Saut quantique, 5G, vie privée… les enjeux technologiques en 2020

Les grandes promesses de la 5G et de la « suprématie quantique » à l’épreuve de la réalité, mais aussi des batailles en perspective sur la protection de la vie privée et contre la désinformation. Cinq grands enjeux pour la « tech » en 2020.
Les nouveaux réseaux mobiles 5G, plus rapides et puissants, vont passer du stade expérimental à celui de la mise en service commerciale. « Avec les premières offres commerciales, on va voir les premières applications qui tirent parti spécifiquement » de la 5G, selon Olivier Ezratty, consultant spécialisé dans la « tech ».
La bascule sera peut-être symbolisée par la sortie par Apple du premier iPhone compatible 5G, un pas déjà franchi par Samsung, Xiaomi ou Huawei. Autre inconnue : le rôle de l’équipementier chinois Huawei, bête noire des États-Unis, dans le déploiement mondial de cette technologie. Les fabricants de téléphones intelligents espèrent voir repartir leurs ventes, après deux années de stagnation et une légère reprise au troisième trimestre 2019, peut-être grâce à la généralisation des téléphones pliables.
Cruciale également en 2020 : la bataille dans le streaming vidéo, avec Apple et Disney qui cherchent à tailler des croupières à Netflix, quand Google se lance lui dans les jeux dématérialisés.
L’année 2020 pourrait voir de nouveaux progrès dans l’informatique quantique, après ceux annoncés par Google et IBM fin 2019. Google a affirmé avoir atteint la « suprématie quantique », le stade où une machine quantique bat en capacité le plus puissant des supercalculateurs — une annonce toutefois contestée par certains experts. À suivre également, les progrès des assistances à la conduite dans l’industrie automobile, à défaut d’une voiture parfaitement autonome qui reste encore un horizon lointain. Tesla annonce comme imminente une voiture pouvant se conduire « de la maison au travail, probablement sans intervention, mais sous la surveillance d’un humain ».
Données personnelles
C’est Amnesty International, l’ONG qui a soutenu des générations de militants persécutés dans les pires dictatures, qui le dit : le modèle économique de Google et Facebook « fondé sur la surveillance » est une « menace systémique pour les droits de la personne ». Dans l’Union européenne, « il faut s’attendre à ce que le régulateur resserre la bride sur tout ce qui concerne la protection des données personnelles », estime Loïc Rivière, délégué général de l’association professionnelle Tech in France.
Dans les différents pays de l’UE, des enquêtes et des procédures sont en cours contre Google, Facebook et d’autres, en application notamment du Règlement européen sur la protection des données personnelles entré en vigueur en 2018. Un nouveau règlement ePrivacy de l’UE doit fixer de nouvelles règles du jeu sur les cookies, qui pistent l’internaute, et le consentement au ciblage. « Les gens sont plus conscients » des dangers de la dispersion de leurs données, et de la possibilité que leurs moindres faits et gestes soient tracés. « Mais en même temps, les caméras de surveillance connectées et les enceintes connectées se vendent comme des petits pains », explique l’analyste spécialisé Dominique Bindels, d’Euromonitor International.
L’appétit gargantuesque des GAFA et autres géants du net, qui s’attaquent à de nouveaux secteurs de l’économie (séries, jeux, transports, santé, paiements…) sera-t-il bridé ? Libra, projet de monnaie numérique de Facebook contesté par les autorités en Europe comme aux États-Unis, verra-t-il le jour en 2020 ?
Libre concurrence
Elizabeth Warren, candidate démocrate pour la présidentielle américaine, prône le démantèlement des géants de la « tech » au nom de la libre concurrence. Dans l’Union européenne, la commissaire Margrethe Vestager est attendue au tournant. La Danoise, déjà considérée comme la bête noire des GAFA, a non seulement gardé le portefeuille de la Concurrence au sein du nouvel exécutif européen, mais aussi gagné celui du Numérique. L’Organisation de coopération et de développement économiques espère parvenir pour juin 2020 à un accord politique sur la taxation des géants numériques et des multinationales.
La campagne présidentielle américaine sera un test de la capacité et de la volonté des réseaux sociaux à s’organiser contre la désinformation et les manipulations. En Europe, l’Union européenne réfléchit à une nouvelle notion intermédiaire entre « hébergeur » (le statut actuel d’un réseau social comme Facebook) et « éditeur », de manière à créer une notion de responsabilité éditoriale.
En France, le Parlement mettra en 2020 la dernière main à la proposition de loi Avia, destinée à empêcher la propagation des contenus haineux. Des négociations se poursuivront à l’ONU sur des règles de bonne conduite internationale dans le cyberespace, au moment où les États se dotent de cyberarmes de plus en plus sophistiquées.