L’aide au secteur aérien américain se fait attendre

Les compagnies aériennes américaines font face à l’effondrement du tourisme et à la mise en place de restrictions frontalières.
Photo: Jeff Swensen Getty Images / Agence France-Presse Les compagnies aériennes américaines font face à l’effondrement du tourisme et à la mise en place de restrictions frontalières.

Après avoir reçu une bouée de sauvetage fédérale de 25 milliards $US au printemps afin de financer le maintien des emplois et les activités, les grands transporteurs aériens des États-Unis avaient convenu de suspendre les mises à pied jusqu’au 1er octobre.

Cette échéance est arrivée, et les yeux se tournent vers Washington pour voir si le Congrès américain sera capable, dans les prochaines heures, de s’entendre pour renouveler la somme et éviter la perte de ce que plusieurs estiment être un bassin de plus de 30 000 postes.

Devant l’effondrement du tourisme et la mise en place de restrictions frontalières, les élus travaillent sur une nouvelle aide financière de 25 milliards qui serait en vigueur jusqu’en mars et ferait partie d’un plan de stimulation économique de 2200 milliards $US. Comme la France, les États-Unis font partie des pays qui ont offert une aide spécifique au secteur, ce que le gouvernement Trudeau n’a pas fait à ce jour malgré les demandes répétées des transporteurs canadiens.

Espoir d’une entente

Lors d’une conférence diffusée par le réseau américain CNBC, le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a exprimé l’espoir matinal d’en arriver à une entente avec le Parti démocrate au sujet du plan global. Une rencontre de 90 minutes avec la cheffe des démocrates du Congrès, Nancy Pelosi, n’a produit aucun résultat. Au lieu d’aller de l’avant avec un vote à la Chambre des représentants, les démocrates ont décidé de donner plus de temps aux discussions, selon certains médias.

Le suspense fait suite à une annonce du département du Trésor mardi soir selon laquelle Washington a conclu des ententes de prêts avec sept grands transporteurs : Alaska Airlines, American Airlines, Frontier Airlines, JetBlue Airways, Hawaiian Airlines, SkyWest Airlines et United Airlines. Selon les accords, aucun transporteur ne pourra recevoir plus de 7,5 milliards $US.

Les programmes de soutien salarial et de prêts qui sont entrés en vigueur au printemps dans le cadre du projet législatif CARES « ont protégé un grand nombre d’emplois dans l’industrie aérienne et maintenu la couverture médicale pour les travailleurs tout au long » de cette crise, a dit M. Mnuchin dans un communiqué.

En contrepartie, les transporteurs doivent non seulement s’abstenir de faire des mises à pied, mais aussi limiter les dividendes aux actionnaires, les primes de performance de même que les rachats d’actions.

Pratique courante dans l’industrie depuis quelques années, ces rachats ont été montrés du doigt au printemps lorsque les transporteurs se sont tournés vers Washington pour de l’aide. Les compagnies aériennes doivent aussi offrir au gouvernement des bons de souscription ou d’autres instruments financiers afin de compenser le risque.

« La situation des grands transporteurs américains n’est pas dangereuse, mais ils se positionnent pour l’après-crise », a dit en entrevue Mehran Ebrahimi, directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile, rattaché à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

« La reprise est moins rapide que prévu. […] Les vols internationaux, qui sont très rentables, ne sont pas tellement au rendez-vous et toute la situation fait en sorte qu’il est question, d’une certaine manière, d’assurer la pérennité et de ne pas trop les fragiliser. »

Comité parlementaire fédéral

 

Par ailleurs, le Syndicat des Machinistes a insisté mercredi sur l’urgence d’établir une stratégie canadienne de l’aérospatiale, estimant qu’il faudrait organiser un comité parlementaire sur le sujet.

« Depuis plusieurs mois qu’on intervient sur la place publique pour demander au fédéral d’intervenir, rien ne bouge. Si le gouvernement Trudeau n’est toujours pas convaincu de ce qu’il doit faire, qu’il donne le mandat à un comité parlementaire de se pencher sur la question et qu’il nous invite à y témoigner », a affirmé le coordonnateur québécois des Machinistes, David Chartrand.

Bien qu’il n’ait rien annoncé jusqu’à présent, le gouvernement Trudeau a indiqué dans le discours du Trône que des mesures supplémentaires sont à l’étude pour les secteurs du voyage et du tourisme.

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