La Fed presse le Congrès pour de nouvelles mesures d’aide

Démocrates et républicains semblent en voie de s’entendre sur un soutien financier censée prendre la relève de leur première mouture beaucoup plus généreuse adoptée au printemps.
Photo: Olivier Douliery Agence France-Presse Démocrates et républicains semblent en voie de s’entendre sur un soutien financier censée prendre la relève de leur première mouture beaucoup plus généreuse adoptée au printemps.

Les Américains auront besoin de mesures d’aide supplémentaires de Washington pour leur servir « de pont » au-dessus du « gouffre » qui les sépare encore d’une probable sortie de crise en seconde moitié de l’année prochaine, estime leur banque centrale.

« Les arguments en faveur […] sont très solides », a dit de l’adoption par le Congrès américain d’un nouveau plan d’aide aux ménages et aux entreprises frappés par la pandémie de COVID-19 le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, en conférence de presse mercredi. « Avec l’expiration des allocations chômage, l’expiration des moratoires sur les évictions [locatives], la propagation du virus, les ménages et les entreprises ont besoin d’un soutien budgétaire », a-t-il fait valoir, se gardant bien toutefois d’en dicter l’ampleur ou la nature aux élus pour qui, selon lui, ce besoin est « largement compris à présent ».

Après des mois d’impasse complète, démocrates et républicains semblent en voie de s’entendre sur un nouvel ensemble de mesures d’aide financière de 908 milliards $US censés prendre la relève de leur première mouture beaucoup plus généreuse de 2200 milliards adoptée au printemps.

Déjà le pied au plancher

De son côté, la Fed estime apporter tout l’assouplissement monétaire nécessaire et se montre disposée à le maintenir encore longtemps. Sans surprise, elle a maintenu mercredi son taux directeur au plancher, c’est-à-dire dans la mince fourchette comprise entre 0 % et 0,25 %, et s’il faut en croire les prévisions de ses principaux décideurs, ce taux ne bougera pas avant la fin de 2023.

En ce qui concerne ses mesures d’injections de liquidités dans l’économie, la banque centrale continuera d’acheter pour au moins 120 milliards de nouveaux actifs par mois, à raison de 80 milliards de bons du Trésor et de 40 milliards de titres hypothécaires. Elle continuera à ce rythme tant que « des progrès substantiels » n’auront pas été faits dans l’atteinte de sa cible d’inflation moyenne de 2 %, a-t-elle ajouté mercredi, ce qu’on ne voit pas arriver au moins avant 2023.

Avec l’expiration des allocations chômage, l’expiration des moratoires sur les évictions [locatives], la propagation du virus, les ménages et les entreprises ont besoin d’un soutien budgétaire

 

La première économie du monde a pourtant connu un meilleur rebond que prévu, a constaté la Fed qui a révisé à la hausse toutes ses prévisions. Plutôt qu’un recul de 3,7 % cette année, comme elle s’y attendait encore au mois de septembre, elle s’attend désormais à une perte de 2,4 %. La croissance s’annonce également un peu plus forte l’an prochain (4,2 % plutôt que 4 %) et l’année d’après (3,2 % plutôt que 3 %), tout comme le taux de chômage moyen au dernier trimestre devrait être plus faible cette année (6,7 % plutôt que 7,6 %), l’an prochain (5 % plutôt que 5,5 %) et en 2023 (4,2 % plutôt que 4,6 %).

« Mais il va falloir du temps avant qu’on revienne aux niveaux d’avant la pandémie », a répété Jerome Powell. Et si des secteurs, comme l’immobilier et la vente de véhicules, affichent une réjouissante vigueur il n’en va pas de même pour la dizaine de millions de travailleurs qui n’ont toujours pas retrouvé l’emploi que leur a fait perdre la pandémie, pour ceux qui risquent encore de perdre leur maison, pour ceux qui font la file devant les banques alimentaires et pour toutes ces entreprises « qui s’accrochent de peine et de misère ».

L’espoir des vaccins

Pour tous ces Américains, il y a l’espoir qu’apporte l’arrivée de vaccins contre la COVID, mais avant cela, il y a cette nouvelle résurgence de la pandémie « plus forte et plus large » qui laisse entrevoir des jours encore sombres et incertains probablement jusqu’à l’été prochain. « Ces Américains ont besoin qu’on leur aménage un pont pour traverser ce [dernier] gouffre », a expliqué Jerome Powell.

Dans ce contexte, les gouvernements ne devraient pas trop s’en faire avec leurs déficits, a dit le président de la Fed. « Il est important d’avoir des finances publiques saines, mais ce travail doit se faire lorsque l’économie se porte bien, que le chômage est bas et que les revenus fiscaux sont au rendez-vous. » Et s’il est vrai que l’endettement du gouvernement américain s’est considérablement alourdi ces derniers temps, les faibles taux d’intérêt en maintiennent le coût pour les pouvoirs publics à des niveaux remarquablement bas en proportion de la taille de l’économie.

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