La crise aura des effets profonds, estime Monique Leroux

Le gouvernement fédéral a demandé à Monique Leroux de présider le Conseil sur la stratégie industrielle, le groupe consultatif chargé de produire un diagnostic des répercussions de la pandémie dans différents secteurs.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le gouvernement fédéral a demandé à Monique Leroux de présider le Conseil sur la stratégie industrielle, le groupe consultatif chargé de produire un diagnostic des répercussions de la pandémie dans différents secteurs.

La crise de la COVID-19 entraînera des changements en profondeur sur l’économie et les facteurs liés à la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et à l’environnement joueront un rôle accélérateur, insiste Monique Leroux, à qui le gouvernement fédéral a demandé de présider le Conseil sur la stratégie industrielle, le groupe consultatif chargé de produire un diagnostic des répercussions de la pandémie dans différents secteurs.

« Je ne crois pas qu’on va revenir à une philosophie de développement à tout crin. Je crois que les gens réalisent que des crises majeures dans le monde peuvent toucher de façon importante ce que nous sommes, comment on vit. On le vit avec la COVID, sauf que là on va s’en sortir. Mais les gens vont comprendre qu’au plan de l’environnement, il y a des choses qu’on n’est plus capables de corriger », a dit Mme Leroux mardi lors d’une entrevue téléphonique.

Je ne crois pas qu’on va peser sur le bouton de janvier 2020 et dire que tout va marcher simplement comme avant

 

« Ça va amener une réflexion où les gens vont dire “Attends une minute, voici les affaires qu’il nous faut faire différemment. Et tant qu’à réinvestir et à relancer, faisons-le de façon durable” », a ajouté l’ex-présidente du Mouvement Desjardins de 2008 à 2016.

Ottawa, qui a créé ce Conseil au mois de mai, a dévoilé hier les noms des dix autres membres du groupe, qui inclut des gens du commerce de détail, de la fabrication, du transport, de l’agroalimentaire, des sciences biologiques, de la haute technologie et des technologies propres, du tourisme et des ressources. Il y a par exemple Paviter Binning, un administrateur proche de la famille Weston (Loblaw, etc.), Sylvie Vachon, qui dirige le Port de Montréal, Rhonda Barnet, présidente d’Avit Manufacturing, qui construit des systèmes d’automatisation pour les usines, de même qu’un représentant de Suncor.

Y siégera également la conseillère scientifique en chef du Canada, Mona Nemer, ancienne vice-présidente à la recherche de l’Université d’Ottawa, où elle était responsable du laboratoire de génétique moléculaire et de régénération cardiaque. Le groupe tiendra des réunions formelles aux deux semaines à compter de lundi, et organisera des forums de consultation, possiblement deux par semaine, selon Mme Leroux. Le conseil permettra à Ottawa d’avoir « un point d’attache, de convergence, pour être capable de raffiner ses scénarios, raffiner ses mesures, et obtenir de l’input pour savoir si les mesures sont efficaces ou non, si elles répondent aux problématiques ou non », a-t-elle dit. Il sera aussi question des façons de préparer la suite, en cas de deuxième ou de troisième vague, par exemple.

« Je crois que cette crise va venir changer un certain nombre de choses. Je ne crois pas qu’on va peser sur le bouton de janvier 2020 et dire que tout va marcher simplement comme avant. Je pense qu’il va y avoir des changements dans les comportements, les attitudes, les attentes, que ce soit des consommateurs, des citoyens ou des investisseurs », estime Mme Leroux. « Et donc comment, à moyen terme, on peut proposer des stratégies pour faire en sorte que nos entreprises, que le Canada se positionne comme un pays ouvert, résilient et robuste dans ce nouveau contexte économique et social. »

Un des défis du Conseil sera de synthétiser l’information reçue dans le fil de ses travaux pour identifier « les stratégies les plus efficaces à travers les secteurs, s’assurer qu’on a, à travers nos tables sectorielles, une vue de l’ensemble de l’activité économique canadienne, et qu’on soit capables d’arriver avec des éléments concrets, utiles et exploitables ».

De manière globale, les économistes prévoient une poussée de croissance économique à compter du troisième trimestre de 2020. En rythme annualisé, la chute du PIB canadien a été de 8,2 % au premier trimestre. Parmi les variables pour la suite des choses figure toutefois l’incidence ou non d’une deuxième vague.

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