Une majorité de PME se voient encore en activité dans un an

L’effet de la  pandémie  sur les finances des petites  et moyennes  entreprises a été considérable.
Getty Images L’effet de la pandémie sur les finances des petites et moyennes entreprises a été considérable.

Trois PME canadiennes sur quatre ont essuyé une baisse de leur chiffre d’affaires devant l’ampleur de la crise de la COVID-19, mais l’immense majorité d’entre elles (87 %) estiment qu’elles seront certainement ou probablement encore en activité dans un an, selon un sondage de la Banque de développement du Canada (BDC) qui brosse un nouveau portrait des conséquences de la pandémie.

Réalisée au mois de juin auprès de 1000 dirigeants de PME un peu partout au Canada, l’enquête révèle également que le redressement des finances est cité comme étant de loin la grande priorité (39 %), suivi d’un recours accru à la technologie (27 %) et au télétravail (25 %), résultat concret de l’impact que les mesures sanitaires ont eu sur le fonctionnement des entreprises.

« Ce qui nous a surpris, c’est le niveau de résilience des entreprises », a dit en entrevue le vice-président et économiste en chef de la BDC, Pierre Cléroux. « La grande majorité des PME sont innovatrices, changent leur modèle d’affaires, font des gestes pour survivre. Le mot est un peu fort mais, dans plusieurs cas, ç’a été très difficile. »

Quatre entreprises sur dix se sont endettées au cours de la crise, signale le sondage. De manière générale, le pourcentage de PME pour lesquelles la dette pèse pour plus de 25 % des revenus annuels a plus que doublé, passant de 10 % à 22 %. Et si 54 % des PME n’avaient pas de dette avant la pandémie, ce taux tombe à 34 % lorsqu’on les interroge sur leurs finances sur un horizon de six mois.

L’augmentation du recours à la technologie constitue un des points étonnants de l’enquête, selon M. Cléroux. « Ça fait longtemps qu’on en parle et on avait de la difficulté à créer ce momentum. Là, le momentum est clair. Les entreprises considèrent qu’il faut investir en technologie pour passer au travers. » La tendance va continuer, car « les entreprises en ont compris les bénéfices ». Le développement des affaires a quitté l’espace du restaurant et de la foire pour se faire en ligne, entraînant du coup une diminution des dépenses. « Beaucoup d’entrepreneurs nous disent qu’on n’a pas toujours besoin d’être en face du client. Il va y avoir un nouvel équilibre. » Parmi les compagnies qui effectuent des dépenses en technologie, 58 % ont dit que c’est pour accroître leur compétitivité, alors que la moitié (46 %) affirment que c’est simplement pour demeurer en affaires.

La grande majorité des PME sont innovatrices, changent leur modèle d’affaires, font des gestes pour survivre

 

L’effet de la pandémie sur les finances des PME a été considérable. Selon un sondage réalisé par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) cet été, les trois quarts d’entre elles affirment avoir dû emprunter de l’argent pour survivre à la crise. La somme moyenne avoisinait les 127 000 $ au Québec. Ces emprunts ont pu être faits auprès d’amis ou prendre la forme d’un prélèvement dans les économies personnelles ou l’épargne-retraite, etc. De plus, près de sept entreprises sur dix ont dit croire qu’il faudra plus d’un an pour rembourser cette dette.

Compte tenu de l’impact soudain des mesures sanitaires sur le fonctionnement de l’économie et sur les changements d’habitude des consommateurs, bon nombre de PME se sont vite retrouvées devant une chute des ventes combinée à des frais fixes incompressibles. Le gouvernement fédéral, par exemple, a mis sur pied un programme de prêts sans intérêt pouvant atteindre 40 000 $, résultat d’une collaboration avec les institutions financières et Exportation et Développement Canada (EDC). Ce programme vient à échéance à la fin du mois d’octobre. D’autres programmes sont également disponibles pour des PME et de plus grandes compagnies dont les besoins financiers sont plus importants.

Les PME, qui contribuent environ au tiers du produit intérieur brut du Québec, ont beaucoup plus confiance quant aux perspectives sur 12 mois que sur 3 mois, a récemment révélé le dernier baromètre de confiance de la FCEI. Au mois de septembre, les sociétés fonctionnaient à 69 % de leur capacité.

« C’est aussi le deuxième mois de suite que les propriétaires de PME estimant que leur entreprise se porte mal sont aussi nombreux que ceux qui s’estiment en bonne posture », a indiqué la FCEI le 24 septembre.

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