Nemaska Lithium obtient la protection contre ses créanciers

Les travaux du projet Whabouchi de Nemaska Lithium dans le Nord-du-Québec ont été suspendus pour contrôler le niveau des liquidités.
Photo: Nemaska Lithium Les travaux du projet Whabouchi de Nemaska Lithium dans le Nord-du-Québec ont été suspendus pour contrôler le niveau des liquidités.

Nemaska Lithium a obtenu la protection de la Cour supérieure contre ses créanciers, a indiqué la compagnie cette semaine en soulignant qu’il s’agit de la meilleure décision, car cela lui permettra de travailler sur le financement de son projet Whabouchi, composé d’un gisement près de la Baie-James et de la construction d’une usine électrochimique à Shawinigan.

Un des enjeux auxquels Nemaska Lithium a fait face dans la dernière année, rappelle le rapport produit par PricewaterhouseCoopers (PwC) le 23 décembre, est lié aux coûts de construction supérieurs à ce qui était prévu lorsque l’entreprise a sollicité l’argent des investisseurs l’an dernier.

L’ensemble des coûts initiaux était évalué à environ 875 millions. En février 2019, cependant, la compagnie, qui a dans sa mire le marché des piles pour véhicules électriques et de stockage d’énergie, a annoncé qu’il faudrait prévoir 375 millions de plus.

Il était prévu que la mine soit prête dans la deuxième moitié de 2019, suivie de l’usine au deuxième semestre de 2020. Selon le rapport de PwC, la mine est présentement complétée à 52 %, comparativement à 4 % pour l’usine. Les travaux ont été suspendus aux deux endroits pour contrôler le niveau des liquidités, précise-t-il.

Le recours à la protection contre les créanciers est survenu après l’analyse de « toutes les solutions de rechange possibles », a indiqué Nemaska Lithium dans un communiqué publié lundi soir, le même jour que le dépôt de sa demande en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

« La société n’a par ailleurs pas été en mesure de restructurer adéquatement ses affaires en raison d’une combinaison de coûts de construction plus élevés que prévu, de l’état actuel des marchés financiers et de l’incapacité de la société de trouver une solution convenable dans le cadre de son processus d’examen stratégique annoncé précédemment », poursuit le communiqué.

La direction de l’entreprise demeure aux commandes des opérations quotidiennes et le conseil d’administration restera inchangé, a décrété l’ordonnance de la Cour supérieure.

Discussions avec un investisseur

 

La compagnie a discuté avec l’investisseur britannique Pallinghurst cette année au sujet d’un investissement potentiel de 600 millions. La période d’exclusivité devait prendre fin le 31 décembre 2019. La semaine dernière, indique le rapport de PwC, Pallinghurst a avisé Nemaska qu’il ne prolongerait pas la période d’exclusivité au-delà du 31 décembre et qu’il « n’est pas disposé » à discuter des conditions d’investissement de sa proposition initiale. Ces conditions devaient être réunies d’ici le 31 décembre. « La proposition d’investissement ne peut pas être mise en place avant l’expiration de la période. » Au moment où ces lignes étaient écrites, Le Devoir était en attente de précisions de la part de Nemaska.

Par ailleurs, un autre problème concerne le désaccord entre Nemaska et le fiduciaire de titres obligataires de 350 millions $US que la compagnie a émis en mai 2018. Puisque les conditions du projet n’ont pas été réunies, la société Nemaska n’a pas utilisé ce capital et a cru qu’elle était libérée de ses obligations. Le fiduciaire, Nordic Trustee AS, estime plutôt que Nemaska doit payer une pénalité de 93 millions $US. Ce litige sera entendu par la Cour en février 2020. (Le tribunal a récemment ordonné que les 350 millions soient retournés aux détenteurs d’obligations.)

Les transactions sur les actions de Nemaska Lithium à la Bourse de Toronto ont été suspendues jusqu’à ce que le TSX évalue l’admissibilité de la compagnie au maintien de l’inscription. « Si les actions ordinaires sont radiées de la cote suivant l’examen de la TSX, la société pourrait demander leur réinscription une fois les procédures en vertu de la LACC terminées », a indiqué la compagnie.

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