Le Cirque du Soleil préfère l’offre de ses créanciers

Le Cirque, à ce point ébranlé par la COVID-19, a dû suspendre des dizaines de spectacles dans le monde et mettre à pied 95% de son personnel en mars.
Photo: Eduardo Verdugo Associated Press Le Cirque, à ce point ébranlé par la COVID-19, a dû suspendre des dizaines de spectacles dans le monde et mettre à pied 95% de son personnel en mars.

Le Cirque du Soleil a conclu une entente avec ses créanciers qui permettra à ceux-ci de mettre la main sur les actifs de l’entreprise en guise de règlement de la dette, a indiqué sa direction jeudi, en précisant que ces créanciers ont l’intention de maintenir le siège à Montréal et de créer des fonds pour les employés licenciés et les artisans impayés.

Cette entente entre les créanciers et le Cirque, qui fonctionne sous la protection des tribunaux depuis la fin de juin, écarte du coup une proposition mise en avant en juin par les actionnaires actuels de l’entreprise afin d’établir une sorte de prix plancher dans le cadre du processus de vente et de sollicitation d’investissement auprès des acheteurs intéressés.

La convention d’achat des créanciers sera présentée à la Cour supérieure vendredi, a précisé le Cirque, à ce point ébranlé par la COVID-19 qu’il a dû suspendre des dizaines de spectacles dans le monde et mettre à pied 95 % de son personnel en mars, soit environ 4700 personnes, avant d’en licencier 3480. À l’époque, sa dette était estimée à près d’un milliard de dollars américains.

Les actionnaires actuels du Cirque sont le fonds américain TPG (60 %), le groupe chinois Fosun (20 %) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (20 %). Les trois prévoyaient de réinjecter 300 millions dans l’entreprise, dont 200 millions seraient venus d’un prêt d’Investissement Québec. Dans le communiqué présentant l’offre des créanciers, le Cirque ne mentionne pas ce prêt. Cependant, les créanciers gardent l’idée d’un fonds de 15 millions pour les employés licenciés, un fonds de 5 millions pour les artisans et le maintien du siège. En juin, le Cirque a indiqué que la somme de 15 millions visait 3480 employés licenciés.

« Lorsque le Cirque a dû interrompre ses activités à cause de la pandémie, nous l’avons soutenu pour stabiliser l’entreprise, nous avons conçu un plan pour lui préparer une sortie de crise respectueuse de ses valeurs fondamentales et de son histoire, a indiqué le consortium des trois actionnaires dans un bref communiqué. Nous sommes heureux de voir que les créanciers ont intégré ces engagements clés à leur soumission — y compris les engagements envers le Québec et les fonds destinés aux employés et sous-traitants touchés. »

Maintien du siège au moins cinq ans

Selon l’entente obtenue par La Presse canadienne, toutefois, le maintien du siège social au Québec semble fixé dans le temps. « L’acquéreur maintiendra le siège social international et le centre décisionnel à Montréal […] pour une période minimale de cinq ans et par la suite selon l’intérêt supérieur de la compagnie […] tel que déterminé par le conseil d’administration », indique la convention d’achat entre le Cirque et Spectacle Bidco, qui regroupe les créanciers.

Selon le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, il n’est « pas nécessairement étonnant » que les créanciers se retrouvent en position favorable pour acquérir les actifs du Cirque, compte tenu de la dette d’un milliard de dollars américains. Invité à commenter la situation, M. Fitzgibbon a dit que sa « préoccupation était que le Cirque reparte sur des fondations solides, et qu’on respecte le fait que c’est une société centrée au Québec, avec un pouvoir décisionnel ». « S’ils respectent toutes les conditions que j’avais établies avec TPG, et que ça ne coûte rien au gouvernement, je suis le ministre de l’Économie le plus heureux au monde. »

D’autres parties intéressées ont demandé si le prêt de 200 millions serait disponible dans le cas d’une nouvelle contre-offre. « J’ai toujours répondu oui, à condition que [les modalités du prêt] soient respectées. » Ces modalités sont assez dispendieuses, car « il n’est pas question que le gouvernement perde de l’argent avec ça ».

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