Le décès de L. Jacques Ménard déclenche une vague d’hommages

Le décès de l’homme d’affaires L. Jacques Ménard, patron des activités québécoises de la Banque de Montréal pendant une vingtaine d’années, promoteur de la lutte contre le décrochage scolaire et instigateur du mouvement Je vois Montréal, a déclenché mercredi une vague d’hommages provenant du monde économique, mais aussi des milieux de l’éducation, des arts et du sport.
M. Ménard, qui avait cédé les rênes en avril 2018 pour devenir président émérite de BMO Groupe Financier au Québec, a rendu l’âme « au CHUM entouré de sa famille à la suite d’une longue maladie », a indiqué une porte-parole de la Banque dans une déclaration écrite. Son décès, survenu à 74 ans, laisse dans le deuil sa conjointe et deux enfants.
Originaire de Chicoutimi mais élevé à Montréal, M. Ménard, qui a commencé sa carrière dans l’industrie de la finance, avait multiplié les engagements : il a notamment dirigé les conseils d’administration d’Hydro-Québec, de la Bourse de Montréal et de l’Association canadienne des courtiers en valeurs mobilières. Il a également été membre des conseils de Gaz Métro et de Rona, en plus d’avoir joué un rôle clé dans la survie des Expos de Montréal au cours des années 1990.
Membre de l’Ordre du Canada et officier de l’Ordre national du Québec, M. Ménard siégeait également au conseil d’administration de l’Orchestre symphonique de Montréal, de Robotique FIRST Québec et de Fusion Jeunesse, un organisme axé sur la persévérance scolaire.
On ne peut pas vivre en démocratie, avec les privilèges et les droits que ça comprend, sans aussi se demander si on a des devoirs envers cette société qui nous donne ces droits-là
Témoignages nombreux
Son décès a déclenché une vague d’hommages dans le milieu des affaires et le monde politique, entre autres de la part des premiers ministres Justin Trudeau et François Legault, de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, de la direction de la Place des Arts, d’Hydro-Québec, des Alouettes de Montréal, dont il a été membre du conseil. La présidente de la Commission scolaire de Montréal, Catherine Harel Bourdon, a évoqué sur Twitter « un homme d’affaires qui a épousé la cause de la réussite et de la persévérance des élèves montréalais ».
« J’ai eu l’occasion de connaître M. Ménard dans l’industrie de la finance à Montréal, mais il était aussi extrêmement impliqué dans la philanthropie, comme [la Fondation CHU] Sainte-Justine et des oeuvres contre le décrochage scolaire », a dit le ministre des Finances, Eric Girard.
« C’est quelqu’un qui a marqué le Québec professionnellement, mais aussi au-delà, par son implication sociale, et c’était un exemple pour tous », a ajouté le ministre Girard.
« C’était un homme de toutes les causes, généreux de son temps et investi », a résumé en entrevue le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc. « Parmi les gens d’affaires que j’ai côtoyés, c’est un de ceux qui étaient les plus optimistes et les plus engagés envers Montréal. »
En entrevue au Devoir en 2015, M. Ménard avait mentionné qu’il consacrait 20 % de son temps à des activités n’étant pas liées à son métier. « Comme citoyens, nous sommes habitués de dire qu’on a des droits. J’aime aussi penser qu’on a des devoirs qui viennent avec. On ne peut pas vivre en démocratie, avec les privilèges et les droits que ça comprend, sans aussi se demander si on a des devoirs envers cette société qui nous donne ces droits-là. »
Quand le journaliste du Devoir lui avait indiqué que certains pourraient avancer que son engagement procurait une certaine visibilité à BMO, M. Ménard avait répondu : « Je ne me rappelle pas avoir gagné de clients à cause de ça. Je faisais ça quand j’avais 24 ans et aujourd’hui, j’en ai 69. J’ai fait ça quand personne ne savait que j’existais. J’aimerais qu’il y ait plus de gens de ma génération, dans des conditions identiques aux miennes, qui fassent ce que je fais. »