Les demandes d’assurance-emploi à un niveau inédit

Une femme prend en photo les directives pour obtenir de l'assurance-chômage, devant les bureaux fermés du Ministère du travail, à New York.
Photo: Angela Weiss Agence France-Presse Une femme prend en photo les directives pour obtenir de l'assurance-chômage, devant les bureaux fermés du Ministère du travail, à New York.

Les demandes d’assurance-emploi ont monté en flèche aux États-Unis, et le Canada ne sera pas épargné par le phénomène, avec quelque deux millions de travailleurs à risque.

Le bond est sans précédent aux États-Unis, qui ont comptabilisé près de 3,3 millions de nouvelles demandes d’assurance-emploi au cours de la semaine se terminant le 21 mars. Ces demandes s’élevaient à 282 000 et à 211 000 lors des deux semaines précédentes. Le secteur des services, en particulier l’hébergement et la restauration, est le plus touché.

« C’est évidemment le nombre de demandes le plus élevé jamais répertorié. Le sommet précédent, enregistré au début d’octobre 1982, était de 695 000. Pendant la crise économique de 2008-2009, le sommet était de 665 000 (atteint en mars 2009). Après le 11 septembre 2001, le niveau avait bondi à 517 000 nouvelles demandes », a recensé Francis Généreux, économiste principal au Mouvement Desjardins. « Le bond représente bien le caractère subit et atypique de la crise de la COVID-19. Les mesures sanitaires et de confinement, volontaires ou imposées, ont un réel effet sur l’activité économique et sur l’emploi », ajoute l’économiste.

Ces pertes devraient généralement être temporaires, prend-il toutefois soin de souligner.

 

Au Canada

Le Canada ne sera pas épargné par ce recours massif à l’assurance-emploi. Citant des sources au sein du gouvernement fédéral, Le Journal de Montréal écrivait lundi qu’un nombre record de 930 000 demandes auraient été déposées la semaine dernière.

Dans son estimation publiée jeudi, le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) dit s’attendre à ce que le taux de chômage augmente de plus du double sous l’effet de la COVID-19. Plus de deux millions de travailleurs ont été mis à pied ou sont sur le point de l’être en raison de cette pandémie et des mesures de confinement afférentes, de 50 à 75 % d’entre eux perdant leur emploi à la fin du mois. « Le taux de chômage de mars est en voie d’être le plus élevé en 70 ans », souligne l’économiste du CCPA David MacDonald.

Le secteur des services étant le plus ébranlé parmi les travailleurs à risque, 40 % de ceux-ci gagnent 14 $ l’heure ou moins, le tiers entre 14 et 16 $ l’heure. Selon l’empreinte temporelle que prendront les statistiques, le taux de chômage chez les jeunes devrait passer de 10,4 % en février à 25,5 % en mars selon un scénario « optimiste », à plus de 33 % selon un scénario dit réaliste. Globalement, à l’échelle canadienne, le taux de chômage passerait de 5,9 % en février à 10,9 % ou à 13,5 % en mars, selon le scénario retenu.

Pour le Québec, le CCPA chiffre à quelque 350 000 la perte imminente d’emplois, ce qui pousserait le taux de chômage de 4,9 % en février à 10 ou 12,8 % selon que la lecture soit « optimiste » ou réaliste.

Dans une étude publiée mardi, la firme Aviseo Conseil évaluait à 689 211 sur l’échelle d’un trimestre les emplois québécois à risque. Sur cette base, elle prévoyait un bond du taux de chômage à 24,2 % si ces pertes sont concentrées sur un seul trimestre, à 14,6 % si ces pertes s’étendent sur six mois.

Et Aviseo d’ajouter : « Ce ralentissement est davantage lié à une composante cyclique, soit les mesures de contrôle de la propagation du coronavirus, qu’à une composante structurelle, comme l’effondrement du secteur financier. » Pour le marché de l’emploi, « une fois le choc encaissé, le vieillissement démographique et son impact sur la disponibilité de la main-d’œuvre devraient revenir dans le paysage. »



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