Nemaska Lithium devra solliciter des capitaux étrangers

À l’heure actuelle, la construction de la mine de Nemaska Lithium à la Baie-James (sur la photo) est achevée à 52%, comparativement à 4% pour l’usine de traitement électrochimique à Shawinigan.
Photo: Nemaska Lithium À l’heure actuelle, la construction de la mine de Nemaska Lithium à la Baie-James (sur la photo) est achevée à 52%, comparativement à 4% pour l’usine de traitement électrochimique à Shawinigan.

La recherche d’argent frais pour relancer le projet de Nemaska Lithium devra obligatoirement faire appel aux capitaux situés à l’extérieur du Canada, estime le p.-d.g. de la compagnie, dont les besoins financiers se chiffrent à environ 1,1 milliard, une somme qui servirait à terminer la construction de la mine à la Baie-James et de l’usine de traitement électrochimique à Shawinigan.

« On n’a pas le choix d’aller à l’étranger. Je rappelle que dans les trois dernières années, lors des financements qu’on a faits, moins de 15 % de l’argent est venu du Canada au complet », a dit Guy Bourassa lors d’une entrevue téléphonique jeudi, au lendemain d’une annonce selon laquelle la société a reçu le feu vert de la Cour supérieure pour partir à la recherche d’un acheteur ou d’un investisseur.

La compagnie, qui s’est protégée de ses créanciers le mois dernier, lancera le processus de sollicitation le 28 février avec le contrôleur PricewaterhouseCoopers et deux firmes, dont la Financière Banque Nationale. L’objectif, a résumé Nemaska mercredi, consiste à trouver des capitaux pour remettre le projet sur les rails et « jeter potentiellement les bases d’un plan de compromis ou d’arrangement pour toutes les parties prenantes de Nemaska Lithium ».

Profil de l’investisseur

« Je pense que pour le développement de la compagnie, ce qui est le mieux, c’est un investisseur institutionnel à long terme, qui croit au secteur, parce que ça permettrait à l’entreprise de se développer de façon plus grande, avec plusieurs clients plutôt qu’un seul utilisateur », a affirmé M. Bourassa. Car l’autre type d’investisseur pourrait être, par exemple, un « utilisateur final du produit, soit un fabricant de batteries ou, à la rigueur, un fabricant de véhicules électriques qui est intégré verticalement ».

Au départ, une étude de faisabilité a chiffré le coût estimatif de la construction de la mine et de l’usine à 875 millions. En février 2019, la somme requise est passée à 1,27 milliard, selon une mise à jour publiée par la compagnie.

[...] dans les trois dernières années, lors des financements qu’on a faits, moins de 15 % de l’argent est venu du Canada au complet 

À l’heure actuelle, la construction de la mine est achevée à 52 %, comparativement à 4 % pour l’usine de Shawinigan, située sur le site d’une ancienne installation de pâtes et papiers. Ces travaux ont été rendus possibles grâce à un montage financier annoncé en 2018. Nemaska Lithium décrit le gisement de la Baie-James comme étant « l’un des plus importants gisements de spodumène au monde, tant en termes de volume que de teneur, dont la durée de vie initiale est estimée à 33 ans ».

L’étude de faisabilité de 2018 a été signée par des experts indépendants, a dit M. Bourassa. « C’est leur budget, leur calendrier. On n’a pas dévié de ça. La réalité a rattrapé le projet lorsqu’on s’est mis à l’exécuter. Mais ce n’est pas dû à une mauvaise gestion. C’est la réalité qui a rattrapé le projet, comme la grande majorité des projets de cette envergure. » Selon les normes canadiennes, une étude de faisabilité repose sur un niveau d’ingénierie de base. « Quand on tombe dans l’ingénierie détaillée, il peut arriver des surprises. »

Appui financier de Québec

 

Les transactions sur le titre de la compagnie à la Bourse de Toronto ont été suspendues en décembre. Le plus grand actionnaire est Investissement Québec, avec un bloc de 13 % acquis pour 80 millions. En entrevue à La Presse canadienne, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a récemment dit que « cela vaut aujourd’hui 13 millions ». Il n’a pas fermé la porte à un nouvel appui financier de l’État, ayant fait valoir quelques mois auparavant la forte demande pour le lithium.

Invité à décrire ce qui pour lui devrait être le rôle d’un gouvernement dans le développement d’une nouvelle filière, M. Bourassa a dit : « C’est de rassurer les investisseurs sur la stabilité politique et fiscale, sur des aides potentielles d’intervention requise pour, disons, des infrastructures en périphérie, c’est appuyer politiquement le projet. Mais ce n’est certainement pas de le posséder. »

Le récent règlement d’un litige avec le fiduciaire de titres obligataires émis par Nemaska Lithium permet d’avoir les coudées franches dans la recherche d’investisseurs, a dit M. Bourassa. « Aujourd’hui, on est capable d’envoyer des demandes à plein de monde et d’avoir un échéancier de clôture crédible, avec un bilan nettoyé, à l’avantage de tout le monde. »

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