Nemaska Lithium: Québec discute avec divers groupes

L’action de Nemaska Lithium a été radiée de la Bourse de croissance TSX.
Photo: Nemaska Lithium L’action de Nemaska Lithium a été radiée de la Bourse de croissance TSX.

Le gouvernement québécois parle « à différents groupes » concernant la reprise des activités de Nemaska Lithium, a affirmé le ministre de l’Économie tout en se disant « excessivement sensible » à la situation des actionnaires qui ont perdu l’argent investi dans la compagnie lorsque le titre était coté en Bourse.

Nemaska Lithium, dont le projet est à la fois un gisement près de la Baie-James et la construction d’une usine électrochimique à Shawinigan, s’est tournée vers les tribunaux pour se protéger de ses créanciers au mois de décembre afin de travailler sur le financement du projet, marqué par une forte hausse des coûts.

L’action de la compagnie a été radiée de la Bourse de croissance TSX. Investissement Québec détenait un bloc d’environ 13 %, un placement de 80 millions, en faisant le plus important actionnaire.

« On suit le projet de très près », a dit le ministre Pierre Fitzgibbon lors d’une entrevue téléphonique jeudi en fin de journée. Avec son bloc de 13 %, le gouvernement estime avoir un « droit de participer » au processus de restructuration, encadré par la Cour supérieure du Québec.

Je suis excessivement sensible à la situation des actionnaires

 

Quelques semaines avant l’annonce de son départ, le président de Nemaska, Guy Bourassa, avait indiqué que les besoins de la compagnie étaient d’environ 1,1 milliard pour mener à bien le projet et que l’entreprise n’aurait pas le choix de solliciter des capitaux à l’extérieur du pays. L’industrie est toutefois aux prises avec un prix du lithium qui a fortement diminué depuis quelques années.

Le projet était initialement chiffré à 875 millions, ce qui tenait compte à la fois de la construction de la mine et de l’usine. Au début de 2019, cependant, une mise à jour a fait passer ce chiffre à 1,27 milliard. Au dire de Nemaska, il s’agit de « l’un des plus importants gisements de spodumène au monde, tant en matière de volume que de teneur, dont la durée de vie initiale est estimée à 33 ans ».

Selon les documents du contrôleur PricewaterhouseCoopers, Nemaska traîne une dette garantie d’environ 120 millions. En ajoutant les créances non garanties, la dette totale atteint 161 millions.

En entrevue, M. Bourassa avait affirmé que pour le bien de la compagnie, l’idéal serait « un investisseur institutionnel à long terme, qui croit au secteur, parce que ça permettrait à l’entreprise de se développer de façon plus grande, avec plusieurs clients plutôt qu’un seul utilisateur ». Pour déposer des lettres d’intention non contraignantes, la Cour supérieure donne aux investisseurs jusqu’au 17 avril.

Petits actionnaires

 

La semaine dernière, le Regroupement des actionnaires de Nemaska, qui dit représenter 1700 personnes détenant 130 millions d’actions, a affirmé dans un communiqué qu’il souhaite que le titre soit réinscrit à la Bourse de croissance TSX. Il veut également une « recherche de solutions de refinancement de Nemaska avec la contribution des petits actionnaires ».

« Je suis excessivement sensible à la situation des actionnaires », a dit M. Fitzgibbon. « C’est la volonté du gouvernement de trouver une solution qui va permettre aux actionnaires de voir, peut-être un jour, le bénéfice de leur investissement. Mais je ne peux pas faire de promesse, parce que les actions de Nemaska aujourd’hui ne valent rien. […] Mais je suis très sensible au fait qu’il y a une perte de valeur incroyable depuis deux ou trois ans. »

Le gouvernement estime que le Québec a un rôle à jouer dans l’électrification des transports, compte tenu des ressources sur son territoire qui permettent de se lancer dans la fabrication de batteries, selon le ministre. D’ailleurs, le budget Girard a prévu 90 millions sur cinq ans pour « valoriser les minéraux critiques et stratégiques ».

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