Des Canadiens sont tentés de quitter leur emploi pour chercher mieux ailleurs

Près de 18% de travailleurs indiquent qu’ils comptent quitter leur emploi de leur propre chef au cours de la prochaine année.
Photo: Alain Jocard Agence France-Presse Près de 18% de travailleurs indiquent qu’ils comptent quitter leur emploi de leur propre chef au cours de la prochaine année.

Les entreprises canadiennes ont recommencé à avoir du mal à trouver la main-d’oeuvre nécessaire, et les travailleurs en sont de plus en plus conscients.

La proportion d’entreprises qu’une hausse inattendue de la demande mettrait « en difficulté » (43 %), sinon « en sérieuses difficultés » (10 %), continue d’augmenter au Canada, son total, qui était tombé de 56 % à 31 % il y a un an, étant déjà presque revenu au point de départ (53 %), a rapporté lundi la Banque du Canada.

Le manque d’effectif apparaît être l’une des causes du problème, près du tiers (31 %) des répondants à un sondage réalisé du 13 novembre au 9 décembre auprès des dirigeants d’une centaine d’entreprises canadiennes représentatives disant faire les frais d’une « pénurie de main-d’oeuvre ».

Conscients de la situation

 

Plus de la moitié d’entre elles (53 %), particulièrement concentrées au Québec et en Colombie-Britannique, expriment d’ailleurs leur intention d’augmenter leur nombre d’employés au cours de la prochaine année, contre seulement 11 % qui comptent faire le contraire.

Apparemment bien conscients de la situation, les répondants à une autre enquête de la Banque du Canada menée, celle-là, auprès d’un panel rotatif de 2000 chefs de ménage, révèle notamment qu’en cas de perte d’emploi, plus de la moitié d’entre eux (51 %) pensent qu’ils en auraient trouvé un autre dans les trois mois.

Fort de ce sentiment, près de 18 % de travailleurs indiquent même qu’ils comptent quitter leur emploi de leur propre chef au cours de la prochaine année, vraisemblablement pour trouver mieux ailleurs, alors que cette proportion n’était encore que de 6 % il y a deux ans.

Optimisme modéré

 

Tout n’est cependant pas parfait du point de vue des ménages canadiens, rapporte la Banque du Canada, qui dévoile pour la première fois publiquement les résultats de cette Enquête sur les attentes des consommateurs qu’elle effectue tous les trois mois depuis cinq ans et qui a été réalisée, cette fois-ci, du 11 au 29 novembre dernier. En effet, la proportion de ceux qui jugent probable de perdre leur emploi au cours de la prochaine année a aussi doublé (de 4 % à 10 %) en deux ans.

On a tendance aussi à sous-estimer la croissance des salaires depuis un an, en la fixant à moins de 2 %, alors que, selon Statistique Canada, le salaire horaire moyen a augmenté de 3,6 %.

Les ménages canadiens ne s’attendent pas d’ailleurs à voir leurs propres revenus croître de plus de 2,06 % l’année prochaine, c’est-à-dire moins que l’inflation des prix qu’ils prévoient (2,23 %).

Cela ne les empêche pas toutefois de penser augmenter leurs propres dépenses de 3,36 %.

Climat, une occasion d’affaires

Pourtant réalisé avant que la nouvelle version de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) ne soit signée et que le projet de trêve entre les États-Unis et la Chine ne se précise dans leur guerre commerciale, le sondage auprès des entreprises révèle qu’elles disaient déjà s’en faire un peu moins avec les tensions commerciales.

Elles rapportaient même des carnets de commandes en voie de se garnir de clients étrangers à la faveur, notamment, de la croissance américaine.

53 %
C’est la proportion d’entreprises, particulièrement concentrées au Québec et en Colombie-Britannique, qui ont l’intention d’augmenter leur nombre d’employés au cours de la prochaine année

On apprend aussi que plus de la moitié d’entre elles disent avoir souffert des changements climatiques, soit parce qu’elles ont essuyé des dommages infligés par des phénomènes météorologiques extrêmes, soit parce qu’elles ont vu leurs coûts d’exploitation augmenter avec les politiques environnementales et les frais d’assurance plus élevés.

« À l’inverse, le tiers des entreprises touchées font état d’effets positifs souvent liés à de nouvelles occasions d’affaires », rapporte la Banque du Canada, à qui l’on a parlé de la vente de technologies propres, de l’effet du temps plus chaud sur les touristes ou encore des gains en économie d’énergie.

Gardée confidentielle le temps de la roder et d’accumuler suffisamment de données pour pouvoir établir des tendances, l’Enquête sur les consommateurs sera désormais dévoilée en même temps que l’autre enquête, plus connue, sur les perspectives des entreprises, a fait savoir lundi la Banque du Canada.

Elle permettra à tous d’avoir « un portrait plus complet des attentes des consommateurs, des entreprises et des prêteurs, lesquelles entrent en ligne de compte dans nos décisions concernant le taux directeur », avait expliqué son gouverneur, Stephen Poloz, lors d’une conférence jeudi à Vancouver.

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