Pilotes et syndicats réclament un soutien financier d’Ottawa

Les syndicats des pilotes et Unifor maintiennent la pression et réclament d’Ottawa une aide financière d’urgence et importante. « Les dommages au secteur du transport aérien pourraient devenir permanents », craignent-ils.
Dans leur proposition soumise jeudi, en conférence de presse, les dirigeants syndicaux d’Unifor, de l’Association des pilotes d’Air Canada et du volet canadien de l’Association des pilotes de ligne demandent 7 milliards de dollars en soutien financier direct. L’aide se composerait notamment d’une « combinaison de garanties d’emprunt et d’une aide financière directe au rétablissement et / ou au maintien des services aériens. » Les trois syndicats disent représenter plus de 300 000 travailleurs.
Donnant l’exemple de l’Allemagne, Singapour, de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis, le Canada est le seul parmi les principaux pays développés à ne pas appliquer de mesures directes pour le secteur du voyage et du tourisme. « Il n’y a vraiment plus de temps à perdre », a martelé Jerry Dias, président national d’Unifor. « Sinon, nos compagnies aériennes canadiennes disparaîtront, et cela nous coûtera beaucoup plus cher à tous. »
Les syndicats ont applaudi la prolongation de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) jusqu’à l’été prochain. « Si la prolongation du programme SSUC [qui cible les employeurs] offre une certaine protection aux employés, nous avons assisté à la mise à pied de milliers de personnes, y compris d’un nombre disproportionné de travailleurs de l’aviation. La triste réalité est que les transporteurs aériens sont des entreprises qui requièrent une énorme quantité de capitaux, qui ont un taux d’épuisement de trésorerie élevé, et qui doivent protéger leurs liquidités pour entretenir leurs appareils, assurer leurs liaisons et payer leur personnel. Le programme SSUC ne tient pas compte de cette réalité », prennent-ils soin de noter.
Le Syndicat canadien de la fonction publique, qui ne faisait pas partie de la conférence de presse, a souligné, dans un communiqué, qu’un plan d’aide gouvernemental devrait inclure des dispositions « importantes pour soutenir les travailleurs » plutôt que de favoriser la performance financière des compagnies. Selon le syndicat représentant 15 000 agents de bord, un coup de pouce financier ne devrait pas écarter une prise de participation. Pour Jerry Dias, une participation gouvernementale ne devrait être prise en considération que si une compagnie aérienne n’était pas en mesure de respecter ses obligations après avoir obtenu un prêt fédéral, peut-on lire dans un texte de La Presse canadienne.
Mercredi le Syndicat des Machinistes (AIMTA) évoquait les répercussions des difficultés des transporteurs aériens sur l’ensemble de l’industrie. Il citait les données d’une enquête de l’Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC) révélant que « plus de 95 % de ses membres fonctionnent à une fraction de leur pleine capacité ou ont carrément interrompu leurs activités. Plus de la moitié (60 %) ont mis à pied des travailleurs et 76 % prévoient de le faire au cours des six prochains mois. Dans l’ensemble, les membres de l’AIAC prévoient une baisse de leur chiffre d’affaires de l’ordre de 40 % en 2020. »