La crise troue les poches des détaillants de vêtements

La pandémie de COVID-19 a déferlé sur le secteur canadien de la mode comme un ouragan, causant de graves dommages et faisant quelques victimes dans son sillage. La fermeture généralisée des centres commerciaux et des bureaux et l’annulation de fêtes et de grands événements a été dévastatrice, a fait valoir le patron de Harry Rosen, l’un des principaux détaillants de vêtements pour hommes du pays. « Nous survivons », a indiqué le président et chef de la direction de la société, Larry Rosen, avant d’ajouter que les commandes en ligne avaient bondi de près de 500 %. « [Le commerce électronique] a été très, très fort, mais cela ne compense toujours pas notre empreinte nationale de détail. »
M. Rosen a assuré que son entreprise de 66 ans survivrait, mais que certains de ses concurrents, qui ont entamé la crise avec beaucoup de dettes, seront en danger.
Reitmans (Canada) a annoncé le mois dernier la fermeture de deux de ses chaînes de magasins et la mise à pied d’environ 1400 travailleurs, alors que l’entreprise poursuit sa restructuration au milieu de la pandémie. Modasuite, qui exploite l’enseigne Frank and Oak, a récemment déposé un avis de son intention de présenter une proposition en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité.
Les ventes au détail totales de vêtements diminueront de 28 % à 32 % en 2020, tandis que les ventes de vêtements de luxe devraient chuter de 16,8 %, selon Trendex, une société de renseignements marketing spécialisée dans les marchés canadien et mexicain de l’habillement. La firme prévoit que de 10 à 15 grandes chaînes de vêtements fermeront ou réduiront considérablement leur empreinte commerciale et que les ventes ne reviendront pas à leur niveau de 2019 avant 2023.
Les marques de luxe comme Harry Rosen ne devraient pas souffrir autant que les détaillants de vêtements et de chaussures de bas ou de milieu de gamme, a estimé Bruce Winder, analyste de la vente au détail et auteur d’un livre sur le commerce de détail dans le contexte de la COVID-19. La Baie d’Hudson compte probablement parmi les chaînes les plus touchées, a estimé M. Winder, qui croit qu’elle pourrait être contrainte de réduire son empreinte nationale de 30 % à 40 %.
La Compagnie de la Baie d’Hudson, qui a récemment rouvert ses magasins canadiens et ses succursales Saks,n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
Des détaillants de mode solides, comme Aritzia, H & M et Zara, ont été touchés, mais survivront, a ajouté M. Winder.