Des robots industriels de plus en plus autonomes

Si Omnirobotic fournit les yeux et le cerveau du robot, le bras, lui, provient d’un autre fabricant. Le tout est assemblé par un intégrateur pour le client final.
Photo: Omnirobotic Si Omnirobotic fournit les yeux et le cerveau du robot, le bras, lui, provient d’un autre fabricant. Le tout est assemblé par un intégrateur pour le client final.

Des robots industriels qui voient et pensent par eux-mêmes pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre et réduire le gaspillage de matières ? Voilà le modus operandi d’une jeune pousse de Laval qui vise le marché des manufacturiers spécialisés dans la production de masse, mais dont les produits sont très personnalisés.

Devant un manque de travailleurs reconnu et une pandémie qui peut compliquer la présence constante de personnel, Omnirobotic, qui vient d’obtenir l’appui financier du Fonds de solidarité FTQ et d’Exportation et Développement Canada (EDC), se trouve dans un créneau embryonnaire. « On fabrique des cerveaux et des systèmes de vision pour rendre des robots industriels autonomes », explique François Simard, p.-d.g. de l’entreprise qu’il a fondée en 2016 avec Laurier Roy.

La ronde de financement que la société vient de conclure avec les deux investisseurs a permis de récolter 6,5 millions, ce qui permettra de poursuivre la recherche et d’amener le produit à un stade de maturité supérieur. Real Ventures a également participé, de même qu’une coentreprise d’employés actuels de la compagnie.

Pour le moment, Omnirobotic voit seulement cinq compagnies sur la planète qui pourraient être considérées comme des concurrents. De manière générale, le public a probablement en tête l’image d’un robot soudeur sur une ligne d’assemblage automobile, dit M. Simard. Au préalable, il faut lui montrer un mouvement pour le programmer. « Ces robots-là, pour dire les choses directement, ce sont des robots stupides et aveugles. Si on bouge la voiture de quelques centimètres vers la droite ou vers la gauche, les soudures ne seront pas au bon endroit. Il pourrait même y avoir des collisions entre la pince et le châssis. »

Les robots traditionnels peuvent convenir aux entreprises de production de masse, mais pas pour ceux qui font des produits personnalisés. « C’est quand même 73 % de l’industrie manufacturière », dit M. Simard. « On retrouve là-dedans tout le secteur aérospatial. Il y a aussi l’industrie du meuble, où la gamme de produits se renouvelle sans cesse et où il faut produire à la demande. »

Un appareil intelligent

 

Si Omnirobotic fournit les yeux et le cerveau du robot, le bras, lui, provient d’un autre fabricant. Le tout est assemblé par un intégrateur pour le client final. Spécialités du robot : peinture, soudage et usinage. « Ce sont typiquement des procédés qui vont placer les travailleurs dans une situation qui n’est pas ergonomique, dans une fatigue articulaire, ou [les] exposer à des gaz nocifs pour la santé, avec des masques et des scaphandres », dit M. Simard.

Et quand le travail est fait à la main, il peut facilement survenir des problèmes de qualité, ce qui force de recommencer le produit et donc entraîne du gaspillage de matières. « L’industrie automobile a vécu ces problèmes et la robotique les a réglés. Mais le 73 % du reste de l’industrie, qui fait de la personnalisation de masse, eux n’ont pas la chance d’avoir la robotique comme appui. »

Le premier robot industriel a vu le jour aux États-Unis en 1961. Inventé quelques années auparavant par George Devol, il a commencé sa carrière dans une usine de General Motors, dans l’État du New Jersey. Son travail consistait uniquement à déplacer des objets à l’aide d’une énorme pince au bout du bras robotisé.

Les cofondateurs d’Omnirobotic se sont un jour demandé ce qu’il fallait pour qu’un robot « soit pertinent dans une usine où on a 600 produits différents par année ; et ça prend un robot capable de comprendre ce qu’il fait, qui peut voir la pièce et planifier sa stratégie. Par exemple, capable de peindre la pièce même s’il ne l’a jamais vue auparavant ». En plus de réduire la dépendance à la main-d’œuvre, le robot autonome est plus efficace, ce qui diminue les risques de gaspillage, et contribue à contrôler les coûts en énergie, dit-il.

S’il existe une petite poignée degroupes dans le monde devant lesquels Omnirobotic pourrait un jour se retrouve en concurrence directe, le « vrai compétiteur » de la compagnie, en ce moment, c’est le statu quo, dit M. Simard. « Ce sont les gens qui ont peur du changement, et qui vont tarder à adopter des façons plus efficaces de faire leur production. La pandémie nous aide en ce moment : c’est encore plus difficile qu’auparavant d’avoir de la main-d’œuvre qualifiée qui se présente tous les jours à l’usine. »

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