La fusion de Tiffany et de LVMH avorte

Bernard Arnault, président-directeur général du groupe de luxe LVMH, le 28 janvier dernier
Photo: Éric Piermont Agence France-Presse Bernard Arnault, président-directeur général du groupe de luxe LVMH, le 28 janvier dernier

Tiffany et LVMH, à peine fiancés, déjà divorcés : le groupe de Bernard Arnault ne s’estime plus « en mesure » de racheter « en l’état » le joaillier américain, qui a, lui, attaqué le groupe français devant la justice aux États-Unis.

Leurs fiançailles avaient fait les gros titres en novembre dernier, lorsque le numéro un mondial du luxe avait annoncé vouloir croquer la prestigieuse marque new-yorkaise pour le montant record de 16,2 milliards de dollars. Mais la crise sanitaire est notamment passée par là. Après avoir annoncé fin août qu’ils reportaient de trois mois — à fin novembre 2020 — la date butoir pour boucler leur rapprochement, LVMH a annoncé mercredi qu’il avait décidé de réunir son conseil d’administration « après une succession d’événements de nature à fragiliser l’opération d’acquisition de la société Tiffany ».

LVMH a en particulier fait état « d’une lettre du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères qui, en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les États-Unis, demande au groupe LVMH de différer l’acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021 ». Le conseil d’administration indique également avoir « pris note de la demande de Tiffany de repousser le délai limite de réalisation de l’accord du 24 novembre 2020 au 31 décembre 2020 ».

Mais il indique aussi avoir « décidé de s’en tenir aux termes » de l’accord conclu en novembre 2019 prévoyant une date limite pour la clôture de l’opération au plus tard le 24 novembre 2020, et a « acté qu’en l’état, LVMH ne serait donc pas en mesure de réaliser l’opération d’acquisition de la société Tiffany & Co ».


Attaque en justice 
 

Dans un communiqué séparé, Tiffany a annoncé qu’il attaquait en justice aux États-Unis le groupe de Bernard Arnault, accusé d’avoir fait traîner des démarches réglementaires. Le joaillier indique avoir saisi un tribunal de l’État du Delaware. « Nous regrettons d’avoir à prendre cette décision, mais LVMH ne nous a pas laissé d’autre option que d’ouvrir une procédure de litige pour protéger notre groupe et nos actionnaires », a déclaré Roger N. Farah, président du conseil d’administration, cité dans le communiqué.

Tiffany affirme que LVMH n’avait pas, à la date du 24 août 2020, lancé certaines demandes auprès d’autorités compétentes pour leur feu vert concernant l’opération, notamment l’Union européenne ou Taïwan. Le joaillier dit vouloir « obtenir une décision » du tribunal du Delaware « avant le 24 novembre, obligeant LVMH à remplir ses obligations et à boucler la transaction selon les termes convenus ».

Tiffany a souffert de la fermeture de ses magasins en raison des mesures de confinement, enregistrant une perte nette de 65 millions entre février et avril, contre un bénéfice de 125 millions un an plus tôt. L’activité de Tiffany « est clairement solide », a affirmé mercredi Alessandro Bogliolo, le patron du joaillier, cité dans le communiqué. Il souligne que « le groupe est déjà revenu à la profitabilité après seulement un trimestre de pertes ».

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