Port de Montréal: l’intervention d'Ottawa à nouveau réclamée

Les débardeurs du Port de Montréal, sans contrat de travail depuis plus de deux ans, ont déclenché une grève générale illimitée lundi dernier.
Photo: Ryan Remiorz La Presse canadienne Les débardeurs du Port de Montréal, sans contrat de travail depuis plus de deux ans, ont déclenché une grève générale illimitée lundi dernier.

Tandis que les négociations se poursuivent entre l’Association des employeurs maritimes du Port de Montréal et le Syndicat des débardeurs, deux autres organisations ajoutentleurs voix à celles qui demandent l’intervention du gouvernement fédéral dans le conflit, qui a pour effet de dérouter des navires vers d’autres installations portuaires depuis le début de la semaine.

L’Association des produits forestiers du Canada (APFC) et l’Association minière du Canada (AMC) ont estimé que la grève, qui survient après celle au Canadien National et les barricades ferroviaires, s’ajoute au contexte de pandémie et « exacerbe une situation déjà stressante ».

« L’industrie minière est un client de premier plan du Port de Montréal. Elle transporte d’importants volumes de minerai de fer, de nickel, de gypse et de métaux recyclés vers des fonderies et affineries de la région », a affirmé le président de l’AMC, Pierre Gratton. « Dans le contexte d’une perturbation massive de la chaîne d’approvisionnement et d’une atteinte sans précédent à la réputation du Canada en tant que partenaire commercial international fiable, cette grève et l’absence de mesures efficaces pour la résoudre témoignent d’une incapacité incompréhensible à accorder la priorité à la repriseéconomique en cette période de grande nécessité. »

Le port de Montréal est une infrastructure « essentielle » pour l’industrie forestière, a déclaré le président de l’APFC, Derek Nighbor, selon lequel le conflit a « déjà entraîné près d’un million de dollars américains en coûts supplémentaires et en ventes perdues pour notre secteur en Ontario et au Québec ».

Chaîne alimentaire

 

Les importations par conteneur ont compté pour 52 % du trafic au Port de Montréal en 2019, selon le dernier rapport annuel publié en juin. Il s’agit essentiellement de produits fabriqués, de produits alimentaires, de produits métallurgiques et de construction. Les exportations sont entre autres les produits forestiers et céréaliers. Au total en cours d’année, le Port, le plus grand de l’est du Canada, a traité 1,75 million de conteneurs EVP (équivalent vingt pieds, une mesure utilisée dans le monde portuaire), soit une hausse de 4 % par rapport à 2018.

« Il commence à y avoir des bris au niveau de la chaîne logistique, certains produits sont manquants », a dit en entrevue Dimitri Fraeys, vice-président à l’innovation et aux affaires économiques du Conseil de la transformation alimentaire du Québec. « Les stocks diminuent, on va manquer de produits au cours de la prochaine semaine si rien ne débloque. […] On va manquer de sucre, de produits oléagineux, d’équipements aussi, pour les entreprises qui veulent se moderniser et s’automatiser. » Des problèmes d’approvisionnement en sucre auront tendance à toucher le secteur de la boulangerie, par exemple.

Ni le Syndicat des débardeurs ni l’Association des employeurs maritimes, qui représente la partie patronale dans les discussions, n’ont voulu faire de commentaires vendredi au sujet de l’évolution des négociations. Celles-ci devraient se poursuivre au cours de la fin de semaine.

Les stocks diminuent, on va manquer de produits au cours de la prochaine semaine si rien ne débloque

Parmi les sujets en cause, les débardeurs ont mentionné au cours des dernières semaines qu’il y a la conciliation travail-famille, touchée par des enjeux d’horaires et de disponibilité au travail. Le Syndicat des débardeurs représente 1125 membres. Les négociations ont débuté en 2018 et ont bénéficié de la participation d’un médiateur nommé par le gouvernement fédéral.

Si la grève perdurait plusieurs semaines, voire jusqu’en octobre, elle pourrait entraîner des problèmes d’importation, a dit le directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, Jocelyn St-Denis. « Plusieurs de nos membres sont des producteurs et emballeurs qui, hors saison par exemple, font venir des oignons espagnols de l’Égypte, de l’Espagne. D’autres vont faire venir du poireau, pour être capable de poursuivre leur saison, de fournir les produits à leurs clients. » Pour l’instant, l’impact « n’est pas énorme », car le Québec est en pleine saison de produits locaux, a-t-il précisé.

À l’inverse, il n’y a pas présentement beaucoup d’exportations de produits québécois vers l’Europe et l’Afrique, a ajouté M. St-Denis. Les légumes racines peuvent être exportés, mais c’est plus tard dans l’année, tout comme pour les pommes, exportées vers l’Europe après la récolte.

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