Moins d’argent pour Bombardier dans la vente à Alstom

La vente de Bombardier Transport à Alstom, qui a reçu le feu vert de la Commission européenne, doit également obtenir l’aval du Canada, des États-Unis, de la Chine et de l’Inde.
Photo: Ryan Remiorz La Presse canadienne La vente de Bombardier Transport à Alstom, qui a reçu le feu vert de la Commission européenne, doit également obtenir l’aval du Canada, des États-Unis, de la Chine et de l’Inde.

La vente de Bombardier Transport à Alstom ira de l’avant, mais elle rapportera quelques centaines de millions de dollars de moins que prévu à l’entreprise et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), propriétaire de cette division à hauteur de 34,7 %.

Une entente « définitive » entre les trois parties a été annoncée, mercredi, mais le prix de vente de 7,15 milliards d’euros (8,4 milliards $ US) est inférieur de 300 millions d’euros (350 millions $ US) à ce qui avait été annoncé à l’origine en février dernier.

L’appréciation de l’euro par rapport au billet vert devrait permettre de contrebalancer les effets de cette renégociation à la baisse, en grande partie attribuable aux problèmes d’exécution persistants chez Bombardier Transport, qui s’étaient traduits par l’inscription d’une charge de 435 millions $ US au deuxième trimestre.

En août, Alstom avait prévenu que cet élément pourrait venir influencer les négociations.

 

« C’est un moment excitant pour Bombardier, a néanmoins estimé son président et chef de la direction, Éric Martel, dans un courriel envoyé aux employés. Le produit de cette transaction nous permettra de commencer à remodeler notre structure de capital et à assainir notre bilan par la réduction de notre dette. »

Ainsi, l’entreprise québécoise, qui s’apprête à compléter son recentrage pour se concentrer exclusivement sur les avions d’affaires, devrait récolter environ 4 milliards $ US, soit environ 200 millions d’euros (quelque 240 millions $ US) de moins que prévu.

Cela ne semblait toutefois pas décourager les investisseurs, puisqu’en mi-journée, mercredi, à la Bourse de Toronto, le titre de la compagnie prenait 2,5 cents, ou 6,1 %, pour se négocier à 44 cents.

Pour le rachat de sa participation dans Bombardier Transport, la CDPQ s’attend à recevoir 2,2 milliards $ US, ce qui représente 100 millions d’euros (près de 120 millions $ US) de moins que l’estimation précédente. Le bas de laine injectera cette somme dans Alstom et ajoutera 700 millions d’euros pour devenir son plus important actionnaire.

« Bien que le produit net obtenu par Bombardier soit inférieur à ce que nous avions anticipé, nous ne considérons pas la baisse comme trop importante et nous estimons que la société est bien positionnée pour [améliorer] son bilan alors qu’elle se concentrera sur les avions d’affaires », a estimé l’analyste Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, dans une note envoyée par courriel.

Une longue route

 

La compagnie mise grandement sur cette transaction pour alléger sa lourde dette à long terme, qui s’élève à plus de 9,3 milliards $ US.Même si un gros morceau est sur le point de se détacher de Bombardier, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, s’est tout de même montré satisfait de voir que l’entreprise pourra améliorer sa situation financière.

« J’ai parlé à M. [Henri] Poupart Lafarge [p.-d.g. d’Alstom] il y a deux ou trois semaines […] et il m’a assuré de vouloir respecter ses engagements, qui sont documentés », a-t-il souligné, au cours d’un entretien téléphonique.

Alstom s’est engagée, dans la première année marquant la conclusion de la transaction, à établir à Montréal son siège social nord-américain, qui supervisera 13 000 employés. Elle implantera également un centre de recherche et bonifiera la production à l’usine de Bombardier Transport à La Pocatière, et à son site de Sorel-Tracy.

Sans fermer la porte à une possible intervention financière dans l’avenir, le ministre de l’Économie a souligné qu’« à ce stade-ci, il n’y avait pas de discussions » entourant un coup de pouce à Bombardier, qui a obtenu, en juillet, un prêt auprès d’une firme new-yorkaise pouvant atteindre 1 milliard $ US.

La vente de Bombardier Transport à Alstom, qui a reçu le feu vert de la Commission européenne, doit également obtenir l’aval du Canada, des États-Unis, de la Chine et de l’Inde. Les actionnaires de la société française doivent également donner leur accord dans le cadre d’une assemblée extraordinaire prévue le 29 octobre.

On table désormais sur une clôture de la transaction au premier trimestre de la prochaine année, alors que l’échéancier précédent évoquait la première moitié de 2021.

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C’est le fléchissement du prix de la transaction en millions
de dollars
américains.