Air Canada s'en remet à Cerberus

Maintes fois repoussé, Cerberus entrera finalement dans le capital d'Air Canada par la grande porte. Le transporteur a retenu l'offre de 250 millions du fonds d'investissement new-yorkais. Air Canada pourra donc accompagner sa sortie de la protection des tribunaux, prévue le 30 septembre prochain, avec des capitaux frais de 1,1 milliard.

L'acceptation de l'offre de Cerberus, annoncée en soirée mercredi, n'a pas suscité de réaction euphorique en Bourse. L'action d'Air Canada a clôturé la séance d'hier à 1,27 $, en hausse de 6 ¢, après avoir établi un haut de 1,85 $ et un bas de 56 ¢ au cours des 52 dernières semaines. Il faut cependant retenir que ces actions n'ont qu'une valeur symbolique, les actionnaires actuels ne devant peser, au plus, que 0,01 % dans l'actionnariat d'Air Canada une fois celle-ci restructurée.

Dans son communiqué diffusé mercredi, Air Canada a précisé que l'offre de Cerberus prévoit un investissement de 250 millions dans des actions privilégiées convertibles, «selon des conditions qui ont été acceptées et appuyées par les principaux intervenants financiers, la société, son conseil d'administration et le contrôleur. Cet investissement, qui s'ajoute aux 850 millions déjà obtenus dans le cadre du contrat d'achat garanti avec la Deutsche Bank, porte à 1,1 milliard les capitaux neufs réunis tout au long de ce processus, ce qui en fait l'un des apports en capital les plus élevés jamais réunis par une société aérienne».

À cette somme s'ajoute l'engagement de 1,5 milliard de GE Capital sous la forme d'une participation au financement d'une centaine d'appareils composant le parc d'aéronefs d'Air Canada.

Une fois converties, ces actions privilégiées conféreront à Cerberus 9,2 % des actions ordinaires d'Air Canada restructurée. Dans l'intervalle, les actions privilégiées seront assorties d'un coupon annuel de 5 % non payable en espèces, qui sera affecté à l'appréciation de la valeur des actions. Le privilège de conversion est encadré, avec une conversion forcée après sept ans et un rachat obligatoire par Air Canada après dix ans.

Deux reprises

Le fonds d'investissement américain, qui coiffe un capital de 13 milliards $US, a tenté à au moins deux reprises une incursion au sein d'Air Canada dans le cadre de ce processus de restructuration du transporteur mené sous la protection des tribunaux depuis le 1er avril 2003. L'offre de l'homme d'affaires sino-canadien Victor Li, par l'entremise de Trinity Time Investments, avait été initialement retenue, tant dans sa version originale que dans sa version modifiée. Dans sa proposition, alors de 650 millions, Trinity donnait plus de poids aux créanciers. On retenait également que l'engagement se voulait à plus long terme et qu'il ne risquait pas de se heurter au plafond limitant à 25 % le poids des étrangers dans le capital-actions d'un transporteur canadien.

Trinity s'est retirée au terme d'une partie de bras de fer avec les principaux syndicats d'Air Canada. Et le besoin en fonds propres a été ramené à 250 millions après que la Deutsche Bank eut fait passer son engagement de 400 à 850 millions, sous la forme de garanties.

Les observateurs disaient de Cerberus, qualifié de fonds «vautour», qu'il ne visait qu'une rentabilisation rapide de son investissement. Il appert que, dans sa proposition retenue mercredi, Cerberus aurait consenti à conserver sa participation dans Air Canada pour une période minimale de deux ans.

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