Le plus gros actionnaire de Transat dit non à PKP

Le siège social de Transat A.T., à Montréal
Photo: Olivier Zuida Le Devoir Le siège social de Transat A.T., à Montréal

Faute d’un mariage avec Air Canada, le principal actionnaire de Transat A.T. souhaite que le voyagiste continue à voler de ses propres ailes et se dit disposé à mettre la main à la pâte afin que ce scénario se concrétise.

La firme Letko, Brosseau & Associés serait prête à appuyer certains moyens, comme en achetant davantage d’actions dans le cadre d’une émission de droits préférentiels de souscription, dans le but de permettre à la société mère d’Air Transat d’avoir les reins plus solides. « Lorsque nous avons parlé à la direction [de Transat], nous avons indiqué que nous serions prêts à faire cela et le message a été passé », a expliqué Peter Letko, le cofondateur de la firme montréalaise, mercredi, au cours d’un entretien téléphonique où il a répété qu’il n’était pas intéressé par l’offre de 5 $ par action émanant de Pierre Karl Péladeau.

M. Letko croit que la marque du voyagiste est « forte » et que la demande sera au rendez-vous pour les voyages d’agrément après la pandémie de COVID-19 puisque les gens auront envie d’aller ailleurs.

Mais afin d’être en mesure de passer au travers de l’année, Transat A.T. doit maintenant boucler un financement d’au moins un demi-milliard de dollars. Elle mise à la fois sur le programme fédéral du Crédit d’urgence pour les grands employeurs (CUGE) ainsi que sur un éventuel plan d’aide sectoriel d’Ottawa à l’industrie aérienne. Le gouvernement Legault s’est également montré ouvert à offrir un soutien financier.

Selon un porte-parole du voyagiste, Christophe Hennebelle, les discussions étaient « très avancées » avec le gouvernement Trudeau. « Nous n’avons pas de commentaires sur les discussions privées que l’on pourrait avoir », a-t-il répondu, lorsqu’interrogé sur les propos du cofondateur de Letko, Brosseau & Associés. D’après la firme de données financières Refinitiv, la firme détient environ 12,7 % des actions en circulation de Transat A.T., devant le Fonds de solidarité FTQ (11,6 %) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (5,8 %). Les deux investisseurs institutionnels n’ont pas voulu commenter le scénario avancé par M. Letko.

En entrevue, ce dernier a expliqué qu’il serait « très heureux » de voir M. Péladeau s’impliquer afin d’épauler le voyagiste et l’aider à traverser l’actuelle période de turbulences. Le cofondateur de Letko, Brosseau & Associés a toutefois pris soin d’ajouter que l’offre de 5 $ par action en espèces proposée par l’homme d’affaires était « très modeste ». « S’il était un actionnaire important impliqué dans le financement de l’entreprise, je n’aurais aucun problème avec cela, a dit M. Letko. Mais nous ne voulons pas vendre à ce prix ».

Mercredi après-midi, il n’avait pas été possible d’obtenir une réaction de l’actionnaire de contrôle de Québecor. En décembre dernier, Letko, Brosseau & Associés avait voté en faveur de l’offre révisée à 5 $ par action proposée par Air Canada. M. Letko a expliqué que la firme avait agi ainsi parce qu’elle pouvait échanger chaque action de Transat A.T. contre 0,2862 action du plus important transporteur aérien au pays. Si l’arrangement avait encore été valide, cette option aurait conféré, mercredi, une valeur d’environ 7,98 $ par action de Transat A.T.

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