Le G20 suspend la dette des pays les plus pauvres pendant un an

La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva
Photo: Nicholas Kamm Agence France-Presse La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva

Les ministres des Finances et les banquiers centraux du groupe G20 ont donné leur aval mercredi à une suspension immédiate et pour une durée d’un an de la dette des pays les plus pauvres, particulièrement fragilisés par la crise provoquée par la pandémie de COVID-19.

« Cette suspension du service de la dette prend effet immédiatement », a déclaré Mohammed al-Jadaan, le ministre des Finances saoudien, lors d’une conférence de presse virtuelle à l’issue d’une réunion du G20. Cela « signifie que les pays pauvres n’ont pas besoin de s’inquiéter de faire face à leurs échéances au cours des 12 prochains mois », a-t-il ajouté, précisant que le moratoire va libérer 20 milliards de dollars de liquidités qui pourront être utilisées pour combattre la pandémie dans ces pays aux moyens limités et aux infrastructures fragiles.

Cela va « beaucoup contribuer à protéger la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes les plus vulnérables », ont déclaré de leur côté dans un communiqué commun Kristalina Georgieva et David Malpass, respectivement directrice générale du Fonds monétaire international et président de la Banque mondiale. Les deux institutions de Washington « agiront rapidement pour répondre à la demande du G20 de soutenir cette action en travaillant étroitement avec ces pays », ont-ils ajouté.

Solidarité internationale

 

Le FMI et la Banque mondiale défendaient cette idée depuis plusieurs semaines. Et le Fonds avait, lui, approuvé dès lundi un moratoire sur les remboursements de dette pour 25 pays, la plupart situés en Afrique.

La suspension provisoire du service de la dette des pays les plus pauvres par le G20 constitue un « acte de solidarité internationale de portée historique », a estimé mercredi le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz. « Nous laissons ainsi aux pays concernés de grandes marges de manœuvre financières pour investir dans la protection sanitaire de leurs populations, immédiatement et sans examen chronophage au cas par cas », a-t-il commenté, faisant état de 77 pays bénéficiaires.

D’autres sources ont fait état de 76 pays bénéficiaires. Le G20 n’a pas publié la liste.

Mardi, le G7 s’était dit favorable à une telle initiative, mais à condition de recevoir l’aval du G20. Les ministres et les banques centrales des 20 plus riches économies du monde ont indiqué dans un communiqué s’être « mis d’accord sur une approche coordonnée avec un échéancier commun fournissant les principales caractéristiques de cette initiative […] qui a également été approuvée par le Club de Paris ».

Ils ont aussi exhorté les créanciers privés à participer à l’initiative.

« Nous sommes déterminés à ne ménager aucun effort pour protéger les vies humaines », a souligné Mohammed al-Jadaan. En cette période inédite, il faut soutenir autant que possible l’économie mondiale et s’assurer de la résilience du système financier.

« Nous devons poursuivre nos efforts et les amplifier », a également déclaré le ministre saoudien, alors que les gouvernements ont déjà dépensé des milliers de milliards de dollars pour endiguer l’impact de la pandémie, qui paralyse des pans entiers de l’économie mondiale.

Le FMI a prévenu mardi que le nouveau coronavirus provoquera cette année la plus grave récession économique depuis la Grande Dépression des années 1930. Le PIB mondial va se contracter de 3 % et peut-être même davantage si la pandémie n’est pas arrêtée à la fin de juin et si les mesures de confinement se poursuivent au second semestre de cette année.

Ce « Grand Confinement » (« Great Lockdown »), comme l’a baptisé le FMI, coûtera 9000 milliards de dollars à l’économie mondiale en 2020 et 2021, soit « davantage que les économies du Japon et de l’Allemagne combinées », avait précisé l’économiste en chef de l’institution Gita Gopinath.

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