ses hauts dirigeants.

Avec cette entente, Ottawa a dit s’engager à appuyer le retour graduel des activités commerciales dans le secteur de l’aviation du Canada « d’une façon qui continue de prioriser la santé, la sûreté et la sécurité de tous les Canadiens ». Des négociations sont d’ailleurs en cours avec d’autres transporteurs canadiens « pour déterminer le soutien financier qu’ils pourraient recevoir », a précisé le ministère des Finances par communiqué.

« Toute entente conclue comprendra une exigence stipulant que la compagnie aérienne devra également rembourser les passagers pour des annulations liées à la pandémie », affirme le ministère. « Dans l’éventualité où la compagnie n’aurait pas besoin d’un soutien à la liquidité du gouvernement, le gouvernement demeure prêt à aider toutes les compagnies aériennes à rembourser les bons de voyage de leurs clients », ajoute-t-on.

Aide à l’industrie

Dans un communiqué, Air Canada a expliqué que les sommes obtenues répondent à plusieurs objectifs, comme obtenir un « niveau de protection important », rembourser ses clients, maintenir ses effectifs et rétablir des liaisons régionales.

« Plus important encore, ce programme nous procure les liquidités supplémentaires dont nous pourrions avoir besoin pour rebâtir notre entreprise dans l’intérêt de toutes les parties prenantes et pour continuer à contribuer largement à l’économie canadienne durant la reprise et à long terme », a fait valoir son président et chef de la direction, Michael Rousseau.

5,9 milliards
C’est le montant des liquidités qu’Air Canada pourra recevoir du gouvernement fédéral, en échange d’une série d’engagements, notamment celui de rembourser les clients dont les vols ont été annulés en raison de la pandémie.

Le Canada était le seul pays du G7 à ne pas offrir une aide spécifique à l’industrie aérienne depuis le début de la crise sanitaire, qui a engendré des restrictions qui se sont avérées catastrophiques pour l’industrie aérienne.

Ottawa avait fixé la condition des remboursements pour accepter de voler au secours de l’industrie. Par exemple, Air Canada avait indiqué, en février, qu’elle conservait 2,3 milliards en vente de billets à son plus récent trimestre.

« À l’heure où la campagne de vaccination s’accélère, nous continuons de travailler avec le gouvernement du Canada à l’évolution de mesures de dépistage et d’atténuation de la quarantaine sûres et fondées sur des données scientifiques dans l’optique de relancer notre secteur en toute sécurité », a souligné M. Rousseau.

Sévères turbulences

 

Plusieurs dizaines de milliers de licenciements ont eu lieu chez les principaux transporteurs depuis le début de la crise sanitaire à la suite de l’imposition de restrictions visant à limiter la propagation du nouveau coronavirus, ce qui a fait plonger la demande.

Air Canada a perdu 4,6 milliards au cours de l’exercice terminé le 31 décembre dernier en plus de voir ses revenus plonger de 70 % et le volume de passagers transportés s’effondrer de 73 %. En octobre dernier, l’entreprise avait également annulé 12 des 45 commandes fermes d’A220 d’Airbus assemblés à Mirabel.

Le gouvernement a parlé d’un plan qui « aidera Air Canada à survivre au ralentissement économique actuel et protégera des milliers d’emplois canadiens ».

En vertu de ce plan, la Corporation de financement d’urgence d’entreprises du Canada (CFUEC) s’est engagée à offrir des prêts de 4 milliards de dollars. Ottawa deviendra également actionnaire d’Air Canada en achetant pour 500 millions d’actions au prix unitaire de 23,18 $, ce qui constitue un escompte d’environ 16,5 % par rapport au cours de clôture du titre (27 $), lundi, à la Bourse de Toronto.

La CFUEC recevra également des bons d’option d’achat d’actions d’Air Canada d’une valeur égale à 10 % des engagements de prêts.

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