La Banque mondiale révise la croissance à la baisse

Le siège de la Banque mondiale à Washington. L’institution a livré mardi un diagnostic pessimiste de l’économie mondiale, malade de la COVID-19, et averti que son rétablissement dépendra en grande partie de la rapidité du déploiement des campagnes de vaccination.
Photo: Daniel Slim Agence France-Presse Le siège de la Banque mondiale à Washington. L’institution a livré mardi un diagnostic pessimiste de l’économie mondiale, malade de la COVID-19, et averti que son rétablissement dépendra en grande partie de la rapidité du déploiement des campagnes de vaccination.

La Banque mondiale a présenté mardi un diagnostic pessimiste de l’économie mondiale, malade de la COVID-19, et averti que son rétablissement dépendra en grande partie de la rapidité du déploiement des campagnes massives de vaccination.

L’institution a abaissé sa prévision de la croissance dans le monde pour 2021 qu’elle évalue désormais à 4 % au lieu de 4,2 %, prévu en juin. Pour 2020, la chute de l’économie a finalement été moins sévère qu’estimée à -4,3 % au lieu d’une première évaluation de -4,5 %, a précisé la Banque mondiale dans ses perspectives économiques mondiales.

Cette révision en baisse de la croissance mondiale cette année a été provoquée par la hausse, au cours des derniers mois de 2020, des contaminations par le nouveau coronavirus et l’apparition de ses nouveaux variants.

Elles entraînent des restrictions supplémentaires perturbant encore un peu plus l’activité économique aux États-Unis et en Europe notamment.

Ces contretemps, dont la conséquence est le ralentissement de la croissance, ont aussi entraîné, selon la Banque mondiale, une réduction « considérable » des revenus publics et privés.

D’un côté, les recettes fiscales ont chuté, tandis que les cortèges de licenciements ont affecté le pouvoir d’achat des ménages.

« La reprise risque […] de rester modeste si les responsables politiques ne passent pas résolument à l’action pour endiguer la pandémie et mettre en œuvre des réformes propices aux investissements », prévient l’institution, qui estime que les « perspectives à court terme sont hautement incertaines ».

Le scénario le plus pessimiste — hausse continue des contaminations et retards dans le déploiement des vaccins — table sur une croissance de seulement 1,6 % en 2021. L’hypothèse la plus optimiste — avec une maîtrise de la pandémie et une accélération de la vaccination — penche pour une croissance de pratiquement 5 %.

Crises de la dette

 

Le tableau devrait être varié en fonction des régions.

Après une contraction estimée à -3,6 % en 2020, le PIB américain devrait rebondir à 3,5 % en 2021, soit 0,5 point de pourcentage en moins comparé à la précédente prévision, publiée en juin. La zone euro devrait afficher une croissance de 3,6 %, après un repli de -7,4 % en 2020, tandis que le Japon, autre économie avancée, verrait son activité ne progresser que de 2,5 % en 2021 après une contraction de -5,3 en 2020. Dans le premier cas, c’est bien moins que précédemment anticipé, tandis que la prévision nippone reste inchangée.

L’activité économique sera un peu plus importante dans les marchés émergents, Chine comprise, et les économies en développement. La Banque mondiale table pour ces pays sur une croissance du PIB de 5 % cette année, principalement grâce à la Chine dont la progression sera de 7,9 %, après une contraction de -2,6 % en 2020.

L’inégalité face à cette crise est « dramatique » et a entraîné une « augmentation dévastatrice de l’extrême pauvreté », a déploré le président de la Banque mondiale, David Malpass, lors d’une conférence téléphonique mardi. « Les personnes au bas de l’échelle des revenus ont été les plus durement touchées » et « seront probablement les dernières à retrouver un emploi, obtenir des soins de santé, se faire vacciner et s’adapter à l’économie post-COVID », a-t-il ajouté.

L’institution s’inquiète, comme à son habitude, de l’accumulation de la dette par les pays en développement et les économies émergentes. « La communauté internationale doit agir rapidement et avec détermination pour éviter que l’accumulation récente des dettes publiques ne débouche sur des crises de l’endettement en série […] Les pays en développement n’ont pas les moyens d’assumer une nouvelle décennie perdue. »

David Malpass a même fait état d’une « alerte rouge », certains pays à faible revenu étant confrontés à un très important surendettement. Il a également mis en lumière le rôle clé de la Chine, qui détient 65 % de la dette des pays à faible revenu, et a une nouvelle fois appelé le pays à faire preuve de transparence sur les conditions des prêts.

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