La Fed intensifie son soutien, réponse commune en Europe

L’ampleur du choc économique provoqué par la COVID-19 appelle à des interventions répétées des autorités monétaires et budgétaires, à coups de milliers de milliards. La Réserve fédérale en a rajouté jeudi, massivement, pendant qu’en Europe, les ministres des Finances des 27 parvenaient à sa rallier derrière une réplique commune à la pandémie.
Dans une allocution attendue, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a souligné que la banque centrale ajoutait à son arsenal une enveloppe de prêts de 2300 milliards en soutien aux entreprises, aux collectivités locales et aux États. Ces fonds « vont apporter de l’aide aux ménages et aux employeurs de toute taille et donner aux autorités locales et régionales les moyens de fournir une aide cruciale en ces temps de pandémie », écrit la Fed dans un communiqué. Le taux de chômage monte « à une vitesse alarmante » quoique « temporaire », a précisé Jerome Powell, qui ajoute cependant avoir « toutes les raisons de penser » que la reprise économique « sera solide » aux États-Unis, une fois la crise passée. Pour leur part, les membres du comité monétaire avaient soutenu lors de leur dernière réunion que les effets négatifs pourraient être moins durables que ceux qui avaient suivi la crise financière de 2008.
La Réserve fédérale vise ainsi à « s’assurer que la reprise sera aussi vigoureuse que possible quand elle viendra », a renchéri Jerome Powell.
Cette présentation est venue atténuer les effets d’une sombre statistique indiquant que 6,6 millions de nouveaux demandeurs d’allocations de chômage se sont ajoutés durant la semaine du 29 mars au 4 avril, après le record de 6,8 millions la semaine dernière. Au total, en trois semaines, 16,7 millions de travailleurs américains ont formulé une demande, soit l’équivalent de 10 % de la population active aux États-Unis. Un nombre de victimes de la pandémie qui pourrait doubler, selon les prévisions de la firme de recherches Oxford Economics
Au Canada, les pertes d’emplois mesurées par Statistique Canada se sont chiffrées à plus d’un million en mars, un prélude à une détérioration encore plus prononcée pressentie pour avril.
Accord dans l’Eurogroupe
De l'autre côté de l'Atlantique, les ministres des Finances de l’Eurogroupe sont parvenus à un accord sur une réponse économique commune face à la crise après plusieurs rencontres infructueuses, trouvant un terrain d’entente avec les Pays-Bas, jusque-là plutôt intransigeants.
Ce consensus constitue un soulagement pour les Européens, qui parviennent à afficher une unité face aux conséquences économiques désastreuses du virus, après des semaines d’atermoiements mettant en évidence une fracture béante entre les pays du Nord et ceux du Sud.
Face à la pandémie, la réponse européenne doit s’orienter sur trois axes principaux : jusqu’à 240 milliards d’euros de prêts du fonds de secours de la zone euro, un fonds de garantie de 200 milliards d’euros pour les entreprises et jusqu’à 100 milliards pour soutenir le chômage partiel. La brûlante question des « coronabonds », destinés à soutenir l’économie à plus long terme après la crise, considérée comme moins urgente, n’a pas été tranchée jeudi.
Bonne semaine boursière
En Bourse, les investisseurs ont mis un terme à une semaine écourtée par le congé de Pâques en poussant les indices de référence à la hausse. Le Dow Jones a progressé de 1,2 %, à 23 719,37 points, le Nasdaq a gagné 0,8 % et le S&P 500 s’est apprécié de 1,5 %, à 2789,82 points. Sur l’ensemble de la semaine, le Dow Jones a grimpé de 11,3 %, le Nasdaq de 10,6 % et le S&P 500 de 12,1 %, l’indice de référence à Wall Street enregistrant son plus fort gain hebdomadaire depuis 1974, fait-on ressortir.
Pour sa part, l’indice VIX, dit de la peur, poursuivait sa glissade à 41,67 points jeudi, en baisse de 3,9 % ou de 1,68 point sur la séance. Cet indice de la volatilité du S&P 500 a touché un sommet dans cette crise de 82,69 points le 16 mars.
À Toronto, l’indice S&P/TSX a gagné 240,92 points pour terminer la séance avec 14 166,63 points.