L’épidémie du COVID-19 coûterait 30 milliards au secteur aérien

Pour la zone Asie-Pacifique, l’effet du COVID-19 sur le trafic passagers (en kilomètre par passager payant, RPK en anglais) pourrait être plus important, en pourcentage, que celui du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), en 2003.
Photo: Ted Aljibe Agence France-Presse Pour la zone Asie-Pacifique, l’effet du COVID-19 sur le trafic passagers (en kilomètre par passager payant, RPK en anglais) pourrait être plus important, en pourcentage, que celui du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), en 2003.

La facture de l’épidémie de coronavirus pourrait atteindre les 30 milliards $US pour les compagnies aériennes. Le secteur subirait également une première baisse globale de la demande depuis la Grande Récession ayant suivi la crise financière de 2008.

Les estimations viennent de l’Association internationale du transport aérien (IATA, en anglais), qui représente 290 compagnies aériennes assurant 82 % du trafic aérien mondial. L’on retient d’entrée de jeu un scénario prévoyant une diminution nette de 8,2 % de la demande du secteur passagers pour l’ensemble de 2020 chez les transporteurs de la région Asie-Pacifique. Il en résulterait des pertes de recettes de 27,8 milliards $US pour ces transporteurs, dont 12,8 milliards pour ceux enregistrés en Chine. Pour la zone Asie-Pacifique, l’effet du COVID-19 sur le trafic passagers (en kilomètre par passager payant, RPK en anglais) pourrait être plus important, en pourcentage, que celui du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), en 2003. Un écart qu’il faut toutefois relativiser compte tenu du différentiel de poids économique. « En 2003, le SRAS a causé une chute de 5,1 % des RPK chez les compagnies aériennes d’Asie-Pacifique », indique l’IATA.

S’ajoutent à la facture les répercussions sur les transporteurs non asiatiques qui, tels Air France-KLM, Lufthansa, Delta, British Airways et Air Canada, ont interrompu leur liaison vers la Chine continentale. Pour eux, la baisse de recettes serait de l’ordre de 1,5 milliard, « en supposant que la baisse de la demande se limitera aux marchés reliés à la Chine », précise l’IATA. Pour une facture globale de 29,3 milliards. L’IATA va plus loin. Si sa simulation se confirme, il pourrait en résulter une contraction de 0,6 % de la demande passagers dans le monde cette année. « Nous évaluons à 4,7 % la réduction du trafic mondial causée par le virus, ce qui pourrait plus qu’annuler la croissance prévue précédemment et causer le premier déclin généralisé de la demande depuis la crise financière mondiale de 2008-2009 », écrit-elle.

Ces estimations sont fondées sur un scénario selon lequel le COVID-19 aurait une courbe d’impact sur la demande comme c’était le cas pour le SRAS. Cette courbe était caractérisée par une période de six mois de fort déclin de la demande, suivie par une période équivalente de reprise. « L’évaluation de l’impact suppose aussi que le centre de la crise sanitaire demeurera en Chine. Si l’épidémie se répand plus largement aux marchés d’Asie-Pacifique, les conséquences sur les compagnies aériennes des autres régions pourraient être plus fortes. »

Une facture devant être adoucie par une baisse attendue du prix du kérosène. « Une baisse des prix du carburant contribuerait à compenser une partie des pertes de recettes », a déclaré Alexandre de Juniac. Ce qui n’empêche pas le directeur général et chef de la direction de l’IATA de prévoir « une année très dure pour les compagnies aériennes ».

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