L’OACI publie ses recommandations pour la relance du secteur aérien

Des passagers portant un masque obligatoire à l’aéroport Montréal-Trudeau
Photo: Ryan Remiorz La Presse canadienne Des passagers portant un masque obligatoire à l’aéroport Montréal-Trudeau

Port du masque, contrôles de température ou accès aux toilettes : l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a publié lundi une série de recommandations sanitaires à destination du transport aérien pour relancer ce secteur durement touché par le coronavirus.

Ce véritable guide des bonnes pratiques sanitaires est la pierre angulaire d’un rapport rédigé par une task force de cette agence de l’ONU basée à Montréal. Il formule plusieurs propositions pour une relance progressive et durable du secteur aérien alors que plusieurs pays ont entamé leur déconfinement.

Il appelle États, aéroports et compagnies aériennes à mettre en oeuvre des mesures « harmonisées à l’échelle mondiale comme régionale, qui font consensus » , comme le réclame l'industrie soucieuse de redonner confiance aux voyageurs.

Les recommandations se veulent un « cadre » visant la sécurité autant des passagers que des personnels, dans les aéroports comme à bord des avions. Le voyageur devrait présenter, à son arrivée à l’aéroport, une déclaration de santé et subir un premier contrôle de température, propose l’OACI.

L’enregistrement en ligne avant d’arriver à l’aéroport est préconisé et les passagers sont priés de voyager aussi léger que possible, avec un petit bagage à main. Journaux et magazines ne seront plus les bienvenus à bord, et les ventes hors taxes, limitées.

Les cartes d’embarquement sur téléphone mobile doivent être privilégiées, de même que plus généralement toutes les technologies « sans contact » (reconnaissance faciale ou oculaire) dans les aéroports. « Cela permettra d’éliminer ou de réduire fortement la nécessité d’un contact entre employés et passagers pour les documents de voyage » , souligne le rapport.

De même, l’accès au terminal devrait être limité aux voyageurs, à leurs accompagnants pour les personnes handicapées par exemple, et au personnel. Le port du masque ou d’un couvre-visage doit être obligatoire à l’intérieur du terminal, où une distance physique d’au moins un mètre doit être respectée, ainsi qu’à bord des appareils. Les employés de l’aéroport devront eux aussi être équipés d’équipements de protection pouvant inclure des visières, des gants ou des masques médicaux.

Une fois à l’intérieur de l’avion, les passagers doivent garder leur masque et se déplacer le moins possible pendant le vol, en évitant les files d’attente vers les toilettes pour ne pas risquer de contaminer les autres passagers. Les passagers devraient se voir affecter une cabine de toilettes en fonction de leur emplacement dans l’avion.

Sur l’une des mesures les plus attendues, l’OACI ne préconise pas de neutraliser un siège sur deux pour assurer la distanciation physique, un système dénoncé par l’industrie, notamment par le patron de la puissante Association internationale du transport aérien (IATA), Alexandre de Juniac, qui le juge intenable pour le modèle économique des compagnies. L’organisation demande toutefois que les voyageurs soient aussi éloignés les uns des autres que possible, en fonction du taux d’occupation de l’avion. Elle préconise également que la nourriture à bord soit pré-emballée et que l’avion soit désinfecté régulièrement.

De nouveaux contrôles de température doivent également être effectués à l’arrivée. Ces mesures, appelées à être temporaires, n’auront pas de caractère obligatoire. Mais elles ont fait l’objet d’un large consensus qui leur donnera « une autorité qui fera référence mondiale, pour la première fois sur ce sujet depuis la crise du COVID-19 », explique Philippe Bertoux, représentant de la France au Conseil de l’OACI, qui a piloté les débats de la task force. Le document a été rédigé en collaboration avec de nombreuses organisations ou associations comme l’OMS ou l’IATA, qui regroupe 290 compagnies. Les changements nécessaires pour lutter contre l’épidémie sont les plus importants depuis les mesures de renforcement de la sécurité décidées à la suite des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

L’OACI estime que la pandémie de coronavirus pourrait réduire de 1,8 milliard le nombre de passagers d’ici la fin de l’année, selon ses projections mises à jour le 20 mai. L’institution spécialisée des Nations unies prévenait des limites de l’exercice, tellement l’horizon demeure obstrué par cette pandémie aux aléas encore imprévisibles.

Ainsi, la capacité mesurée par le nombre de sièges offerts baissera entre 32 et 55 % cette année. Les transporteurs aériens subiraient une perte de leurs revenus d’exploitation oscillant entre 238 milliards et 418 milliards de dollars américains.

Avec Le Devoir

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