Air Canada garde espoir malgré une perte record de 4,6 milliards

Après avoir perdu 4,6 milliards au cours d’une année présentée comme la « plus sombre de toute l’histoire de l’aviation commerciale », Air Canada a bon espoir de voir les négociations qui se déroulent avec le gouvernement Trudeau mener à l’annonce d’une aide pour l’industrie.
Pour la première fois depuis le début de la pandémie de COVID-19, le président et chef de la direction de la société, Calin Rovinescu, qui a critiqué l’inaction d’Ottawa à plus d’une reprise, s’est montré « très encouragé » vendredi. « Les discussions se sont accélérées à un rythme que je qualifierais de négociations correspondant davantage à quelque chose qui mène à un résultat », a-t-il expliqué, vendredi, dans le cadre d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du quatrième trimestre.
M. Rovinescu tirera sa révérence lundi et sera remplacé par l’actuel chef de la direction financière, Michael Rousseau.
Au terme de l’exercice terminé le 31 décembre, les revenus annuels du plus important transporteur aérien au pays ont plongé de 70 % pour s’établir à 5,8 milliards. Le volume de passagers transportés s’est contracté de 73 %. En moyenne, l’entreprise a puisé quotidiennement 13 millions dans ses liquidités et a vu sa dette atteindre 7 milliards, en croissance de 2 milliards.
Même s’il a abordé plusieurs dossiers avec les analystes financiers, M. Rovinescu n’a toutefois fait aucune remarque concernant l’acquisition de Transat A.T., qui avait obtenu un feu vert conditionnel d’Ottawa la veille.
Si rien ne garantit qu’une entente surviendra avec le gouvernement Trudeau, le patron d’Air Canada a précisé qu’une aide sectorielle, qui fait l’objet de négociations depuis plusieurs mois, s’accompagnerait de dispositions entourant le remboursement des passagers, d’un plan de retour pour les liaisons régionales ainsi que d’un soutien pour l’industrie aérospatiale. « L’Association internationale du transport aérien a estimé que les gouvernements ont offert plus de 200 milliards $US [au secteur aérien] alors que le Canada demeure le seul pays membre du G7 à ne pas l’avoir fait », a souligné M. Rovinescu.
À l’instar des autres compagnies aériennes, Air Canada a réduit son offre de service en raison de la crise sanitaire en plus de sabrer son effectif à plus d’une reprise. L’entreprise avait licencié 20 000 travailleurs l’an dernier — environ la moitié de sa main-d’œuvre — et a annoncé 1500 autres mises à pied plus tôt cette semaine.
L’Association internationale du transport aérien a estimé que les gouvernements ont offert plus de 200 milliards $US [au secteur aérien] alors que le Canada demeure le seul pays membre du G7 à ne pas l’avoir fait
Selon M. Rovinescu, une aide gouvernementale pourrait en partie être calquée sur ce qui a été offert aux États-Unis, soit un programme pour payer les salaires ainsi « qu’un programme de prêts échelonnés sur une période de cinq ans ».
Acquisition de Transat
En ce qui a trait à l’acquisition proposée de Transat A.T., Air Canada s’est limitée à rappeler que la date butoir entourant la vente du voyagiste avait été fixée au 15 février, alors que la Commission européenne n’a toujours pas tranché. Après cette échéance, les deux parties ne sont plus liées à la transaction. Elles peuvent toutefois s’entendre pour reporter la date butoir.
Les autorités européennes avaient décidé de se pencher de manière approfondie sur la transaction après avoir soulevé des préoccupations selon lesquelles le regroupement pourrait entraîner une hausse des prix et une diminution de l’offre. Puisqu’elles attendent toujours certaines informations de la part des deux entreprises, son étude est suspendue depuis le 22 décembre dernier. « Tout est toujours sur pause », a souligné une porte-parole de la Commission européenne, Maria Tsoni, dans un courriel envoyé à La Presse canadienne.
Transat A.T. a dit s’attendre à une décision des autorités européennes d’ici la fin de juin. L’entreprise souhaite « discuter » avec Air Canada pour « proroger la date butoir » de l’arrangement.
En ce qui a trait à sa performance pendant les trois derniers mois de son exercice, Air Canada a affiché une perte nette de 1,16 milliard, ou 3,91 $ par action, par rapport à un bénéfice de 152 millions, ou 56 ¢ par action, à la même période l’année précédente. Ses revenus ont décliné à 827 millions, alors qu’ils avaient été de 4,43 milliards au dernier trimestre de l’exercice en 2019.
Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, a estimé dans un rapport que les résultats d’Air Canada au quatrième trimestre avaient été sous ses attentes au chapitre des profits et de sa consommation de trésorerie, notamment. « Sur une note encourageante, l’entreprise a semblé optimiste, pour la première fois, en ce qui concerne le soutien gouvernemental sectoriel », a souligné l’analyste.