L’économie américaine subit les effets de l’épidémie

Le président de la Fed, Jerome Powell, a donné une brève conférence de presse mardi.
Photo: Jacquelyn Martin Associated Press Le président de la Fed, Jerome Powell, a donné une brève conférence de presse mardi.

L’économie américaine ressent les effets de l’épidémie du coronavirus, lit-on dans le livre beige publié mercredi par la Réserve fédérale, qui a surpris les marchés la veille avec sa baisse de 50 points du taux cible.

Dans son dernier rapport sur l’économie américaine, la Réserve fédérale américaine (Fed) parle d’une économie ayant affiché une croissance « modeste à modérée » en début d’année, mais qui commence à ressentir les effets du coronavirus. Aussi, l’inquiétude est palpable dans tous les secteurs d’activité. La Fed précise notamment que le secteur du tourisme et des voyages subit déjà les conséquences de l’épidémie, alors que le secteur manufacturier, qui se remettait à peine de l’allégement des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, doit conjuguer avec des délais dans la chaîne d’approvisionnement en provenance de la Chine, où les usines ont fermé pour éviter la contagion.

Cette baisse des taux va donner « un coup de fouet significatif à l’économie » américaine, avait dit mardi le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’une brève conférence de presse.

« Risques en constante évolution »

La banque centrale qualifie toujours de « solides » les fondamentaux de l’économie américaine, qui connaît sa 11e année continue de croissance. Mais, compte tenu des « risques en constante évolution » posés par le coronavirus, elle a jugé approprié d’abaisser ses taux, qui se situent désormais dans une fourchette comprise entre 1 % et 1,25 %, disait-elle.

Le livre beige ajoute que la moitié des douze banques centrales régionales rapporte des effets.

 

À l’échelle mondiale, Oxford Economics revient sur la forte contraction de l’activité économique attendue au premier trimestre, une première depuis le trimestre correspondant de 2009, au plus fort de la Grande Récession. La firme de recherche estime que les dommages se veulent plus larges avec une économie chinoise particulièrement secouée. L’impact sur le commerce affiche déjà ses mesures, avec une activité de fret en baisse de 20 à 40 % sur certaines routes et une chute des importations chinoises pouvant atteindre les 12 % au premier trimestre. Oxford estime que le commerce mondial pourrait chuter de 7 % sur un an à la fin du premier trimestre et au début du deuxième. S’y greffe la fermeture de manufacturières chinoises devant causer un recul des exportations s’ajoutant au choc d’offre.

Enfin, la faiblesse de l’économie chinoise se traduit par une baisse de la demande et des prix des matières premières. À titre d’illustration, le cours du Brent de la mer du Nord affiche un repli de 25 % depuis le début de l’épidémie et les prix des métaux sont en recul de 10 %.

Lufthansa immobilise 150 avions

 

Ailleurs, la compagnie aérienne allemande Lufthansa va immobiliser 150 de ses appareils en raison de la baisse de trafic aérien générée par l’épidémie de nouveau coronavirus, a annoncé un porte-parole de l’entreprise mercredi à l’AFP. « En raison de l’épidémie de coronavirus », le groupe va laisser au sol « 25 avions long-courriers » et « 125 avions court et moyen courriers », a-t-il précisé. Le groupe Lufthansa, qui détient également les compagnies Swiss, Austrian Airlines et Eurowing, possède plus de 750 appareils dans le monde.

Cette immobilisation va commencer « à partir de cette semaine », ajoute la compagnie, qui parle de « circonstances exceptionnelles ». Lufthansa avait déjà indiqué vendredi qu’il pourrait « réduire jusqu’à 25 % » ses « offres de court et moyen courriers », et immobiliser au sol « 23 avions long-courriers ». Face à l’épidémie, le groupe va également geler ses embauches et proposer des congés sans solde à ses employés.

Plusieurs destinations ne sont déjà plus desservies par le groupe, comme la Chine, l’Iran, et une partie de ses vols vers l’Italie ont été annulés.

Comme pour l’ensemble des compagnies aériennes, l’activité de Lufthansa est frappée de plein fouet par l’épidémie du coronavirus, qui réduit radicalement le trafic aérien mondial. Signe de fébrilité, le titre du groupe a perdu près de 28 % sur un an, retombant lundi à son plus bas niveau depuis 2016.

Avec l’Agence France-Presse

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