Le taux de chômage a commencé à reculer au Québec

Des travailleurs de la construction résidentielle refond une toiture à Montreal. Le secteur de la construction a généré 58 000 emplois, durant la semaine du 10 au 16 mai.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir Des travailleurs de la construction résidentielle refond une toiture à Montreal. Le secteur de la construction a généré 58 000 emplois, durant la semaine du 10 au 16 mai.

Le taux de chômage a reculé de 17 % à 13,7 % en mai au Québec, à la faveur du début du déconfinement de son économie.

La création d’un peu plus de 230 000 emplois a permis d’effacer presque 30 % des quelque 820 000 emplois qui avaient été perdus en mars et en avril, a rapporté vendredi Statistique Canada. Mesurés durant la semaine du 10 au 16 mai, les gains les plus importants ont été observés dans les secteurs dont les activités ont profité d’un assouplissement par le gouvernement des restrictions adoptées pour freiner la progression de la pandémie de coronavirus, notamment ceux de la construction (+58 000), de la fabrication manufacturière (+56 000), ainsi que dans les commerces (+54 000), à l’exception de la grande région de Montréal. La région métropolitaine s’en est malgré tout bien tirée, avec un gain de presque 100 000 emplois. La proportion de personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles pour des raisons liées à la COVID-19 a aussi légèrement diminué, passant de 26 % à 19 %.

Ce rebond au Québec a été à l’origine de près de 80 % de la croissance totale de l’emploi observée au Canada au mois de mai (+290 000). Mais comme un nombre plus grand encore de travailleurs s’est remis à chercher un emploi, le taux de chômage a continué de progresser, passant de 13 % à 13,7 % en mai, ce qui serait un sommet en 75 ans selon des experts.

Lorsqu’on ajoute les personnes qui voulaient travailler mais n’ont pas cherché d’emploi, Statistique Canada arrive à un « taux de chômage ajusté » de 19,6 %. Et si l’on additionne encore les personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles, on arrive à un taux de sous-utilisation de la main-d’œuvre de 35 %. Meilleur reflet de la réalité, selon plusieurs observateurs, le total d’heures travaillées au pays a progressé de 6,3 % en mai, mais après un recul de presque 30 % les deux mois auparavant.

Cela laisse croire que le pire est derrière nous et que la lente récupéra-tion a commencé en mai 

Les plus touchés

Les derniers touchés et les premiers à rebondir, les secteurs des biens, comme la construction et la fabrication, affichent un total d’heures travaillé équivalant respectivement aux deux tiers et aux trois quarts des niveaux qu’ils affichaient encore au mois de février, alors que celui, particulièrement éprouvé, de l’hébergement et de la restauration ne fonctionnait encore, le mois dernier, qu’au tiers de cette capacité.

Reflet de la composition de ces secteurs dans l’économie, les hommes ont récupéré une plus grande proportion (14 %) des emplois perdus en mars et en avril que les femmes (5,4 %). Disproportionnellement frappés par la crise, avec 38 % de pertes d’emplois contre une moyenne générale de 13 %, les travailleurs gagnant moins de 16 $ l’heure ont profité un peu plus que les autres de l’assouplissement des règles de confinement dans les secteurs du commerce de détail ainsi que de l’hébergement et de la restauration, mais restent encore loin du compte.

Les jeunes apparaissent aussi durement touchés. En ce début de période des emplois d’été, le taux de chômage chez les étudiants poursuivant leurs études dépassait, le mois dernier, les 40 %, contre 25 % pour les jeunes non-étudiants.

Le début d’un long chemin

De nombreux analystes se sont avoués agréablement surpris par le portrait de l’emploi au Canada dévoilé vendredi. « Cela laisse croire que le pire est derrière nous et que la lente récupération a commencé en mai », a commenté Benoit P. Durocher du Mouvement Desjardins. Par contre, la marche est haute et la pleine récupération prendra plusieurs mois », a-t-il prévenu.

Ses confrères de la Banque Nationale, Matthieu Arseneau et Kyle Dahms, ne sauraient si bien dire. « Même si les mesures de confinement sont pour la plupart levées, il faut garder à l’esprit que plus d’un cinquième des emplois sont concentrés dans des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, des arts et des loisirs et le commerce de détail, qui se heurtent à des défis importants. »

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